Corridors et logistique

Easyport : un outil d’aide à la décision au service de la convention FAL46

La convention FAL46 impose aux ports de se doter d’un guichet unique maritime. Pour aider les autorités portuaires dans cette démarche, easyport a créé easyPOS. Il s’agit d’un progiciel de gestion intégrée de l’Autorité Portuaire qui peut se décliner dans toutes les places portuaires.

La convention FAL (Facilitation des formalités maritimes) de l’OMI est un accord international majeur pour la logistique maritime et portuaire. Adoptée en 1965, elle vise à simplifier les procédures, les formalités et les documents requis pour l’entrée, le séjour et la sortie des navires dans les ports. Or, depuis 1965, les trafics portuaires évoluent. En 2022, la 46e session du Comité de la simplification des formalités (FAL) a apporté des amendements. L’objectif vise à apporter des amendements pour renforcer la digitalisation de la logistique maritime.

Un guichet unique obligatoire

Parmi les amendements apportés lors de cette session, le principal consiste à imposer à tous les pays membres de l’OMI de se doter d’un guichet unique. Il s’agit d’une « plate-forme dématérialisée en un point d’entrée unique l’ensemble des processus du transport et du commerce pour la partie importation, transit et exportation », rappelle Stéphane Gaudechon, Vice-président Bureau Veritas, Expert OMI et Expert UN-CEFACT. Quant au guichet unique maritime, il concerne plus directement les opérations maritimes du navire.

Des manques dans des ports d’Amérique Nord

La convention FAL46 n’est pas encore appliquée dans tous les pays. Et pour faire taire les préjugés, ce ne sont pas les pays en développement qui faillissent le plus. Ainsi, indique Stéphane Gaudechon, des ports en Amérique du Nord ou sur d’autres continents accusent un retard. En France, les ports respectent cette convention. Pour le responsable du Bureau Veritas, plusieurs raisons expliquent ce retard au démarrage. « Le guichet unique maritime est la porte d’entrée vers des guichets supplémentaires. »

Un GIE entre Haropa Port et Soget

En France, pour répondre à cette convention, Soget et Haropa Port ont créé un GIE, easyport. Hervé Cornède, président de cette structure, explique les raisons qui ont motivé sa création. Les initiateurs d’easyport ont voulu « créer les éléments numériques sur l’ensemble de la chaîne logistique portuaire ». Le personnel de ce GIE regroupe les expertises informatiques d’Haropa Port et celles de Soget. « Nous allons au-delà de l’informatique en intégrant les process métiers depuis l’arrivée du navire jusqu’à la sortie dans les terminaux fluviaux en Ile de France ou dans les entrepôts. »

easyPOS, un progiciel intégré

Easyport a commencé par rassembler et interfacer les différents éléments comme les Port Operating System (POS) et les CCS (Cargo Community System, appelé Port Community System en France) dans le but d’avoir un logiciel unique. Ainsi, easyPort a développé easyPOS. Il s’agit d’un progiciel intégré qui permet de gérer toutes les activités d’un port depuis les escales, la facturation, les marchandises ou encore les déchets des navires. De plus, ce système s’adapte à l’évolution des règlementations, explique Jérôme Besancenot, directeur général d’easyport. « Au travers de cet outil, nous apportons une solution pratique et simple qui permet d’englober les démarches administratives du processus portuaire. » En outre, ce progiciel est aussi un outil de la dématérialisation des différents documents.

Diffuser les informations aux professionnels de la place portuaire

Dans son application, easyPOS rempli les attentes des professionnels. Nicolas Chervy, commandant de port de Haropa Port – Le Havre, rappelle que « le premier lien que le navire a avec le port se fait par voie informatique ». Avec ce système informatique, la capitainerie peut recevoir toutes les informations nécessaires et les diffuser à tous les professionnels de la place portuaire, « voire au-delà », précise Nicolas Chervy. En outre, easyPOS est en liaison avec le guichet unique national mais aussi le futur guichet européen. « Cela permet de recevoir les informations depuis d’autres ports et de les rediffuser à la place portuaire rapidement. »

La dynamique créée par le guichet unique

Si en France, et notamment sur l’axe séquanien, le guichet unique maritime est opérationnel, il n’en est pas de même sur l’ensemble de la planète. Le continent africain est un exemple des différentes avancées de l’implantation de cette convention. Certains pays disposent de guichet unique à l’image du Togo, du Bénin et de la RDC (République Démocratique du Congo). « Une dynamique s’est créée avec ce guichet unique, notamment avec la Zlecaf (zone de libre échange du continent africain) », confie Stéphane Gaudechon du Bureau Veritas. Cependant, il note que la démarche vers le guichet unique maritime reste en retard. « Certains pays ont déjà engagé cette réflexion. Il reste beaucoup de choses à faire. »

Les ports africains loin de l’objectif de la digitalisation

Une opinion partagée par Ernest Tindo, Président Directeur Général de Best for Africa Group, secrétaire général du cluster maritime d’Afrique francophone et Président de l’Organisation Panafricaine de la Jeunesse pour l’Économie bleue. « Beaucoup de ports africains sont encore loin de l’objectif de la digitalisation globale. »

Trois catégories de ports

Cependant, trois catégories de ports se côtoient en Afrique. Certains ont atteint un niveau de digitalisation globale. D’autres ont mené une digitalisation partielle. Ils se sont dotés de guichet unique pour le commerce extérieur, « ce qui ne permet pas d’avoir un Port Community System qui prend en compte l’ensemble des acteurs de la place portuaire ».  Enfin, la troisième catégorie regroupe les ports avec un faible niveau de digitalisation.

Utiliser les infrastructures de façon optimale

Et pourtant, l’implémentation de progiciel comme easyPOS permet d’optimiser la gestion de certaines tâches. Ainsi, rappelle Ernest Tindo, l’installation de ce système au Port autonome d’Abidjan a permis de collecter les données, de les analyser et d’utiliser de façon optimale les infrastructures portuaires qui sont disponibles ».