Corridors et logistique

Vracs secs : le marché profite d’une demande en hausse

Les armateurs opérant dans les vracs secs terminent le semestre sur une note positive. La demande progresse et les voyages sont plus longs en raison de la crise du canal de Suez. Pour les prochains mois, les prévisions s’affichent en positif.

Les armateurs opérant dans les vracs secs continuent d’afficher une croissance. Deux éléments participent à cette hausse. D’une part, la demande en matière première a progressé sur les six premiers mois. D’autre part, la crise de Suez, avec les attaques des Houthis contre les navires, oblige les armateurs à rallonger les voyages.

Des hausses de chiffres d’affaires

Dans ces conditions de marché, les armateurs voient leur chiffre d’affaires augmenter. Des hausses qui évoluent entre 20% et 30% selon les compagnies. Seul Diana Shipping affiche une baisse de ses revenus. L’armateur grec pâti d’une disponibilité moindre de ses navires au cours de ce semestre. Une diminution liée à une flotte moindre en raison de la maintenance de navires. Cette progression des revenus tient aussi à l’augmentation des taux moyens d’affrètement. En effet, le TCE (Time Charter Equivalent) progresse de 30% en moyenne. Cette amélioration tient d’une part à la demande plus importante en matières premières et, d’autre part, au déroutement des navires.

La demande tirée par la Chine

Effectivement, la demande en matières premières reste sur une tendance positive. Ce constat est dressé par les analystes du Bimco. Ainsi, au cours du premier semestre, le Baltic Dry Index enregistre des niveaux élevés. Un constat lié à la demande chinoise en minerai de fer, charbon et céréales. De plus, continuent les analystes du Bimco, le déroutement par le cap de Bonne-Espérance à la suite des attaques des Houthis, augmente le nombre de tonnes/miles par voyage. Alors, les navires de type Panamax, Handysize et de plus petite taille ont bénéficié de ces conditions de marché.

Les exportations de bauxite prévues en hausse de 9,3% en 2024

Et ce constat est détaillé par le rapport semestriel de Genco Shipping. Il rappelle la hausse de la production de minerais de fer au Brésil, par le groupe Vale. De plus, la production de bauxite depuis le site de Simandou en Guinée sont autant de facteurs qui dynamisent le marché des vraquiers. Ainsi, selon le consultant britannique Clarksons, la demande de transport pour la bauxite augmente de 8% par an depuis 2014. En 2024, les prévisions tablent sur 176 Mt exportées, soit une hausse de 9,3%, dont 124 Mt par la Guinée. En 2014, le transport de bauxite s’est établi à 76 Mt.

Les céréales progressent de 12%

Les conditions de marché de la bauxite se déclinent sur d’autres marchés comme le charbon. Si les prévisions pour 2024 restent inférieures à celles de la bauxite, les premières estimations prévoient une progression de 0,6% sur l’année. Ce marché dépend en grande partie de la demande chinoise et indienne. Enfin, du côté des céréales, la demande en transport pourrait progresser de 4%. Sur le premier semestre, indique le rapport semestriel de Star Bulk, les exportations de céréales progressent de 12%.

  Chiffre d’affaires Évolution Ebitda Évolution Time charter Equivalent Évolution
Star Bulk 612 265 32,30% 297 379 59,10% 15 020 29,30%
Golden Ocean Group 496 826 21,20% 249 905 87,60%    
Genco Shipping 224 482 21,40% 81 626 63,60% 14 757 32,60%
Diana Shipping 113 648 -18,80% 27 600 -47,00% 17 910 -15,80%
Sources: rapports semestriels armements – Chiffres en 1000 $ sauf pour Time Charter Equivalent en $

Des prévisions optimistes

Les armements regardent avec attention les perspectives pour le prochain semestre. La crise en mer Rouge perdure. Peu d’éléments laissent transparaître une résolution dans les prochaines semaines. Alors, le déroutement par le cap de Bonne-Espérance continue. Un détour qui signifie des tonnes/miles supplémentaires par voyage. Quant aux prévisions des marchés des matières premières, elles demeurent sur une tendance positive.

Une progression de la demande de 3,5% à 5,5%

En effet, dans son analyse semestrielle, le Bimco table sur une demande en progression de 3,5% à 5,5% dans les prochains mois. La situation devrait se tasser en 2025 avec une augmentation limitée entre 1% et 2%. Du côté de l’offre, le carnet de commandes atteint un niveau bas. Elle ne devrait pas progresser entre 3% et 4%.

Le poids de la Chine

Parmi les éléments déterminants pour le marché se retrouve l’attitude de la Chine. Selon le FMI (Fonds monétaire international), la croissance en Chine est attendue à environ 5% en 2024. L’économie chinoise profite d’une progression des exportations. D’un autre côté, la demande intérieure chinoise s’affaiblie. Un point qui peut réduire les besoins en matière première. Face à ce constat, le gouvernement a décidé de réduire les taux d’intérêt pour booster le marché intérieur.

L’Inde, le moteur auxiliaire de l’économie

Quant à l’Inde, le FMI table sur une progression de 7% en 2024. Le pays profite d’une demande intérieure forte notamment dans les zones rurales. Ainsi, l’Inde pourrait supplanter la Chine comme moteur de l’économie mondiale, voire, devenir son moteur auxiliaire. Ces différents paramètres économiques sont réalisés dans une conjoncture géopolitique « stable ». De nouvelles zones de conflit, des conditions de navigation qui s’aggravent, comme l’a connu le canal de Panama en fin d’année 2023 ou le blocage des ports en Allemagne ou sur la côte est des États-Unis peuvent avoir un effet négatif.