Juridique et social

Logistique, un secteur qui recrute : les déclarants en douane

La logistique est à inscrire parmi les secteurs qui recrutent aujourd’hui. Pour en attester, nous avons interrogé des professionnels pour comprendre les raisons de ces tensions. Nous publions en trois épisodes, notre enquête sur le sujet. Le premier volet de cette enquête se focalise sur le métier de déclarant en douane.

Après la crise sanitaire de 2020, l’économie a connu sur la fin de l’année 2021 et en 2022 un regain d’activité. Face à une telle croissance de la demande, le secteur logistique a dû répondre aux besoins des industriels et des consommateurs. Des chauffeurs routiers aux marins en passant par les opérationnels et logisticiens, tous les métiers ont subi une tension plus ou moins intense.

La méconnaissance des métiers opérationnels

Avec l’augmentation de la gestion des flux en 2022, le secteur logistique a connu une période de tension. Cette situation a mis en évidence une problématique des ressources humaines : la méconnaissance des métiers opérationnels du secteur logistique induit un manque cruel de candidats. C’est le cas notamment pour des métiers tels qu’agents de transit ou encore déclarants en douane. Face à ce phénomène, Bolloré Logistics agit en mettant en place deux stratégies : fidéliser ses employés et développer la visibilité du secteur et des métiers qui le composent afin d’attirer des nouveaux candidats. Avec ou sans diplôme, l’entreprise est prête à toute éventualité. Pour cela elle propose à ses futurs ou actuels collaborateurs des formations adaptées.

Un marché souvent limité

L’augmentation de l’activité chez Bolloré Logistics, tout comme chez ses concurrents, a nécessité un besoin supplémentaire en main d’œuvre. « Or, le marché est souvent limité et local. Tous les opérateurs logistiques recherchent simultanément à recruter. Ainsi, nous générons intrinsèquement des tensions sur le marché de l’emploi qui vont aller croissantes au fur et à mesure du temps selon la conjoncture économique », indique Emmanuel Pannier, DRH de Bolloré Logistics France. L’exemple de la situation dans la région havraise est symptomatique. Il est difficile de trouver un agent de transit confirmé dans cette région en raison des besoins des entreprises locales. Un constat partagé par le DRH de Bolloré Logistics France.

Deux métiers au cœur des activités

Pour les agences Bolloré Logisitics, plus particulièrement celles intervenant sur le maritime, les principaux postes sous tension ont été ceux d’agents de transit et de déclarants en douane. Deux fonctions au cœur des activités. Les premiers gèrent les opérations pour exporter et importer les marchandises. Les seconds s’occupent des formalités administratives en lien avec les services des douanes.

Recueillir les documents commerciaux de l’opération

Le déclarant en douane est chargé de toutes les opérations destinées au dédouanement. Ces opérations visent à recueillir tous les documents commerciaux comme la facture, le colisage, le poids et la valeur de l’expédition, voire, pour certains trafics les licences d’exportation et les certificats. « Notre rôle vise avant tout à contrôler l’ensemble de ces documents, à vérifier que l’exportateur dispose d’un enregistrement auprès des Douanes pour réaliser des opérations d’import et d’export. Une fois que nous avons contrôlé, analysé et collecté l’ensemble de ces documents, nous pouvons procéder au dédouanement de la marchandise », explique Florie Malvault, chef de pôle export douane de l’agence Bolloré Logistics Le Havre.

Traitement des dossiers : du simple ou double selon la position d’import ou d’export

Pour être habilité à procéder à ces opérations, le déclarant en douane doit disposer d’une procuration de l’entreprise validée par les services officiels de douanes pour répondre aux formalités administratives. Le déclarant réalise des opérations qui ne sont pas identiques pour une importation ou une exportation. «Les vérifications sont essentielles car elles déterminent les droits de douane et engagent donc des sommes financières parfois importantes », continue la chef de pôle export en douane. Alors, cette différence dans le traitement des dossiers se répercute sur l’activité. Un déclarant en douane travaillant sur l’import traitera entre 10 à 15 dossiers par jour. Pour un même temps imparti, un déclarant en douane à l’export en traitera une trentaine, soit le double.

« Les missions à réaliser lors de l’importation demandent beaucoup plus d’attention et de rigueur. Nous devons collecter plus de documents (liste complète du chargement, connaissement, factures détaillées, …) et être vigilants sur la conformité des marchandises transportées« , Florie Malvault, déclarante en douane chez Bolloré Logistics

Des personnes rigoureuses et organisées

Des conditions de travail qui demandent à disposer de personnes rigoureuses, organisées et curieuses. Florie Malvault précise « chaque déclaration engage des frais et nous engageons la crédibilité de la société à chaque dossier. Il nous faut être d’une grande vigilance pour optimiser la fluidité de transit des flux que nous prenons en charge. »

S’adapter aux nouveaux outils informatiques

Outre l’aspect organisationnel, le déclarant en douane doit bénéficier d’une certaine culture informatique. Et le métier tend à faire appel de plus en plus à des capacités d’adaptation aux nouveaux outils informatiques. Florie explique « en premier lieu, pour des raisons d’efficacité, nous devons maîtriser parfaitement des logiciels comme Excel. Une bonne connaissance des formules et des raccourcis de ce logiciel nous permet de gagner du temps sur nos tâches quotidiennes. » De plus, les déclarants en douane doivent apprendre à maîtriser un TMS (Transport Management System) propre à l’entreprise au sein de laquelle ils interviennent.

Connaître parfaitement les Incoterms

Le déclarant en douane doit par ailleurs connaître « sur le bout des doigts » les différents Incoterms. Le choix de l’Incoterm détermine les responsabilités de chaque partie mais permet aussi de retrouver les valeurs FOB (Free on board, sans frais à bord en français). « Si nous imputons les mauvais Incoterms à une expédition, nous risquons de voir notre dossier recalé par les services des Douanes, ce qui induit un décalage sur le calendrier de transit du client. » explique la chef export douane de l’agence du Havre.

Un métier de conseil pour les opérateurs du commerce international

Un métier exigeant, rigoureux mais surtout d’un grand intérêt. Il permet d’appréhender le commerce extérieur français sous tous ses aspects, comme l’illustre Florie, « nous sommes les observateurs de ce qui est importé et exporté depuis notre port. » De plus, le métier évolue rapidement. Dès lors qu’un nouveau trafic se développe, le déclarant en douane doit apporter ses connaissances pour aider l’importateur ou l’exportateur à déposer un dossier en douane qui soit conforme aux obligations règlementaires.

Savoir classer une marchandise selon la nomenclature

Alors, le rôle du déclarant en douane s’étend aussi sur du conseil. Pour Florie Malvault, « c’est l’une des grandes qualités d’un déclarant en douane. Savoir classer une marchandise selon la nomenclature douanière. Ces conseils nous les prodiguons à l’importateur car il aura la charge de remplir les documents à nous transmettre. L’oubli d’une information peut avoir des conséquences financières mais aussi de temps. Cela aurait pour conséquence de décrédibiliser l’image de l’entreprise. » Cette exigence demande au déclarant de connaître les dernières réglementations. « Nous nous documentons tout le temps. Bolloré Transport & Logistics dispose d’une direction juridique qui nous transmet les dernières évolutions en matière douanière pour que nous mettions à jour nos process régulièrement.» indique Florie Malvault.

Un défi de trouver des candidats par intérim

Malgré tous ces atouts, le métier de déclarant en douane semble encore très méconnu des jeunes salariés et étudiants. Dans une conjoncture économique croissante, la recherche de candidats au poste de déclarants en douane suit la courbe. « Il est délicat de recruter un novice quand nous sommes en pic d’activité car nous n’avons tout simplement pas le temps de nous occuper de sa formation. », explique Florie Malvault. Par ailleurs, ce métier implique des connaissances particulières. « C’est un vrai défi de trouver des déclarants en douane dans les sociétés d’intérim en raison de ses spécificités. »