Conteneurs : le marché est suspendu aux décisions de la Maison blanche
Dans son analyse du marché de la conteneurisation, le Bimco annonce la couleur pour les prochains mois. Il sera en baisse. Plusieurs scénarios sont envisageables selon les décisions que l’administration de Donald Trump prendra.
L’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, pour un second mandat, a un impact au-delà des attentes. Le Bimco, dans son analyse trimestrielle sur le marché de la conteneurisation, prévoit “un affaiblissement de l’équilibre entre l’offre et la demande en 2025 et 2026”. Parmi les fondamentaux de ces prévisions, il considère un retour à la normale des routes par la mer Rouge et le canal de Suez. “Même si les navires ne peuvent emprunter cette route, nous estimons que l’équilibre entre l’offre et la demande doit s’affaiblir”.
Une croissance entre 3% et 4%, selon le Bimco
L’analyse macro-économique de la demande table sur une croissance entre 3% et 4% en 2025 et 2026. Un chiffre inférieur aux précédentes analyses. Une perspective qui doit être abaissée en s’appuyant sur les prévisions de l’OCDE. Les volumes pourraient perdre 0,2% de plus. Pour l’organisation internationale, le retour des navires en mer Rouge sera un élément important. « La reprise des routes par le canal de Suez peut impliquer une progression de 2% à 3% », indique le Bimco.
Le ralentissement économique mondial
Cependant, l’organisation a réalisé ces estimations avant l’annonce des taxes imposées par l’administration Trump. « La volonté du président de soutenir les industries américaines en augmentant les droits de douane sur les importations pourrait nuire davantage au marché de la conteneurisation que ce que nous avons inclus dans notre scénario de base. » Alors, le ralentissement de la croissance économique américaine se répercutera sur toute la planète. Déjà, les consommateurs américains réagissent à un surcoût des produits. L’indice de confiance se situe à son plus bas niveau depuis 2022. Par conséquent, « à ce stade, notre scénario le plus pessimiste indique que la croissance pourrait se terminer avec 0,5 % plus bas que dans notre scénario de base, soit une croissance de 2,5 à 3,5 % en 2025 et 2026. »
Une croissance de la flotte sans précédent depuis 2008
Pour sa part, l’offre n’est guère dans une meilleure situation. Pour mémoire, le Bimco rappelle que « la flotte a connu, en 2024, son taux de croissance le plus élevé depuis 2008 ». Seul point positif, la croissance de l’offre pourrait se réduire en 2025 et 2026. La situation actuelle du marché incite les opérateurs à se tourner vers les chantiers de démolition. Sur les 1,3 M EVP de capacité à recycler, à savoir des navires au-delà de 25 ans, « nous estimons que 662 000 EVP seront recyclés en 2025 et 2026 ». Des démolitions qui sont attendus pour le segment des navires de moins de 6 000 EVP quand ceux de 12 000 EVP à 17 000 EVP devraient augmenter.
Le rôle majeur de la situation en mer Rouge
De ce côté de la balance entre l’offre et la demande, le retour à une situation normale en mer Rouge joue un rôle majeur. Le Bimco estime que les vitesses de navigation retourneront aux niveaux opérés avant la crise de Suez. Ainsi, « nous avons inclus une réduction moyenne de la vitesse de 2 % pour 2025 et 2026. »
Un risque de congestion portuaire
Ce retour à des routes par le canal de Suez signifie un risque, à plus ou moins court terme, de congestion portuaire. En effet, en empruntant la voie par la mer Rouge, les armateurs vont avoir, au cours des premières semaines, des services longs et d’autres plus rapides. Or, les ports ont pu absorber la congestion. Cependant, selon les observateurs, elle peut se raviver rapidement.
Des perturbations en raison des taxes sur les navires chinois
Enfin, les menaces de nouvelles redevances aux États-Unis sur les escales des navires construits en Chine peut avoir un effet induit. Pour le Bimco, « les opérateurs chinois pourraient devenir non compétitifs sur le marché américain. Ils décideront, peut-être, de chercher à augmenter leur part de marché ailleurs. Dans le même temps, les opérateurs non chinois pourraient vouloir redéployer les navires construits en Chine en dehors des États-Unis. Par ailleurs, ils pourraient réduire le nombre d’escales dans les ports américains pour chaque service. Nous estimons qu’il pourrait en résulter des perturbations et des encombrements importants », s’inquiète l’organisation maritime.