Corridors et logistique

Rachat de Bolloré Logistics par CMA CGM : la Polynésie met des réserves

Le 6 février, l’Autorité de concurrence de Polynésie a publié sa décision sur le rachat de Bolloré Logistics par le groupe CMA CGM. Elle pose des conditions pour le rachat.

L’affaire fait grand bruit dans le Landernau logistique. L’Autorité de concurrence de Polynésie autorise le rachat de Bolloré Logistics par le groupe CMA CGM avec une obligation. En effet, pour la première fois de son histoire, cette autorité « conditionne l’autorisation d’une opération de concentration à une revente d’actifs », indique le communiqué. Elle explique cette position pour « le maintien de la structure concurrentielle du marché dans le secteur de l’organisation du transport de marchandises en Polynésie française. » Une décision qui se concentre sur les activités de commission de transport maritime. Dans sa décision, l’APC précise que la commission de transport aérien n’est pas visée.

Pas de rapprochement en Polynésie

En d’autres termes, la cession de Bolloré Logistics ne pourra se faire en Polynésie. Le groupe CMA CGM s’engage à revendre les activités de Bolloré Logistics en Polynésie, « à un repreneur soumis à l’agrément de l’Autorité », continue le texte. Il s’agit d’éviter une position dominante, voire un monopole, dans l’archipel. En effet, sur la Polynésie, la ligne entre l’Europe et les îles est assurée par le groupe CMA CGM. Elle dispose d’un quasi-monopole. De plus, environ 40% des marchandises consommées en Polynésie proviennent d’Europe.

La crainte d’un système préférentiel

« La crainte de cette opération entre Bolloré Logistics et le groupe CMA CGM concerne la mise en place d’un système préférentiel avec sa propre filiale », rapporte Tahiti Infos. Ainsi, des acteurs comme DHL ou Geodis pourraient perdre une partie de leurs parts de marché. In fine, CMA CGM se retrouverait donc en position de pouvoir augmenter le prix du transport de marchandises, ce qui se répercuterait sur les prix de consommation courante pour les Polynésiens”, fait remarquer Johanne Peyre, présidente de l’APC, au site d’informations tahitien.

Préserver la viabilité et la compétitivité de l’activité cédée

Outre cette obligation de cession, l’APC assortie sa décision d’une clause de non-concurrence pendant cinq ans. “Bolloré Logistics sera mis en vente, mais on a prévu dans les engagements, un maintien de l’activité avec une clause de non-concurrence qui va perdurer après le rachat, pour faire en sorte que CMA CGM ne revienne pas sur le marché rapidement. Ça va pouvoir préserver la viabilité et la compétitivité de l’activité cédée”, explique Maxime Hebting, rapporteur à l’APC à Tahiti Infos. Quant à voir DHL, second opérateur en Polynésie derrière CMA CGM, reprendre les actifs de Bolloré Logistics, l’APC avertie. Une telle cession ne pourra se faire sans un examen par l’APC.

Un rapprochement autorisé en Nouvelle-Calédonie

Si la portée de cette décision reste limitée à la Polynésie française, elle n’en demeure pas moins un pavé dans le jardin du groupe CMA CGM. En effet, le groupe CMA CGM a déposé des demandes d’accord auprès de plusieurs autorités de concurrence dans le monde. En Nouvelle Calédonie, l’autorité a donné son accord. Une position qui se comprend en raison de la diversité de lignes qui touchent l’île. Quant à Bruxelles, la Commission européenne doit rendre sa décision dans les prochaines semaines.