Caraïbes : l’efficacité des ports passe par des réformes
Une étude de la Banque de développement des Caraïbes analyse l’efficacité des ports des Caraïbes. Après le constat sur les handicaps, elle propose des recommandations tant au secteur privé qu’aux autorités politiques.
L’étude publiée cet été par la Banque de développement des Caraïbes analyse l’efficacité de différents ports dans la région. Elle prend appui sur un panel constitué par 12 ports depuis les Bahamas jusqu’au Suriname en passant par Trinidad et Tobago et le Bélize.
L’impact de l’efficacité portuaire
Le choix de s’attacher à l’efficacité portuaire tient son impact sur le commerce extérieur du pays. « Le niveau d’efficacité d’un port a un effet sur les coûts du commerce extérieur et, par la même sur la compétitivité des économies », souligne l’étude dans son préambule. Pour mesurer l’efficacité des ports, l’étude prend en considération les critères suivants :
- La productivité des terminaux
- Le nombre de conteneurs manutentionnés par chaque employé
- La qualité des infrastructures
- Les qualités nautiques du port
- Le type d’équipement utilisé pour la manutention
- Le système informatique
- Le degré d’autonomie de l’opérateur portuaire.
Le port de Nassau en tête
Compte tenu de ces différents critères, le port de Nassau, aux Bahamas ressort comme le plus efficace parmi le panel choisi. Pour les auteurs de cette étude, cette première place n’est pas une surprise. « Nassau est un port nouveau et donne une large part de ses activités au secteur privé. » En seconde position vient Port of Spain à Trinidad et Tobago. Une place qui s’explique par un parc de portiques important. De plus le port de Trinidad apparaît comme innovateur en matière informatique. Alors, la signature avec Soget d’un contrat pour un Port and Airport Community System confortera sa position.
En bas du tableau, la Dominique et Grenade
Le Suriname monte sur la troisième marche du podium. Pour les auteurs, la mise en place d’une gestion basée sur le partenariat public-privé hisse le port à un niveau élevé. Le terminal à conteneurs est géré par DP World. En bas du tableau, la Grenade et la Dominique obtiennent des scores faibles. Dans ces deux pays, les scores sur la productivité et le niveau d’autonomie sont bas.
La réforme du travail portuaire
Le constat dressé, les auteurs proposent des recommandations. En premier lieu, les ports ont besoin d’investissements. Cela signifie aussi la nécessité d’avoir l’appui des politiques. Ensuite, dans certains pays, il est devenu nécessaire d’entreprendre une réforme du travail portuaire. « Dans certains cas, la Banque de développement des Caraïbes peut aider les ports sous la condition qu’ils engagent des réformes pour une plus grande efficacité. »
Une stratégie portuaire régionale
La troisième recommandation appelle à une stratégie régionale des ports. En effet, « en raison des volumes faibles dans certains ports, les investissements dans les infrastructures ne sont pas toujours rentables financièrement », rappellent les auteurs. Et pour aller plus loin dans cette idée, ils préviennent de ne pas investir dans des installations portuaires sans une réflexion régionale. « En prenant en compte les installations actuelles et en travaillant ensemble sur une vision globale peut emmener sur une plus grande efficacité et rationaliser les ressources financières. »
Pourvoir à la formation
Par ailleurs, parmi les ports interrogés, le manque de formation des ouvriers portuaires est criant, notamment dans les ports gérés par des autorités publiques. Ce manque se ressent principalement dans les domaines de l’informatique et de la maintenance des équipements. Les auteurs de l’étude proposent de rationaliser ces formations en utilisant des centres existants comme à Nassau.
Ne pas « capturer » les revenus des ports
L’étude apporte aussi des propositions aux législateurs de ces pays. D’une part, les auteurs rappellent l’importance de réfléchir au niveau régional entre les autorités publiques. D’autre part, les législateurs ne doivent pas interférer dans les investissements des autorités portuaires. « Les infrastructures portuaires se construisent sur un long terme. Or, quand une partie des revenus des autorités portuaires est capturé par les services financiers de l’État, cela affecte la capacité d’investissement des ports. »
La réforme du droit social portuaire par le législateur
De plus, l’intervention des autorités publiques doit se concentrer sur le cadre juridique du droit social appliqué aux ouvriers portuaires. « Les ports ont bâti les conditions de travail des dockers quand le conventionnel dominait les trafics. Avec la conteneurisation, le besoin en salariés est plus faible. » Alors, pour s’adapter, les législateurs sont appelés à revoir le système social dans ces ports, tout en prenant soin à indemniser correctement les salariés.
Le manque de politique portuaire
Enfin, le constat d’un manque de politique portuaire inquiète. Seules Barbade dispose d’une politique portuaire à long terme. À Trinidad et Tobago, plusieurs visions du monde portuaire coexistent. Ce manque de vision claire n’incite pas les investisseurs à s’implanter. Enfin, l’étude appelle à décorréler la politique portuaire des échéances politiques. « La politique portuaire doit survivre aux changements de gouvernement », préviennent les auteurs.