Espo présente ses priorités pour la prochaine décennie
L’Espo, organisation européenne regroupant les ports européens, présente les priorités des ports. Dans un contexte de transition vers une sobriété énergétique, l’organisation portuaire européenne demande à l’Europe de plus prendre en compte son écosystème.
À quelques jours de l’ouverture de l’assemblée générale annuelle qui se tient à Paris, l’Espo présente les ambitions des ports européens. L’ambition des ports européens est avant tout de s’inscrire dans la politique européenne. Dans son document présenté le 22 avril, l’Espo rappelle que depuis cinq ans l’autorité européenne montre la voie pour une ambition vers un futur décarboné.
Passer des textes aux actes
« Ces ambitions s’accompagnent d’initiatives législatives, d’outils et de règles importantes », indique le document de l’Espo. Et pour abonder dans ce sens, l’organisation européenne rappelle que les ports s’inscrivent dans cette logique. « Il est temps de passer maintenant à l’application. »
Revoir l’écosystème portuaire
Pour atteindre les objectifs définis par l’Europe, l’organisation européenne des ports dresse un panorama des principales priorités. En premier lieu, elle rappelle que « la transition et l’indépendance énergétiques de l’Europe ne peuvent se réaliser sans les ports. » Pour se faire, l’Espo appelle à « revoir entièrement l’écosystème portuaire tant du côté des autorités portuaires que les opérateurs et les autorités nationales. » Ainsi, cette transition énergétique réclame plus d’espaces dans les ports. En effet, les nouvelles énergies ont une densité bien inférieure aux énergies fossiles. Alors, pour accompagner cette transition, « la politique européenne doit reconnaître le rôle des ports comme des hubs énergétiques. Il ne s’agit plus de mesurer et prioritiser les ports selon le tonnage et les conteneurs. Cette reconnaissance doit se traduire dans les faits. »
Verdir le transport maritime, les opérations portuaires et l’écosystème
La deuxième priorité vise à faire de la baisse des émissions de CO2 des indicateurs de performance des ports. Or, les ports sont à la croisée des chemins entre plusieurs intervenants. Alors, rappelle l’Espo, la transition énergétique s’appuie sur un trépied en facilitant le verdissement du transport maritime, des opérations portuaires et de tout l’écosystème portuaire. Et pour continuer dans cette voie, l’Espo rappelle que la réduction des émissions du transport maritime demeure « la première et plus importante priorité pour les ports ». Alors, se pose la question des investissements. Parce qu’il est difficile de savoir quelle énergie émergera dans les prochaines années, « il faut donner la priorité aux infrastructures qui apporteront le plus de réduction dans les émissions », note l’Espo.
Des conditions de marché équitables
Dans son catalogue des priorités, l’Espo ajoute aussi de sauvegarder les conditions de marché. En effet, pour faire face à la concurrence des pays tiers, l’organisation portuaire européenne souligne l’importance des ports pour préserver l’industrie du continent. Pour atteindre cet objectif, « l’Europe a besoin de ports forts avec des conditions de marché garanties tant pour son marché intérieur que vis-à-vis de l’extérieur ». Alors, pour éviter les distorsions de concurrence, l’Europe doit éviter d’investir dans des ports de pays tiers. « Des initiatives européennes comme la Global Gateway doivent se concentrer sur ses partenaires pas ses concurrents. »
Des ports attractifs pour les investisseurs
Ensuite, l’Espo rappelle les conditions de la résilience dans les ports. Dans un monde en transition et face aux crises politiques et sanitaires, les ports jouent un rôle essentiel. « Ils s’engagent pour aider la construction d’une Europe forte et résiliente. Alors, pour demeurer des portes d’entrée d’un commerce libre, les ports doivent rester ouverts, sûrs et attractifs pour les investissements. » Un coup de pied de l’âne aux intentions d’investisseurs de pays tiers qui pourraient compromettre la sécurité et la résilience des ports.
La digitalisation face aux menaces de cyber-attaques
Parmi les priorités de l’Espo figure aussi la digitalisation. Avec l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies la digitalisation doit permettre aux ports d’être plus efficaces, plus sûrs et plus écologiques. Or, le contexte géopolitique actuel fait planer des menaces de cyber-attaques. « En tant qu’opérateur de services essentiels, les ports cherchent à éviter ces risques et minimiser leurs impacts », rappelle l’Espo. Cependant, la digitalisation intervient dans de nombreuses procédures. « Les cyber-attaques se feront par le maillon faible. Depuis les autorités portuaires jusqu’aux opérateurs, chacun doit prendre sa part pour réduire les risques cyber. »
80 Md€ d’investissements sur 10 ans
Face à ces risques et dans l’objectif de la transition écologique, les ports européens appellent à accroître les investissements. « Les ports européens ont besoin de 80 Md€ d’investissements sur la prochaine décennie », alerte l’Espo. En effet, en devenant des hubs de la transition écologique, les fonctions traditionnelles des ports s’effacent. Alors pour faire face à ce nouveau rôle, les investissements sont nécessaires. « Cela implique des projets à haute valeur sociétale mais avec un retour sur investissement lent et risqué », rappelle l’Espo. Par conséquent, pour y parvenir, l’Espo demande le soutien de l’Europe.
Adapter l’Europe
Ces priorités ne peuvent se réaliser sans adapter l’Europe. Pour l’Espo, il est nécessaire que l’organisation portuaire européenne siège à la DG Move (transport) et la DG Energy. De plus, les ports doivent être partie prenante de la politique extérieure de l’Europe. Enfin, les objectifs de décarbonation doivent aussi rapprocher les ports et les villes. Pour l’Espo, ce rapprochement doit attirer des investisseurs mais aussi de nouveaux talents pour répondre aux besoins en ressources humaines des opérateurs. « Il faut attirer des personnes qui reflètent la diversité culturelle et sociale des villes qui abritent les ports. »
Des villes portuaires, pas des capitales
Ces priorités répondent à des ambitions de faire des ports européens des villes de premier plan. Or, dans l’Union européenne aucun des 27 pays n’a pour capitale un grand port. Cela est le résultat d’une histoire tournée vers l’industrie mais démontre bien du poids de l’économie portuaire en Europe et dans les États membres.