Feport : le paquet Mobilité militaire profite aux ports européens
Dans sa newsletter de novembre, la Feport, regroupant les opérateurs portuaires privés, revient sur l’adoption par l’Europe du paquet Mobilité militaire.
Les crises politiques se multiplient tant en Europe que sur les autres continents. Dans un souci de prévention, la Commission européenne a présenté un paquet de mesures pour la mobilité militaire au sein de l’Union. Il se compose de mesures pour « la circulation rapide, coordonnée et sûre du personnel et des équipements militaires dans l’ensemble de l’Union européenne », précise l’UE. L’objectif est de lever les obstacles à la mobilité militaire dans toutes ses dimensions. Il s’agit notamment d’intervenir sur la règlementation, les infrastructures et les capacités à se déplacer au sein de l’Union.
Le rôle essentiel des ports dans la mobilité militaire
Dans ce contexte, les ports jouent un rôle essentiel. Pour la Feport, regroupant les opérateurs portuaires privés, ce paquet demeure un outil essentiel. « Les ports ont toujours été des lieux où l’histoire se déroule. Ce sont les points de rencontre entre les navires, les chemins de fer et les routes, où les économies sont approvisionnées et où, en temps de crise, les premiers et derniers mouvements de matériel et de personnel militaires ont souvent lieu », indique Lamia Kerkoudj-Belkaïd, déléguée générale de la Feport. Et elle souligne que les ports européens soutiennent de longue date la logistique militaire.
Un environnement pour renforcer la capacité des ports
La Feport se félicite de ce paquet. Ce règlement crée un cadre cohérent pour renforcer la capacité de l’Europe à déplacer rapidement et de manière fiable des moyens militaires à travers les frontières. Il oblige les États membres à préparer certaines parties du réseau de transport à un double usage, militaire et privé. Cela passe par le renforcement et la modernisation des infrastructures portuaires. D’autre part, il intègre les voies d’accès et les équipements de manutention le long des corridors prioritaires.
Éliminer les nœuds stratégiques
De plus, le texte préconise l’identification des nœuds stratégiques qui doivent rester opérationnels en toutes circonstances. Le règlement encourage la modernisation des installations portuaires. Elles doivent accueillir en toute sécurité des transports exceptionnels et lourds, et favorise une planification et une coordination plus structurées avec les gestionnaires et les opérateurs d’infrastructures.
Un texte multimodal
Le règlement examine l’ensemble des maillons de la chaîne de transport. Il passe en revue les routes les réseaux ferroviaires, les aéroports, les voies navigables et les plateformes logistiques. De plus, il reconnaît les ports maritimes et les ports intérieurs comme des nœuds essentiels au sein de ce réseau. « Pour notre secteur, cette reconnaissance officielle des ports et des opérateurs de terminaux privés comme des facilitateurs indispensables de la mobilité militaire est une avancée significative. Elle reflète bon nombre des priorités énoncées dans la prise de position de la Feport. En effet, elle confirme que les terminaux portuaires privés ne sont pas considérés comme de simples acteurs commerciaux, mais comme des partenaires de confiance dans la mise en œuvre des objectifs de défense et de sécurité de l’Europe. »
Une coordination transfrontalière
Outre ces aspects, le texte européen répond également aux revendications des opérateurs. En effet, les membres de la Feport souhaitent une clarification des rôles et des responsabilités. Ils plaident pour une meilleure coordination transfrontalière et entre les modes de transport. Enfin, ils souhaitent un dialogue plus structuré entre les acteurs civils et militaires. « En ce sens, il ne s’agit pas seulement d’un instrument juridique, mais aussi d’un signal politique fort. Il reconnaît et valorise la contribution du secteur portuaire à la sécurité et à la résilience de l’Europe. »
Les ports, facilitateurs de la logistique militaire
Pour la Feport, ce paquet donne aux ports une qualité de « facilitateurs logistiques » pour la logistique militaire. De plus, en soulignant la nécessité de préparer et moderniser les infrastructures portuaires, ce paquet envoie un signal aux États membres et aux investisseurs. Les ports avec un double usage, militaire et civil, sont essentiels pour « la sécurité et la préparation de l’Europe ».
La nécessité d’avoir plus que le MIE
La dimension financière est tout aussi importante. La nouvelle enveloppe du MIE Transport (Mécanisme pour l’interconnexion en Europe) comprend une enveloppe spécifique de 17,65 Md€ pour la mobilité militaire. Elle représente une avancée majeure. De plus, elle confirme que l’Union est prête à soutenir les investissements à double usage dans tous les modes de transport. Ces fonds seront essentiels pour débloquer certains des projets les plus urgents. Ils seront un levier pour remédier aux principaux goulets d’étranglement du réseau, notamment dans les ports. Cependant, cette somme ne suffira pas, prévient la délégué générale de la Feport. D’autres investissements sont nécessaires comme l’adaptation des quais ou des systèmes numériques.
Le soutien des États membres
En effet, le financement de l’UE ne suffira pas à lui seul à couvrir l’ensemble des investissements nécessaires pour adapter les quais, les trottoirs, les rampes, les zones de stockage et les systèmes numériques aux spécifications militaires tout en maintenant le bon déroulement des opérations commerciales. Dans ce contexte, « les mesures de soutien nationales resteront essentielles, parallèlement aux fonds de l’UE, si l’on veut atteindre les objectifs à double usage dans la pratique et remédier à ces défaillances du marché ».
Créer un cadre européen spécifique
Alors, la Feport plaide pour un cadre européen spécifique des aides d’État aux ports. Sans remplacer le mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE), il le compléterait. Un tel cadre offre aux États membres un moyen de soutenir les investissements à double usage. Cela concerne aussi bien les infrastructures que les superstructures portuaires. Il contribuerait à combler l’écart entre ce que le MIE peut cofinancer et les besoins au niveau national.
Des conditions d’investissement réalistes
Ce paquet sur la « Mobilité militaire » s’apparente donc à un succès politique et un point de départ. Il confirme que les ports et les opérateurs de terminaux privés sont des partenaires reconnus dans les efforts de sécurité et de résilience de l’Europe. Le règlement rappelle que cette reconnaissance doit s’accompagner de conditions d’investissement réalistes, d’instruments de financement adéquats et de règles stables en matière d’aides d’État, « si l’on veut que les ambitions sur le papier correspondent aux capacités sur le terrain. »

