Corridors et logistique

Fluvial : VNF lance un AMI pour un bateau autonome

VNF lance un appel à manifestation d’intérêt pour structurer une filière autour du bateau autonome fluvial. Un projet qui se concentre principalement sur le fret.

L’autonomie dans les transports entre dans la réalité quotidienne. Déjà, le port d’Anvers-Bruges a réalisé en ce début de semaine le premier trajet d’un camion autonome sur le réseau routier du port. La France n’est pas en reste. Convaincu de l’utilité de disposer d’une flotte autonome, VNF lance un appel à manifestation d’intérêt pour structurer la filière autour du bateau autonome.

Un AMI surtout pour le fret

« Cet appel à manifestation d’intérêt vise à fédérer les acteurs de la filière pour faire émerger des solutions concrètes, innovantes et durables en France », indique Cécile Avezard, directrice générale de Voies navigables de France. Et la directrice générale assure qu’il n’y aura aucun ostracisme. « Cet AMI est destiné au trafic de passagers, de fret ou pour la logistique urbaine. Nous voulons recueillir le plus d’éléments possible pour mettre le projet sur pied. » Un point de vue général tempéré par la réalité. Ce projet cible principalement le fret, nous a confié un responsable.

Fédérer des équipes de tous les univers

Pour VNF, cet AMI ne concerne pas uniquement des ingénieurs. « Nous avons besoin de juristes, d’experts en sécurité, d’économistes, de transporteurs, des chargeurs, des logisticiens. Tous ensemble, ils contribueront à créer un projet complet », précise Fionn Halleman, responsable innovation chez VNF. Des intervenants que l’établissement veut avant tout français. « Nous ne sommes pas opposés à voir des sociétés étrangères prendre part à ce projet à condition que la valeur ajoutée apportée le soit depuis le territoire français. »

Des projets attendus pour 2030

L’AMI est d’ores et déjà ouvert. Les dossiers de candidature peuvent être déposés sur le site de VNF. Pour le calendrier, les responsables s’accordent un délai jusqu’à l’été prochain. « Nous attendons de voir les projets qui seront déposés. Nous pensons pouvoir présenter un premier projet pour l’été prochain », indique Cécile Avezard. Ensuite, le développement pourra se faire sur une période deux à trois ans. Alors, le premier bateau autonome sur le réseau fluvial français pourrait naviguer dès 2029, voire 2030.

Un bateau autonome peu importe la motorisation

L’AMI ne met pas en exergue la recherche sur la motorisation. Ce paramètre n’est pas essentiel. « Nous souhaitons apporter une plus grande compétitivité au marché fluvial par ce type de bateaux. » Or, l’amélioration passe par la baisse des coûts de ce mode. Intégrée à la réflexion, Entreprises Fluviales de France (EFF), organisation regroupant les transporteurs fluviaux, se montre intéressée. « Nous regardons avec attention ce sujet. Il est un élément important pour notre compétitivité », souligne Aurélie Millot, déléguée générale adjointe.

Un élément de compétitivité du mode

Dans la filière fluviale française, le recrutement est sous tension actuellement. Tant VNF qu’EFF constate le manque de marins. Cette automatisation est aussi une réponse à cette dimension sociale. Les opérateurs l’assurent. Il ne s’agit pas de remplacer des marins mais plutôt de prévoir des départs à la retraite dans les prochaines années et aussi de répondre à des demandes particulières. Ainsi, le besoin de marins à différents endroits sans avoir la main d’œuvre disponible ni la capacité de transférer du personnel peut handicaper ce mode. « En automatisant des unités nous pouvons répondre à des besoins spécifiques sur des distances déterminées en pilotant la barge depuis un centre de pilotage décalé », nous explique des ingénieurs.

Éluder la question des assurances

Avant de disposer de ces unités fluviales comme des drones, la filière doit résoudre plusieurs éléments. En premier lieu, explique un opérateur, il faut régler les questions liées aux assurances. « Dans le maritime, il existe la responsabilité civile du propriétaire du navire et celle du chantier. Avec ces engins, il se peut que la responsabilité civile du roboticien intervienne. Nous ne trouvons pas de sociétés d’assurances françaises aptes à nous couvrir. » Et, il l’avoue, il mène des recherches sur les autres marchés européens de l’assurance.

Adapter les infrastructures

En second lieu, le bateau autonome est un élément d’un tout. Disposer d’une unité qui détecte les obstacles et avance seule peut se concevoir. Cependant, il faut adapter les infrastructures. Chaque écluse doit être équipée de capteurs pour permettre un éclusage en toute sécurité. Or, le financement de ces dispositifs relève de VNF. Dans une période restrictions budgétaires, le bateau autonome risque de se voir limiter à un bief.