Ports

Anvers-Bruges en hausse et Rotterdam en baisse sur les neuf premiers mois

Les résultats des trafics des deux principaux ports européens, Anvers-Bruges et Rotterdam, affichent des sorts opposés. Les trafics du premier progressent quand ceux du second se tassent.

Sur les neuf premiers mois de l’année, les deux premiers ports européens, Anvers-Bruges et Rotterdam, voient les courbes des trafics prendre des directions opposées. En effet, en Belgique, Anvers-Bruges gagne 3% sur les trois premiers trimestres. Il finit le mois de septembre avec un trafic cumulé de 210,5 Mt. Pour sa part, le port de Rotterdam se tasse. Il affiche un trafic de 328,6 Mt, soit une baisse de 0,4%.

Le GNL accuse le coup

L’analyse des différentes catégories de trafic montre des situations qui se rapprochent. En effet, que ce soit dans l’embouchure de la Meuse ou celle de l’Escaut, les trafics de vracs liquides ont souffert. Les deux ports affichent une baisse de ce courant. Cependant, la diminution est plus forte à Rotterdam qu’à Anvers-Bruges. Ainsi, le port néerlandais perd 2,5% quand celui d’Anvers régresse de 1,7%. Dans les deux ports, ces diminutions interviennent principalement sur le GNL et le pétrole brut. S’agissant du gaz, Anvers-Bruges explique cette tendance par des stocks élevés en Europe qui limitent ainsi la demande. De plus, les prix du gaz à l’achat est plus élevé en Asie, incitant les négociants à envoyer leur cargaison vers ce continent. Quant au pétrole brut, les baisses sont liées à la demande plus faible et l’entrée en maintenance non programmée de raffineries en Allemagne.

Des progressions dans la chimie et le fioul

Dans ce concert de baisse, les deux ports affichent, malgré tout, des progressions dans certaines filières. Ainsi, Rotterdam voit ses trafics de LPG, naphta et de produits chimiques progresser. Pour sa part, Anvers-Bruges affiche une hausse de ses volumes fioul et de kérosène.

Vracs secs : le charbon tire la tendance vers le bas

Quant aux vracs secs, les deux ports affichent la même tendance de baisse. Du côté d’Anvers-Bruges, la baisse générale est de 1,4%. A Rotterdam, la diminution du trafic est plus limitée à 0,9%. Dans les deux ports, les volumes de charbon ont tiré la tendance vers le bas. Ainsi, dans le port de Rotterdam, ce courant perd 26,6% sur les trois premiers trimestres de l’année. Une diminution qui fait suite à une baisse de 17% sur la même période de 2023. Cette filière préfigure un changement dans la production énergétique qui tend à abandonner, en Europe, une production par les centrales thermiques. Ces baisses du charbon ne compensent pas les progressions enregistrées sur des trafics comme les engrais et les matériaux de construction à Anvers-Bruges. À Rotterdam, la bonne tenue des flux agricoles, principalement du maïs depuis l’Ukraine, viennent en opposition aux pertes de volume du charbon.

Conteneurs : Anvers-Bruges et Rotterdam en hausse

À l’inverse des trafics de vracs, Anvers-Bruges et Rotterdam affichent des augmentations pour les trafics conteneurisés. Ainsi, sur le port belge, le trafic augmente de 6,8% à 10,1 MEVP. Une hausse qui signifie une progression de 0,8 points de part de marché sur le range Hambourg-Le Havre à 30,7%, indique le port. Ni Haropa ni Hambourg n’ont diffusé leurs résultats trimestriels. Il est donc difficile d’attester de ce chiffre. Dans le port néerlandais, la hausse du trafic conteneurisé atteint 2,2% à 10,4 MEVP.

Rotterdam a subi un début de congestion

Des hausses qui interviennent dans un contexte « incertain », estime Rotterdam. Le déroutement par le cap de Bonne-Espérance a entraîné une « peak season » anticipée dès l’été. Finalement, un grand nombre de boîtes arrivant pendant cette période, le port néerlandais a souffert d’un début de congestion. Les conteneurs ont été déroutés vers d’autres ports européens. Alors, les trafics du mois de septembre se contractent. Quant à Anvers-Bruges, le port note la bonne tenue des trafics reefers. Ce type de boîtes progresse de 9,7% sur les trois premiers trimestres pour atteindre une part de 10% des volumes.

Les diverses se contractent dans les deux ports

Enfin, les marchandises diverses enregistrent une diminution de leur volume dans les deux ports. À Rotterdam, la baisse s’élève à 4,7% à 23,7 Mt. Le trafic roulier accuse un repli de 3,5% à 19,2 Mt. La situation économique compliquée au Royaume-Uni impacte ces trafics. De plus, les autres marchandises diverses comme l’acier et les métaux non ferreux perdent 9,5% à 4,5 Mt. Sur le port d’Anvers-Bruges, avec une baisse de 4,8%, les diverses atteignent 7,5 Mt. Tout comme à Rotterdam, Anvers-Bruges voit ses trafics d’acier se contracter à l’import. La contraction de la production automobile et de la construction immobilière, principaux clients des aciers, pèse sur ces entrées. Du côté de l’export, ces produits progressent. Ils bénéficient d’un ralentissement de la production chinoise. Les usines sidérurgiques européennes ont repris des parts de marché sur la scène internationale. Quant au roulier, et notamment les voitures neuves, l’engouement des deux précédentes années se calme. Les importations se réduisent et les terminaux rouliers se décongestionnent. Ainsi, dans le port d’Anvers-Bruges, ce courant perd 11,4% à 2,6 millions d’unités. Les autres trafics rouliers comme les véhicules d’occasion, les camions et les colis lourds suivent cette tendance.