Ports

GPM de Marseille-Fos : le trafic portuaire s’est légèrement contracté en 2024

Avec un trafic de 70,5 Mt, le GPM de Marseille-Fos affiche une baisse de 2%. Le trafic conteneur progresse de 9% à 1,45 MEVP. Le port phocéen a consacré une enveloppe de 185 M€ en 2024, dont 47 M€ pour la transition énergétique. Nous reprenons, ci-dessous, un article de Vincent Groizeleau de Mer et Marine.

Le GPM de Marseille-Fos (GPMM) a totalisé, l’an dernier, 70,5 Mt, soit une baisse de 2% par rapport à 2023. La deuxième place portuaire française est toujours bien en deçà des tonnages réalisés avant la pandémie (79 Mt en 2019) mais elle développe les activités industrielles à forte valeur ajoutée et continue d’investir dans la transition énergétique.

Les vracs liquides conservent une dynamique positive

Les vracs liquides, constitués pour l’essentiel de pétrole brut, de produits raffinés et de gaz naturel liquéfié (GNL), représentent toujours près des deux tiers du trafic du GPM, totalisant 44,3 Mt en 2024. « La filière des vracs liquides a connu un recul global de 2% en 2024 mais conserve toutefois une dynamique positive, notamment grâce à une hausse de 10% des volumes de produits raffinés. Cette progression a permis de compenser les arrêts techniques des raffineries d’Esso et de Cressier en Suisse, soulignant la résilience du secteur, ainsi que le recul du trafic GNL de 16%. Par ailleurs, le trafic de gaz de pétrole liquéfié (GPL) a enregistré un rebond significatif, avec une augmentation de 13%. Cette croissance est directement liée à une forte demande, amplifiée par l’interdiction européenne d’importation de GPL russe. Ces résultats confirment le rôle stratégique du port dans l’approvisionnement énergétique régional et international », explique le GPMM.

Les vracs solides perdent 26%

Les vracs solides ont, quant à eux, chuté de 26%, atteignant 6,5 Mt. « Le quasi-arrêt des deux hauts-fourneaux d’ArcelorMittal et le redressement judiciaire du principal terminal expliquent ce résultat ».

Une hausse de 9% sur les conteneurs

L’année a été bien meilleure pour les conteneurs, Marseille-Fos ayant traité 1,45 MEVP, soit une augmentation de 9% par rapport à 2023. Une hausse que le port explique par deux dynamiques : « D’une part, la croissance du transbordement a été stimulée par le détournement des routes maritimes vers le cap de Bonne-Espérance, générant une hausse de près de 65 000 EVP. D’autre part, les volumes à l’import et à l’export ont également progressé, avec une croissance de 53 500EVP. Cette augmentation est particulièrement marquée sur des axes stratégiques tels que la Chine (+ 12%), l’Algérie (+ 12%), la Turquie (+ 13%), La Réunion (+25%), l’Égypte (+25%), et l’Inde (+6%) ».

Fer et fleuve en progression

Cette performance est renforcée par le développement des solutions multimodales offrant des alternatives au transport routier. Ainsi, en 2024, les flux ferroviaires via Fos-sur-Mer, où se trouvent les principaux terminaux à conteneurs du port, ont progressé de 8%, alors que les liaisons fluviales ont connu une hausse de 7%. La part modale du ferroviaire pour les conteneurs traités à Fos a atteint 17%, celle du fluvial étant de 6%.

Le roulier profite de la reprise avec la Tunisie

L’activité roulière (RoRo) a elle aussi terminé l’année dans le vert, avec notamment 229 000 remorques, soit une croissance de 5% liée en grande partie à la reprise des échanges avec la Corse et la Tunisie. « En Tunisie, l’expansion des surfaces industrielles, notamment en mécatronique, a été favorisée par des réalignements économiques liés au conflit en Ukraine. Par ailleurs, le dynamisme des exportations tunisiennes, en particulier dans les secteurs agro-alimentaire (+24% en valeur) et des industries mécaniques et électriques, a renforcé les flux commerciaux. Le port prépare également l’avenir avec le lancement d’une étude pour l’extension des gabarits des tunnels, en vue de développer une offre de ferroutage au départ des bassins Est ». Le segment des véhicules neufs (192 000 voitures) a connu quant à lui de nouvelles avancées : « Glovis, du groupe Hyundai Kia, renouvelle sa confiance au port pour les trois prochaines années, confiant ses opérations portuaires au groupe Filippi. De nouveaux armateurs, comme CMA CGM et Wallenius Wilhelmsen, enrichissent également l’offre, consolidant le rôle du Port comme hub stratégique pour le transport automobile ».

Le trafic passagers demeure à un niveau élevé

Concernant le trafic de passagers, ils sont 1,5 million sur les lignes régulières de ferries et 2,4 millions pour les navires de croisière (dont 650 000 en tête de ligne), soit en tout 3.9 millions de passagers pour 2024, contre un peu plus de 4 millions (un record) en 2023. « Malgré une diminution de 4%, le trafic total des passagers reste à un niveau très élevé », note le GPMM.

Investissements: un niveau record pour le GPM en 2024

Alors que le port de Marseille-Fos dit avoir enregistré, sur la période 2020-2024, un chiffre d’affaires annuel moyen de 185 M€, les investissements ont atteint un niveau record en 2024, le GPMM mobilisant 99 M€ (+30%) dans ses installations.

Sur ce total, 47 M€ ont été consacrés à des projets liés à la transition écologique et la décarbonation :

  • 20,8 M€ pour le report modal des marchandises (projets ferroviaires Graveleau et Mourepiane) ;
  • 18,8 M€ pour la connexion électrique des navires à quai (qui sera opérationnel à partir de 2025 pour les paquebots) et les centrales photovoltaïques ;
  • 4,1 M€ pour le traitement des eaux de carénage ;
  • 3,1 M€ pour le verdissement du parc automobile.
  • 10 M€ ont été consacrés au développement des activités maritimes, dont 3.5 M€ sur les terminaux des vracs liquides.
  • 9 M€ ont été investis sur les grands projets d’aménagement : études pour le projet DEOS consacré à l’éolien flottant, extension du réseau d’eaux industrielles de la ZIF Caban.
  • 33 M€ sont allés à la modernisation des structures portuaires existantes.

99 M€ d’investissement en 2025

Pour 2025, le GPMM annonce un niveau d’investissement équivalent, avec de nouveau une enveloppe fixée à 99 M€. Celle-ci comprend 35 M€ pour la transition écologique et la décarbonation ; 32 M€ pour les activités maritimes, l’aménagement des bassins et des terminaux, le support des activités existantes ; ainsi que 32 M€ pour moderniser les infrastructures portuaires.