Port de Banana : premiers coups de pioche
Après avoir attribué la concession du futur port de Banana au groupe émirati DP World, le président de la République de la République Démocratique du Congo a lancé le 31 janvier la construction de ce port.
Alors qu’il apparaissait plutôt comme un serpent de mer, le port de Banana devient une réalité. Le 31 janvier, le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a assisté aux premiers coups de pioche de ce futur port.
Des travaux jusqu’en 2025
Les travaux devraient durer jusqu’en 2025. Concédé au groupe émirati DP World, le port de Banana nécessitera un investissement de 1,2 Md$. La construction de ce port doit donner à la RDC une ouverture portuaire de plus grande importance que le port actuel de Matadi, dont le tirant d’eau ne permet pas d’accueillir des navires de dernière génération.
Un projet controversé
Le port prévoit la construction d’un quai de 600 m et d’un espace de stockage pour les conteneurs. Ce port reste malgré tout un projet controversé. Le projet a été revu lors de l’élection à la présidence de la République de Félix Tshisekedi. Lors de la précédente mandature, le projet a été entaché de corruption au profit de sociétés dirigées par le président de la République de l’époque, Joseph Kabila.
Des oppositions environnementales
Les choses ont été renégociées avec la nouvelle équipe à la tête du pays. Cependant, ce projet portuaire soulève encore des oppositions. Dans un article de DW .com, ce port va être réalisé dans une zone protégée. Pour le coordinateur provincial du groupe de travail climat, Jean-Marie Muanda, « une zone importante du parc marin des mangroves pourrait être affectée par ce projet ». Et le coordinateur provincial s’étonne du manque d’étude d’impact environnemental de ce projet. « Je pense que les autorités devraient réfléchir avant de lancer ce projet et prévoir des mesures d’investigation pour éviter à ce que la réalisation du port en eau profonde de Banana puisse être un réel problème pour la biodiversité locale. »
Un observatoire pour surveiller la biodiversité
En réponse à ces inquiétudes, l’Institut congolais pour la préservation de la nature se veut plutôt rassurant. Son directeur, Olivier Mushiete, assure qu’ils vont tout faire pour se rapprocher des promoteurs du projet de façon à les encourager à mettre en place un dispositif de surveillance permanent des effets sur l’environnement, indique le site internet.
Un projet sans appel d’offres
Outre ces questions environnementales, des oppositions s’élèvent contre ce projet sur les retombées pour les populations locales. Construit sur la commune de Muanda, le projet de ce port prévoit que ce port générera des emplois avec des emplois à la clé. Florimond Muteba, président du Conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique, a expliqué dans un entretien avec DW que l’impact économique de ce projet reste flou. « Qui a fait les études de faisabilité, qui a déterminé la rentabilité économique et financière de ce projet ? Comment est-ce que le marché a été conclu ? Apparemment, il s’agit d’un marché de gré à gré, on n’a jamais vu des appels d’offre lancés par rapport à cela. Cela pose énormément de questions, notamment celle de savoir si un jour les choses vont changer dans ce pays », explique Florimond Muteba à la DW.