Vracs secs : des perspectives mitigées pour les prochains mois
Dans sa dernière analyse de marché, le Bimco analyse les perspectives pour le marché des vracs secs. Si l’équilibre entre l’offre et la demande est attendu en baisse, les perspectives à deux ans se révèlent meilleures.
Après une année 2022 qui a battu des records, l’année 2023 s’annonce en baisse. L’inflation et les différentes crises affectent les flux de marchandises. Selon la dernière analyse du Bimco (Baltic and International Maritime Council), la croissance du PIB mondial doit malgré tout progresser de 2,9% en 2024. Une hausse qui pourrait s’élever à 3,5% en 2025.
Des risques demeurent pour l’avenir
Si les différents éléments économiques militent pour une croissance de la demande, le Bimco alerte sur des risques. Le premier vise la crise actuelle au Moyen-Orient. Une escalade de ce conflit peut avoir un effet sur l’économie mondiale. Par conséquent, la demande en matière première peut baisser. En second lieu, la hausse des taux d’intérêt et le tassement de l’économie chinoise ainsi qu’une baisse de consommation dans le monde peut avoir un impact important sur le secteur. Les initiatives de Pékin de stimuler le secteur de la construction ne produisent pas encore ses effets. La faillite d’Ever Grande, premier groupe de construction dans l’Empire du milieu, laisse augurer des difficultés pour les prochains mois.
Une hausse de la demande d’acier
Du côté de la demande, les minerais de fer doivent maintenir leur croissance. Le Bimco table sur une progression entre 1% et 2% en 2024 et 2025. L’organisation internationale des sidérurgistes prévoit une augmentation de 1,9% de la demande en acier en 2024. Cependant, ces chiffres intègrent une hypothèse de croissance du secteur du BTP en Chine. Sur un plus court terme, le Bimco estime que les producteurs d’acier profitent d’une hausse de la production automobile.
Le charbon remplacé par les énergies renouvelables
Du côté du charbon, l’Agence internationale de l’énergie prévoit une baisse importante des flux de charbon entre 3% et 5%. Pour le Bimco, cette diminution ne devrait pas être aussi brutale. « Nous pensons que les chargements de charbon resteront élevés au cours du premier semestre. La production hydraulique doit reprendre pour suppléer le charbon », souligne le Bimco. Plus généralement, les énergies renouvelables en Chine et en Inde doivent remplacer progressivement le charbon dans la fourniture d’électricité. Ainsi, les importations de charbon sont attendues en diminution de 12% entre 2023 et 2026.
Céréales : les corridors maritimes d’Ukraine fonctionnent
Quant aux trafics de céréales, leur progression est estimée entre 1,5% et 2,5% en 2024. Le maïs doit tirer cette progression en raison de la production argentine. Une situation plus contrastée pour le blé dont la production se réduit, selon le Bimco. Il reste que les conditions d’exportations depuis les ports ukrainiens s’améliorent. La mise en place d’un corridor le long des côtes de la rive nord de la mer Noire permet d’exporter des céréales. Un niveau qui équivaut à celui réalisé lors de la mise en place de l’accord par les Nations Unies.
L’offre de cale en progression
Ainsi, la demande hésitante et en pleine mutation doit se combiner avec une offre en progression. Selon les derniers chiffres, la flotte mondiale des vraquiers augmente de 2,7% en 2024. Cependant, la réduction de vitesse des navires, pour réduire l’impact environnemental des navires, allonge le temps de transport et donc, la disponibilité de navires. Ainsi, selon le Bimco, la progression de la flotte ne dépassera pas 1%.
Un carnet de commande pour une augmentation de 4,7%
Le carnet de commandes atteint aujourd’hui 86,8 Mtpl. Des commandes en progression de 4,1% par rapport à l’année dernière qui représentent 4,7% de la flotte actuelle. Elles ont eu lieu, principalement, au cours de la seconde moitié de 2023. Ainsi, plus de la moitié de ces navires entrera en flotte après 2025. En 2024, la flotte verra une augmentation de 33,9 Mtpl. Un niveau en hausse par rapport aux trois dernières années au cours desquelles les armateurs ont peu commandé.
La démolition de 6,8 Mtpl
Face à l’arrivée de ces nouveaux navires, le Bimco estime que 6,8 Mtpl seront démolis. Un niveau en légère hausse par rapport aux années précédentes. « La démolition de navires se limitera aux navires les plus anciens et les moins compétitifs face aux exigences climatiques », précise le Bimco. Cette augmentation de la flotte de vraquiers concerne en premier lieu les Panamax et les Supramax. Ces deux types de navires entrent pour 71% des commandes.
La vitesse pourrait encore baisser, sauf si les taux de fret augmentent
Enfin, le Bimco table sur une baisse de la vitesse des navires. En effet, en réduisant l’allure des navires, les armateurs participent à la réduction des émissions de carbone. « Les réglementations climatiques internationales peuvent inciter les navires à encore plus réduire leur vitesse. Cependant, la vitesse peut aussi se stabiliser voire augmenter lors de période de hausse des taux de fret », conclu le Bimco.