Le refus de la CGT de la « liquidation de Fret SNCF »
Le 21 novembre, plusieurs syndicats de cheminots ont appelé à un mouvement social contre le projet de Rail Logistics Europe pour la scission du fret de la SNCF en deux sociétés.
Le 21 novembre apparaît pour certains comme un galop d’essai. Une première journée de grève des syndicats de cheminots avant le préavis d’un mouvement reconductible à partir du 11 décembre. Les syndicats concernés sont la CGT cheminots, UNSA ferroviaire, SUD-Rail et CFDT cheminots.
Le projet de Rail Logistics Europe
Cette première journée est destinée à s’opposer au projet de Rail Logistics Europe (RLE) contre le « démantèlement » de Fret SNCF. En effet, le 4 novembre, la direction de la société ferroviaire a présenté son projet de scinder la division fret en deux sociétés. La première, Hexafret, aura la charge du groupage de wagons. La seconde, Technis, aura pour objectif la maintenance des locomotives. Ce projet s’inscrit dans le schéma de discontinuité présenté par le gouvernement en mai 2023.
Éviter le remboursement de 5,3 Md€
Ce dernier doit éviter que le gouvernement français ne rembourse 5,3 Md€ de dettes que lui demande la Commission européenne. Le projet doit entrer en vigueur le 1er janvier 2025. Dans sa présentation RLE précise que ce plan ne prévoit aucun plan de licenciement des salariés actuels. De plus, l’intégralité des flux que Fret SNCF remet sur le marché sera transféré à des sociétés ferroviaires. Une exigence pour empêcher tout report modal du ferroviaire vers la route. Enfin, les deux nouvelles sociétés demeurent au sein de la SNCF.
Hexafret pour un fret accessible et responsable
S’agissant de Hexafret, le groupe souhaite placer cette société sous le signe de l’action. Elle souhaite créer un « fret accessible et responsable qui irrigue les territoires ». Et RLE assure que cette société « embarquera le fret sur des axes qui fonctionnent comme des tapis roulants. Ainsi, Hexafret sera l’expert du transport ferroviaire en France et en Europe. Elle sera capable de répondre à l’ensemble des besoins des clients. Elle pourra s’adapter à tous types de fréquences et de formats : wagons, groupe de wagons et trains. »
Technis : une filiale pour la maintenance
Quant à Technis, elle bénéficiera d’une implantation sur les axes majeurs du fret ferroviaire en France. Sa mission doit être « d’assurer une maintenance performante et accessible qui optimise les locomotives pour un fret compétitif et porteur d’avenir ».
Un moratoire du processus
Dans leurs revendications, les syndicats de cheminots demandent l’arrêt de ce processus. Ils souhaitent « un moratoire ». Ils accusent la direction de se « réfugier derrière les décisions gouvernementales réitérées par le nouveau ministre lors de la réunion tripartite du 28 octobre. » De plus, la Fédération CGT des cheminots demande au gouvernement de proposer un débat au Parlement concernant l’avenir de Fret SNCF. « Il nous a été refusé jusqu’à présent. Les cheminots, à l’instar des agriculteurs ou d’autres secteurs professionnels en lutte, mènent un combat d’intérêt général », affirment le tract des syndicats.
Une stratégie de dumping social
En ce qui concerne la scission en deux filiales, les syndicats dénoncent une stratégie de « dumping social, avec comme conséquence une atomisation des règles sociales dans les multiples PME du rail ». Enfin, ils dénoncent l’absence de réponse sur le financement des infrastructures. Qualifiant ce sujet de central, ils appellent à « la nécessité d’une loi de programmation des investissements pluriannuelle pour les infrastructures ferroviaires, n’a reçu aucune réponse concrète lors de la réunion de conciliation », indique un communiqué de l’intersyndicale.
AUTF : la fragilisation du secteur ferroviaire
Dans ce contexte de tension, les chargeurs, regroupés au sein de l’AUTF, s’inquiètent des conséquences de ce mouvement. Ces mouvements sociaux auront « pour répercussion de fragiliser le secteur en affectant ses performances et en détériorant son attractivité. Elles altéreront la confiance des chargeurs « dont les engagements en faveur du fret ferroviaire sont essentiels à la réussite de ce dernier. » Pour l’organisation professionnelle, les deux futures sociétés permettent de conserver un maillage et une expertise dans le wagon isolé. Face à ce mouvement attendu en décembre, « l’AUTF déplore les risques de la situation et appelle les parties-prenantes à une vision responsable et une attitude pragmatique, nécessaires au succès et à la pérennité de cette nouvelle organisation. »