Corridors et logistique

Pétrole : L’Afrique de l’Ouest perd du terrain en 2022

Dans son dernier rapport hebdomadaire, le courtier de fret italien Banchero Costa analyse l’évolution du marché pétrolier en Afrique de l’Ouest. Le marché perd du terrain depuis plusieurs années.

En 2022, le pétrole brut a connu une année bénéfique et ce malgré la flambée des prix et les risques de récession économique qui sont apparues en fin d’année. Ainsi, au cours de cette année, le transport maritime de pétrole brut a gagné 8,7% à 2 050,1 Mt, selon les données de Refinitiv. Un trafic en nette progression par rapport aux flux de 2021 qui atteignaient 1886,3 Mt mais en dessous du niveau d’avant la crise sanitaire. En effet, en 2019, le trafic de pétrole brut a dépassé la barre des 2,1 Mdt à 2110,5 Mt.

La troisième région exportatrice

L’Afrique de l’ouest s’impose comme la troisième région exportatrice dans le monde avec 170,7 Mt, derrière les pays du golfe Persique et la Russie. En 2022, les exportations africaines de pétrole brut ont perdu 2,2%. « Cette tendance négative se poursuit depuis plusieurs années », indique le courtier Banchero Costa dans sa dernière newsletter.

Une baisse de 23,9% en quatre ans

Déjà en 2021, les pays de l’ouest africain ont perdu 14% de leur volume d’exportation de pétrole brut à 174,6 Mt. Un an plus tôt, en 2020, la baisse des trafics de pétrole brut s’élevait à 9,2% à 202,9 Mt. Alors, les africains de l’ouest regardent avec nostalgie le pic des exportations de pétrole brut atteint en 2019 avec 223,4 Mt. En quatre ans, l’Afrique de l’Ouest a vu ses exportations de pétrole brut se réduire de 23,9%.

Le Nigéria et l’Angola dominent le marché

Parmi les principaux pays actifs dans ce marché du pétrole brut, deux se détachent : le Nigéria et l’Angola. Le premier a exporté 65,5 Mt en 2022, en diminution de 9,2%. Depuis 2019, l’hémorragie des exportations de brut ne peut s’enrayer. Le score atteint en 2019 de 97,9 Mt est loin. En 2020, le Nigéria a exporté 86,7 Mt et 72,2 Mt en 2021.

L’Angola reprend des couleurs en 2022

Le second pays exportateur de brut de la région, l’Angola, a connu un sort plus enviable en 2022 avec une progression de 5,6% de ses exportations à 58,4 Mt. Un chiffre en croissance par rapport aux 55,3 Mt réalisées en 2021 mais reste en dessous des 61,6 Mt exportées en 2020 et 67,1 Mt en 2019.

Du Congo-Brazzaville au Togo

Sur la troisième marche du podium des pays exportateurs de brut en Afrique de l’Ouest entre le Congo-Brazzaville avec 12,2 Mt en 2022 qui perd 7,4%. Vient ensuite le Cameroun avec 9,4 Mt (+1,1%), le Gabon avec 9,3 Mt (+2,8%), le Ghana qui totalise 9,3 Mt (+2,3%), la Guinée Équatoriale qui a exporté 4 Mt et le Togo qui ferme la marche avec 1,9 Mt de pétrole brut exporté.

L’Union européenne premier client de l’Afrique de l’Ouest

Ce pétrole brut prend la direction de l’Union européenne pour 31% des exportations, soit 52,1 Mt. Un flux qui a progressé de 33% en 2022, continue Banchero Costa. Les volumes ont repris des couleurs l’an passé mais restent inférieurs à ce qu’ils étaient avant la crise sanitaire puisqu’ils atteignaient 55,3 Mt.

La Chine a acheté 45 Mt de brut en 2022

Ensuite vient la Chine qui s’approvisionne à hauteur de 45 Mt dans la sous-région. L’Empire du milieu semble se désintéresser du brut ouest africain puisque depuis trois ans, les expéditions d’Afrique de l’Ouest vers les ports chinois s’étiolent. Effectivement, en 2022, ils ont perdu 21,1%. Le trafic de 2022 de 45 Mt. Comparativement à 2019, les exportations de brut d’Afrique de l’Ouest vers la Chine a enregistré une diminution de 43%.

La longueur des trajets handicape les expéditions africaines

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette tendance plus structurelle que conjoncturelle. D’une part, la longueur des trajets maritimes handicape l’approvisionnement chinois sur le marché. En effet, le golfe Persique, voire l’Afrique de l’Est offrent des conditions moins couteuses surtout quand les taux d’affrètement grimpent comme cela a été le cas en 2022. Ensuite, les offres russes d’un pétrole plus proche et abondant apparaissent plus attrayantes. Enfin, la sécurité des eaux d’Afrique de l’Ouest joue en défaveur de la région. Le golfe de Guinée, et plus particulièrement le Nigéria et l’Angola, demeurent parmi les zones avec le plus grand nombre d’attaques de pirates.

L’Asean intensifie ses achats de brut

Des explications qui ne s’appliquent pas aux autres pays de l’Asean. En effet, les exportations ouest africaines de pétrole brut vers ces pays ont augmenté de 11,2% à 19,2 Mt. Enfin, l’Inde s’approvisionne aussi sur le marché de l’Afrique de l’Ouest. En 2022, les acheteurs du sous-continent ont importé 17,3 Mt de pétrole brut africain. Des volumes qui baissent en 2022 de 26,2%.

Le golfe Persique : 42,9% des exportations mondiales

Devant l’Afrique de l’Ouest, la région du golfe Persique s’impose comme la principale exportatrice de pétrole brut dans le monde. Les pays du golfe Persique ont vu leurs expéditions progresser de 12,8% en 2022 pour atteindre 880,1 Mt. Ainsi, cette région totalise à elle seule 42,9% des trafics pétroliers dans le monde en 2022. La Russie entre En seconde position dans le classement des principaux pays exportateurs de pétrole. Elle a vu ses exportations progresser de 10,4% à 218,7 Mt, soit 10,7% des flux mondiaux. Un chiffre élevé qui devrait nettement se réduire en 2023 en raison des sanctions imposées par l’Union européenne et d’autres pays en réaction à l’invasion de l’Ukraine.

États-Unis : un exportateur en progression

Après l’Afrique de l’Ouest, se retrouvent les États-Unis. Leurs exportations de pétrole brut ont augmenté de +22,9% en 2022 à 165,1 Mt. Pour finir le classement des principales régions exportatrices de pétrole brut, se retrouve les pays de la mer du Nord. Ils ont exporté 107,4 Mt en 2022, en baisse de 1,9%.

L’Union européenne, premier acheteur mondial

Du côté de la demande, l’Union européenne se place en pole position avec 451, 6 Mt importées en 2022. Des volumes qui progressent de 12,2%. À elle seule, le continent représente 22,3% des importations de pétrole brut dans le monde. Quant à la Chine, si elle se place en deuxième position, ses importations de pétrole brut régressent de 2,6% en 2022 à 438,4 Mt. « Son plus bas niveau depuis 2018 », souligne le courtier de fret italien. L’Inde vient ensuite avec 224 Mt. Des volumes en progression de 11,6%.