Olivier Trétout quitte le GPM de Nantes Saint-Nazaire
Le secrétaire général du GPM de Nantes Saint-Nazaire a annoncé au personnel le départ le 31 août d’Olivier Trétout de la présidence du directoire. Après quatre ans et demi à la tête du port ligérien, ce départ pose la question de la transformation du port mais aussi de la gestion humaine en place.
Ports et Corridors a été informé par une source anonyme du départ d’Olivier Trétout le 31 août. Cette même source qui nous a amené à nous interroger sur la gestion humaine du Grand port maritime de Nantes Saint-Nazaire au cours des dernières années. Pour elle, il s’agit d’une victoire face à un président du directoire considéré comme « tyrannique ».
Un homme du sérail
Olivier Trétout est arrivé au GPM de Nantes Saint-Nazaire le 1er janvier 2019. Il a remplacé Jean-Pierre Chalus qui a pris la direction du GPM de la Guadeloupe et la direction de l’Union des ports de France. Olivier Trétout est arrivé depuis la Jamaïque où il dirigeait le terminal de CMA CGM à Kingston. Un homme du sérail qui avait auparavant la charge de la filiale martiniquaise de l’armement. (Pour plus de détails sur la carrière d’Olivier Trétout, voir l’article de Mer et Marine)
Un round d’observation rapide
La période d’observation entre le personnel été le nouveau président du directoire n’aura pas duré longtemps. En 2020, le CSE du port commande au cabinet Secalfi Alpha un rapport sur les conditions de travail au GPM. Les salariés s’inquiètent de « souffrance au travail ». Le rapport sera accablant pour la direction. Il considère que 35% des effectifs sont dans une situation de stress décompensé.
Un mouvement social le 22 octobre
Un rapport que le président du directoire prendra en considération. Dès la présentation du rapport en CSE, la direction entreprendra de changer ses méthodes de travail en travaillant sur la communication entre les équipes. Malgré ces modifications, la situation sociale reste tendue. Le 22 octobre, les cadres et administratifs du GPM ont décidé un mouvement de grève d’une journée.
L’audit de l’IEGDD
Dans ce contexte social tendu, le gouvernement a missionné l’IGEDD (inspection générale de l’environnement et du développement durable) de réaliser un audit. De décembre à février, les auditeurs ont interrogé des personnels du port de tous les niveaux. Il ressort du rapport que la situation sociale continue de se dégrader, indique un document émanant de la CFE CGC du port. Le document final cite un souci « d’insécurité au travail. Elle concerne l’incompréhension du positionnement des uns et des autres dans la stratégie et sa mise en œuvre. Les salariés ont eu du mal à avoir une vision précise de leur positionnement dans le cadre de la réorganisation, même si elle n’est pas la source des RPS. Des inquiétude des salariés sur l’avenir du port. »
Des constats alarmants, selon la CFE CGC
À la fin du mois de juin, la CFE CGC demande qu’un véritable plan d’action de prévention soit mis en place au port. « Il est temps que la direction s’empare véritablement du sujet au lieu de faire traîner et de déléguer », interroge le syndicat. Face aux constats « alarmants », selon le syndicat, il est temps d’agir. Dans son tract, la CFE CGC s’interroge sur la transmission des audits à la tutelle. Il paraît vraisemblable qu’elle en a eu connaissance. La décision est tombée avec le départ du président du directoire.
Une arrivée à une époque charnière
Or, si la gestion des ressources humaines a été critiquée, il n’en demeure pas moins que l’arrivée d’Olivier Trétout sur les bords de la Loire est intervenue à un moment charnière du port. Le GPM de Nantes Saint-Nazaire est confronté à un changement de paradigme. Il a longtemps vécu sur sa « rente » énergétique : pétrole et charbon. Avec la transition écologique demandée par le gouvernement, la direction du port a dû trouver de nouveaux débouchés pour le port tout en conservant ses trafics traditionnels.
Le développement de l’éolien
Si Olivier Trétout reste un connaisseur du monde de la conteneurisation, il a rapidement compris que la place du GPM de Nantes Saint-Nazaire n’était pas uniquement dans ce secteur. Il a mené le développement du port vers l’éolien et notamment l’éolien flottant. Son objectif de créer un grand pôle éolien dans l’estuaire de la Loire prend forme. Il continuera à développer la logistique. Il aura aussi une action pour assurer la transition des énergies fossiles. Le GPM de Nantes Saint-Nazaire jouera un rôle important dans le stockage de GNL en 2022 en prévision de l’hiver.
Éviter la chasse aux sorcières
Selon Mer et Marine, Michel Puyrazat, actuel président du directoire du GPM de La Rochelle assurera l’intérim à partir du 1er septembre avant la nomination du remplaçant. Des sources internes nous ont confirmé que la nomination pourrait intervenir rapidement. Sur le banc de touche, prêt à remplacer Olivier Trétout, plusieurs noms circulent. Une nomination qui aura en charge d’apaiser la situation sociale et de conduire le changement. Un remplaçant, ou une remplaçante, qui devra aussi éviter qu’une chasse aux sorcières s’ouvre entre les partisans d’Olivier Trétout et les opposants.