Transport maritime d’animaux vivants : l’ONG Robin des Bois accuse l’Europe
Dans sa dernière édition, l’ONG Robin des Bois accuse l’Union européenne de complicité avec des « armateurs esclavagistes ». Elle vise la société AMJ Marine Services, propriétaire de navires pour le transport d’animaux vivants.
Dans son édition du 21 février de À la casse, l’ONG Robin des Bois accuse la Direction générale de la santé et de sécurité alimentaire de l’Union européenne de complicité avec des armateurs disposant de navires dangereux et aux méthodes peu scrupuleuses en matière sociale pour le transport d’animaux vivants.
Trois navires de la société AMJ Marine Services
Selon Robin des Bois, il s’agit de trois navires de la société AMJ Marine Services. Une structure qui se cache derrière une société écran, Amin Shipping, basé au Honduras. Cet armateur possède deux navires spécialisés dans le transport d’animaux vivants, le Nader A et le Janay, qui ont été approuvé pour le transport d’animaux par l’Union européenne. Un troisième navire, l’Onda, cumule des déficiences et des pratiques sociales peu scrupuleuses. En effet, dans sa newsletter, l’ONG indique que ces deux unités « accumulent les infractions techniques, sociales et environnementales ».
Un navire avec 63 déficiences
Dans son article, l’ONG rappelle que le Nader A a été banni des ports inscrits au Memorandum de Paris pendant trois mois à partir du mois de mai 2017. Ensuite, de 2018 à 2022, le Nader A a été détenu une fois et fait l’objet de 63 déficiences. En 2022, après avoir chargé au port de Sète avec 787 bovins, le navire a été interdit d’accoster à Alger. Il est reparti pour son port de départ et déclaré dangereux en raison des risques sanitaires de trois taurillons. Des déficiences qui n’ont pas pesé dans l’approbation par l’Union européenne de sa capacité à transporter du bétail jusqu’au 9 mars.
Le recordman toute catégorie des infractions
Le second navire, le Janay accumule aussi les défauts. Il est « le recordman, toutes catégories confondues, d’infractions techniques, sociales et environnementales avec 132 déficiences entre 2019 et 2022 », précise la newsletter de Robin des Bois. Détenu dans de nombreux ports européens en raison des déficiences, le navire était approuvé par l’Union européenne jusqu’au 26 juillet. Depuis lors, il a quitté les eaux européennes pour assurer des transports au Moyen-Orient et Proche-Orient.
L’Onda, des déficiences techniques et sociales
Ces deux navires sont la propriété d’une société enregistrée au Honduras, Amin Shipping, qui sert d’écran au véritable détenteur de ces navires, AMJ Services. Outre ces deux navires, la société de gestion des navires possède aussi l’Onda dont le nombre de détentions avoisine celui des deux autres navires. Outre ses défaillances techniques, l’Onda a fait l’objet de poursuites pour des raisons sociales.
Trois équipages impayés
En effet, le navire a été banni des ports européens et s’est replié sur l’Afrique de l’Ouest. « AMJ Marine Services pendant qu’il faisait des affaires en Méditerranée avec le bétail de l’Union européenne a multiplié les abandons d’équipages et les arriérés de salaires impayés en Afrique », continue l’ONG. Ce sont d’abord cinq marins indiens qui n’ont pas eu le choix que de quitter le navire. Ensuite, quatre marins originaires du Cameroun et de Sao Tomé et Principe parviennent à percevoir une partie des arriérés de salaire. Un troisième équipage sera recruté pour assurer des liaisons entre les ports de l’ouest africain jusqu’à la saisie par les autorités sénégalaises du navire. Le propriétaire, AMJ Marine Services, assure vouloir vendre le navire pour régler ses dettes sociales qui s’élèveraient à 84 000 $. La justice sénégalaise a saisi le navire le 6 février avec pour seul avenir, selon l’ONG, sa vente pour démolition.