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Arise P&L créé Owendo Mineral Port, un terminal multi-users dans le port d’Owendo

Owendo Mineral Port est devenu opérationnel en 2017. Depuis, Arise P&L investi dans cet opérateur de logistique portuaire pour répondre à la stratégie du gouvernement gabonais de développer le secteur minier.

Le port d’Owendo dispose d’un terminal minéralier depuis de nombreuses années. Or, ce terminal est privé. Il est dirigé par Eramet pour l’exportation de sa production. Dans ce contexte, le gouvernement gabonais a souhaité développer un second terminal minéralier pour permettre les exportations de minerais des autres miniers du pays.

Deux terminaux minéraliers pour un port

Ainsi, en 2016, Arise Ports & Logistics (Arise P&L), Meridiam et l’État gabonais créent une structure, Owendo Mineral Port, pour exploiter le terminal minéralier. L’année suivante, en 2017, les premières tonnes de manganèse empruntent les installations d’OMP. Aujourd’hui, deux terminaux minéraliers se côtoient. OMP traite les minerais de tous les clients. Le terminal d’Eramet traite uniquement sa production. Cependant, le groupe français confie une partie de ses exportations à OMP. Selon le directeur général, OMP traite environ 40% des flux d’Eramet dans le port d’Owendo.

Un opérateur de logistique portuaire

La stratégie d’OMP est de se placer comme un opérateur de logistique portuaire de la mine au navire. La société prend en charge les acheminements depuis la mine vers le terminal, puis le chargement dans le navire. De plus, OMP intègre les formalités administratives voire de consignation. « Nous sommes avant tout un port. Cependant, nous avons pris conscience du besoin de proposer une offre logistique. Nous avons donc investi dans le ferroviaire pour devenir opérateur », précise Jean Telesphore Ella Ze, directeur général d’OMP.

Des exportations de minerais et des importations

« Notre développement doit participer à la croissance économique du Gabon », Jean Télésphore Ella Ze, directeur général d’Owendo Mineral Port.

OMP travaille actuellement avec trois clients : Comilog, filiale d’Eramet, CICMHCZ (plus communément appelé Citic) et New Gabon Mining (NGM). Pour les deux dernières sociétés, OMP assure 100% des flux logistiques issus des mines. Pour la Comilog, OMP réalise 40% de ses exportations. À l’importation, OMP traite les volumes destinés à la Cimaf, principalement les entrées de clinker. Enfin, l’opérateur portuaire a signé des contrats avec des miniers installés au Gabon. « Ces contrats ne se sont pas encore concrétisés. Nous avons réalisé deux trains de minerais de fer pour une société à titre d’essai », précise Jean Télésphore Ella Ze. Or, les changements politiques au Gabon ont eu un impact sur les différents projets miniers. Le nouveau gouvernement revoit les concessions. « Ces projets miniers sont décalés dans le temps. »

Un volume de 5,28 Mt en 2023

Depuis l’arrivée d’Arise P&L sur le terminal la courbe des trafics s’inscrit en progression. En 2017, OMP a réalisé un trafic de 1,5 Mt. La hausse des volumes est constante jusqu’en 2022 avec un trafic portuaire de 6,25 Mt. En 2023, le trafic enregistre une baisse. 15,5% à 5,28 Mt. Une diminution que le directeur général d’OMP explique par l’incident ferroviaire survenu sur le réseau. Au total, le trafic ferroviaire a été suspendu pendant environ 90 jours au cours de cette année. Plusieurs accidents et des déraillements de trains ont réduit l’activité ferroviaire du pays. Aujourd’hui, OMP revendique 57% des exportations de manganèse du Gabon. « Ainsi, l’impact de nos investissements est d’avoir permis au pays de doubler sa capacité d’export du minerai. » Le terminal d’Eramet du port d’Owendo traite 43% de la production de la Comilog. En réalisant 57% des exportations de manganèse, OMP a permis de doubler les sorties de minerais du Gabon.

Une progression du trafic ferroviaire

Cependant, en examinant le trafic ferroviaire annuel, il apparaît qu’en 2023, ces flux ont progressé de 3,4% à 6 Mt. La raison vient de ce que le principal accident ferroviaire du Gabon a eu lieu sur la commune de Booué, à 340 km du port. Néanmoins, OMP réalise des opérations logistiques pour le compte de Citic depuis la ville de Ndjolé. Cette mine se situe sur la partie du réseau qui a été épargnée par les incidents. Ainsi, OMP a pu continuer à alimenter le terminal avec les productions des mines de Citic à Ndjolé et ainsi faire croître son trafic ferroviaire.

Un quai avec 4,5 m de tirant d’eau

L’arrivée d’Arise P&L sur le terminal d’OMP s’est accompagné d’investissements. Le groupe a investi dans des grues pour le déchargement des trains sur le terminal et le rechargement sur des barges. À son arrivée sur le port, Arise P&L hérite d’un terrain peu adapté aux opérations. Le nouveau concessionnaire entreprend alors des travaux et gagne du terrain sur la mer. Ainsi, il construit le terminal avec un quai de chargement de 170 m de long et d’une profondeur de 4,5 m.

Du ferroviaire, du fluvial avant d’être chargé dans les navires

Les opérations de manutention se réalisent donc en trois temps. En premier lieu, les minerais sont déchargés depuis les trains sur le terminal. Ensuite, les engins de manutention chargent des barges. Elles sont ensuite acheminées à une bouée au large du port, à environ 2,5 km. « Owendo est un port d’estuaire avec un faible tirant d’eau. Nous devons adapter les opérations logistiques pour permettre le chargement des navires. Les barges ne disposent d’aucun moyen de manutention. Les navires sont chargés par les moyens du bord. »

Des trains de 8000 t en circulation

Outre ces équipements portuaires, OMP dispose de moyens ferroviaires. Ainsi, il a acheté 1450 wagons pour les vracs. Il dispose aujourd’hui de 1406 unités. « Nous avons perdu plusieurs wagons dans des déraillements », précise le directeur général. Ajoutés à ces wagons, OMP a acheté 44 locomotives. Cela permet de constituer une douzaine de trains de 8000 t chacun composés de 102 wagons. « Ces moyens nous permettent d’avoir toujours un train en circulation. »

Des travaux en deux phases

L’avenir d’OMP se dessine avec les contours du plan stratégique de l’État. Le manutentionnaire se prépare pour absorber les développements miniers du Gabon des prochaines années. Pour se faire, OMP poursuit son expansion. Le projet doit se faire en deux phases. Actuellement, le groupe déploie la première phase. Ce plan prévoit l’extension du quai à 470 m. De plus, ce quai accueillera des « barges loaders », des portiques spécifiques pour charger directement les barges depuis le terminal. En juillet, le premier est arrivé en juillet.

Une jetée de 2,5 km pour charger directement les navires

La seconde phase de développement du terminal prévoit de créer une jetée de 2,5 km. Elle disposera d’un système de chargement direct dans les navires. Un outil destiné à charger surtout le minerais de fer. « Finalement, nous pourrons charger directement un navire. Cela ne nous empêchera de maintenir notre activité de chargements par barges », rappelle Jean Télésphore Ella Ze.

Un nouveau réseau ferroviaire

« Notre développement doit participer à la croissance économique du Gabon », continue le directeur général. Une stratégie payante. Le Gabon se donne les moyens de son ambition pour devenir un exportateur de produits miniers. Cependant, le chemin de fer actuel ne peut absorber tous les projets miniers. Alors, le chemin de fer n’est pas apte à satisfaire toute la demande. Le gouvernement a, dans ses cartons, un projet alternatif avec un nouveau réseau. Arise P&L ne ferme la porte à aucune option de développement. Il peut s’agir d’investissements dans le ferroviaire mais aussi dans un port à l’extrémité du nouveau réseau.