Corridors et logistique

La bataille du soja se joue entre le Brésil, la Chine et les États-Unis

Le soja se place comme l’enjeu de batailles commerciales entre la Chine, le Brésil et les États-Unis. Le courtier de fret Intermodal explique dans son rapport hebdomadaire les enjeux du soja dans le monde.

Le soja émerge comme l’une des variables les plus influentes pour la demande de vrac sec, en particulier pour les navires Kamsarmax. Ils assurent les liaisons entre le Brésil et la Chine, d’une part, et les États-Unis et la Chine, d’autre part. Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, les récoltes exceptionnelles en Amérique du Sud et les stocks inhabituellement élevés en Chine redessinent de manière significative les schémas mondiaux de ces flux, estime le courtier de fret Intermodal.

En théorie, l’équilibre demeure

Sur le papier, l’équilibre du soja reste constructif. En effet, la consommation mondiale continue de progresser vers de nouveaux sommets. Au-delà de 2025-2026, les prévisions indiquent un desserrement progressif des stocks mondiaux et un ratio stocks-utilisation plus bas. Des conditions de marché qui impliqueraient normalement des prix fermes et des flux commerciaux soutenus. Cependant, la distribution géographique de cette demande préoccupe davantage les armateurs que l’addition des tonnes.

L’accord sino-américain est une reprise partielle

Aujourd’hui, les États-Unis ont réduit leurs semis de soja après des chocs commerciaux répétés. De son côté le Brésil continue d’augmenter ses surfaces cultivées et consolide sa position auprès de la Chine. Un nouvel accord entre la Chine et les États-Unis prévoit l’achat de 12 Mt de soja américain fin 2025 et environ 25 Mt par an ensuite. Pour le courtier de fret, il s’agit plus d’une reprise partielle que d’un retour avant les brouilles commerciales. Ainsi, même en cas de respect, les achats chinois de soja américain resteraient inférieurs aux moyennes de la première moitié des années 2020.

​Le Brésil et l’Argentine perturbent le marché

Les exportateurs américains ont élargi leurs marchés secondaires (Mexique, Asie du Sud-Est, Moyen-Orient, Afrique du Nord), avec une hausse des exportations de maïs compensant partiellement les pertes sur le soja. Une situation qui maintien l’emploi pour les Panamax et les Supramax. Néanmoins, ces échanges se font sur des liaisons plus courtes. Par conséquent, les risques de baisse des taux de fret se profilent. Le Brésil et l’Argentine ont saisi l’opportunité pour tenter de s’imposer. En effet, les exportations brésiliennes atteignent des records. La Chine absorbe près de 80% de la production du pays. De son côté, l’Argentine a assoupli ses taxes à l’export. Cela a gonflé les stocks chinois à des niveaux records (10,3 Mt en ports, 7,5 Mt). Un contexte qui freine les marges et les incitations à acheter plus aux États-Unis malgré les exemptions de droits.

​Un marché bénéfique pour les Supramax et les Handysize

Pour l’affrètement, cela pourrait décaler une partie des achats américains au premier trimestre 2026. Or, sur ce trimestre la saison post-récolte brésilienne pourrait rediriger des volumes vers des acheteurs secondaires. Un marché qui favorisera les navires de type Supramax et Handysize sur des flux moindres. À l’horizon 2026, une hausse des importations chinoises est possible. En revanche, cette hypothèse dépend de la demande en aliments pour animaux. La prudence est de mise. Les stocks élevés et la position forte des fournisseurs sud-américains peuvent encore intervenir comme un « game changer ». Les échanges de soja deviennent structurellement plus multipolaire. Ils soutiennent les volumes pour les Kamsarmax tout en offrant aux Supramax et aux Handysize un mix régional plus riche mais aussi plus volatil.