Corridors et logistique

Bolloré Railways: développer le ferroviaire par un partenariat équilibré avec les autorités publiques

Le ferroviaire constitue en Afrique un vecteur de développement dans les chaînes logistiques. Un point de vue que le pdg de Bolloré Railways, Eric Melet, a développé lors d’une conférence avant le sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine.

Le groupe Bolloré a rappelé à plusieurs occasions son intérêt à développer le mode ferroviaire en Afrique. Présent au Cameroun au travers de Camrail, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso par Sitarail et, enfin, au Bénin et au Niger par Benirail, le groupe Bolloré a souligné vouloir développer ce mode de transport tant pour les marchandises que pour le fret.

Une nouvelle dynamique des échanges intra-africains

En prélude au sommet UE-Union Africaine, plusieurs conférences se sont déroulées dans la semaine du 14 février, dont l’une a eu pour thème le développement des infrastructures et du transport. L’entrée en vigueur de la Zlecaf (Zone de libre échange continental africaine) doit donner une nouvelle dynamique aux échanges commerciaux du continent. Dans ce contexte, le transport ferroviaire constitue un enjeu majeur pour les différents États.

Bolloré Railways: 2,5 Mt de trafic

En Afrique, le trafic géré par les filiales ferroviaires du groupe Bolloré représente un trafic de 2,6 Mt, dont 1,6 Mt par Camrail et 1 Mt par Sitarail. Le ferroviaire est avant tout « un projet sociétal avant d’être un objet économique », a souligné Éric Melet, pdg de Bolloré Railways lors de la conférence. En effet, lors d’un colloque de l’UIC en septembre, le pdg de Bolloré Railways rappelait déjà que le ferroviaire est avant tout un moyen de promouvoir des déplacements verts de personnes et de marchandises.

Trouver un équilibre économique

Le premier défi de ce mode de transport est de trouver un équilibre économique. Pour y parvenir, a expliqué Éric Melet, l’important est de bâtir un projet partagé entre les autorités publiques et les opérateurs privés. L’impact social d’un réseau ferroviaire peut s’avérer important. En effet, la traversée de zones urbanisées peut créer des difficultés pour les populations locales mais aussi un atout pour le développement économique de la ville. « Ce secteur d’activité est unique. Il nécessite un environnement préservé et protégé pour se pérenniser et se développer », a continué le pdg de Bolloré Railways.

Des goulets d’étranglement à faire sauter

À titre d’exemple, Éric Melet rappelle quelques éléments comme la protection des emprises, les règlementations en matière de conduite du train voire les conditions opérationnelles de ce mode. « Le passage de la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso nécessite de faire un arrêt à deux postes frontières, celui de Ouangolo et celui de Niangoloko. Ils sont distants de 44 km mais peuvent générer jusqu’à 2 à 3 heures d’attente. Un temps d’arrêt qui correspond à 5% du temps de trajet total de la ligne. »

Éviter la concurrence déloyale

Cette vision partagée entre autorités publiques et opérateur privé doit aussi s’étendre sur les conditions de concurrence entre les différents acteurs du secteur pour éviter de créer des conditions déloyales. De plus, l’activité ferroviaire est fortement capitalistique. Malgré tout, « les investissements ne sont pas tout. Le transport ferroviaire demande un savoir-faire que l’opérateur porte », continue le pdg de Bolloré Railways.

La formation, un poste financier important

Un sujet qui peut s’avérer financièrement lourd à porter. La division ferroviaire de Bolloré forme chaque année 2000 personnes dans ses centres et écoles internes. De plus, elle fait appel à de nombreux sous-traitants dans les pays où elle est présente. Le budget alloué à cette sous-traitance peut aller jusqu’à 15 MdFCFA (22,8 M€).

Mobilité sociale et fret

Le ferroviaire constitue un enjeu important dans la logique des corridors africains. Il représente le mode de transport le plus écologique. Pour réussir son intégration continentale, Éric Melet appelle à une coopération étroite entre les partenaires dans un projet qui prend en compte la mobilité sociale et le fret. Il peut être source de développement de zones multimodales mais aussi fédérer des flux et un développement autour du secteur minier, du ciment et des produits agricoles.