Ports

Conteneurs : les ports américains et européens s’essoufflent en 2023

Upply publie le bilan mondial des trafics des ports conteneurs. Les ports asiatiques demeurent sur une bonne dynamique quand en Europe et en Amérique du Nord, les volumes accusent un repli.

Le bilan mondial des trafics des ports conteneurs est paru sous la plume d’Anne Kerriou, responsable éditorial chez Upply. Il montre des tendances différentes selon les continents. Plus généralement, « en 2023, les 20 premiers ports mondiaux ont généré un trafic cumulé de 387,5 MEVP, en croissance de 1,24% par rapport à l’année précédente », indique la responsable éditoriale.

La régionalisation des supply chains

Or, cette croissance de trafic est avant tout à mettre au crédit des ports du continent asiatique. L’Asie « compte 15 ports dans le Top 20 avec un nouveau venu en 2023, Beibu Gulf. L’année est aussi marquée par l’entrée au classement du premier port africain, Tanger Med. » Ces entrées dans le classement sont « les signes d’une certaine régionalisation des supply chains. Beibu Gulf se positionne fortement sur le commerce Chine-ASEAN. Quant à Tanger Med, il est particulièrement bien placé en tant que porte vers l’Europe, alors que l’Afrique du Nord est l’un des lieux de « nearshoring » pour le marché européen. »

Rotterdam doublé par Jebel Ali et Port Kelang

Pour sa part, les ports conteneurisés européens peinent à conserver une place dans les dix premières places. Jusque récemment, Rotterdam fermait ce classement. Or, le premier port conteneurisé européen rétrograde à la 12° place avec une diminution de 7% de son volume en 2023 à 13,4 MEVP. Un repli qui permet aux ports de Jebel Ali et Port Kelang d’entrer dans les Top 10.

Un trio de tête suffisamment dominant

L’analyse détaillée des ports européens montre une tendance générale. « Tous les établissements sont en recul, à l’exception du Pirée et de Gioia Tauro », indique Anne Kerriou. Les 10 premiers ports européens conteneurs réalisent un trafic de 61,5 MEVP en 2023, soit une baisse de 5,5%. « Le trio de tête, composé de Rotterdam, Anvers-Bruges et Hambourg, est suffisamment dominant pour ne pas voir ses positions contestées », note Upply. Et la responsable éditoriale de citer les explications du port de Rotterdam : « La baisse amorcée en 2022 s’est poursuivie en 2023. Les principales raisons sont la baisse de la consommation, la diminution de la production en Europe et l’arrêt des volumes à destination et en provenance de la Russie à la suite des sanctions. »

Le Top 3 français souffre

Par ailleurs, la chute est encore plus brutale pour l’unique port français de ce top 10, Haropa. Il accuse un repli plus de deux fois supérieur à celui de ses homologues du range Nord. « Globalement, le Top 3 français a d’ailleurs souffert dans des proportions supérieures à la moyenne européenne. » Le GPM de Marseille enregistre un déclin de 12,1% à 1,3 MEVP tandis que le GPM de Dunkerque décline de 10,4%, avec un trafic total de 667 051 EVP. Sur la façade méditerranéenne, les ports espagnols connaissent des fortunes diverses. Algésiras est celui qui tire le mieux son épingle du jeu. Il maintient ainsi sa 5è place derrière Valence, qui souffre quant à lui en particulier d’une érosion du trafic de conteneurs pleins à l’export.

Deux ports progressent : Le Pirée et Gioia Tauro

A contrario, le port du Pirée se distingue par sa croissance positive. Il est le seul avec son homologue italien de Gioia Tauro à pouvoir revendiquer ce statut de port en progression. Le port grec, contrôlé par Cosco, grignote ainsi une place au classement. Il bénéficie manifestement de son rôle de porte d’entrée privilégiée en Méditerranée pour les marchandises chinoises acheminées sous l’incoterm CIF.

États-Unis : une baisse de 10%

Du côté des États-Unis, après une année 2022 contrastée avec des hausses sur la côte Est et des baisses à l’ouest, l’année 2023 met tout le monde d’accord. « La quasi-totalité des ports enregistrent une contraction supérieure à 10% », souligne Anne Kerriou. Globalement, les 10 principaux ports des États-Unis ont enregistré un trafic cumulé de 45,3 MEVP, en diminution de 12,7%. Le déclin est particulièrement significatif pour les ports de la côte Est comme New-York et Savannah, ce qui montre que les trafics qui s’étaient reportés lors de la congestion des ports de la côte Ouest n’ont pas été captés de façon pérenne. New York, qui s’était hissé en 2è position en 2022, repasse derrière Long Beach.

Chine : un trafic de 224,8 MEVP

Enfin, en Chine, le trafic cumulé s’inscrit en progression de 5,1% à 224,8 MEVP en 2023. Ce taux de croissance est supérieur à celui de l’année précédente, qui avait surpris compte tenu des confinements stricts qui limitaient encore l’activité en 2022. Alors, pour la responsable d’Upply, « dans un contexte de déconfinement, le rebond se révèle finalement assez modeste. Dans le Top 5, deux ports se distinguent. Ainsi, Qingdao progresse avec une hausse supérieure à 10%. À l’inverse Shenzhen perd 0,5% de son trafic conteneur. « Il est le seul à subir une baisse parmi le Top 10. » Le port de Beibu Gulf s’illustre également en détenant le record de croissance, et ce pour la deuxième année consécutive puisqu’il avait déjà progressé de 16,8% en 2022.