Corridors et logistique

GNL : la fragilité des échanges entre la Russie et la Chine

Une étude d’Irina Mironova publiée par Cedigaz montre l’importance de la Russie sur le marché chinois du GNL. Les approvisionnements chinois se font plus par gazoduc que par des méthaniers.

Les échanges de gaz entre la Russie et la Chine continuent leur progression en 2025. Pour les producteurs russes, cette tendance des dernières années démontre qu’ils deviennent dépendants de la demande chinoise. Cependant, note l’auteure de l’étude, il existe une situation différente entre les intentions et la réalité du marché.

Un Mémorandum pour le gazoduc entre la Sibérie et la Chine

En effet, d’un côté, la visite de Vladimir Poutine en Chine en décembre a débouché sur la signature d’un mémorandum pour le projet « Power of Siberia ». Il prévoit la construction d’un gazoduc entre les installations sibériennes vers la Chine en passant par la Mongolie. Selon les spécialistes, ce texte est plus contraignant que les précédents. D’un investissement de plusieurs milliards de $, il viendra en complément de l’actuel gazoduc « Power of Siberia 1 ». Outre ce mémorandum, la Chine et la Russie ont négocié des volumes depuis le champ d’Artic LNG 2 vers le terminal gazier du port de Béhaï.

Une hausse saisonnière

D’un autre côté, la réalité semble différente, continue Irina Mironova. « Les importations chinoises de GNL en provenance de Russie ont augmenté de manière saisonnière en septembre. Néanmoins, il s’agit d’une hausse ponctuelle qui s’inscrit dans les tendances automnales habituelles. De plus, ces augmentations n’ont pas atteints des niveaux records. En effet, les livraisons cumulées de GNL entre janvier et octobre sont restées inférieures à celles de 2024. » La conclusion qu’en tire l’auteure est que la dynamique d’échanges entre les deux pays met en lumière une relation déséquilibrée. Ainsi, la Russie dépend de plus en plus de la Chine pour absorber le gaz redirigé par gazoduc et le GNL à prix réduit. De son côté, Pékin juge que le GNL continue de jouer un rôle d’équilibrage.

Une optimisation saisonnière plus que chronique

Les échanges de gaz entre la Russie et la Chine enregistrent des changements sur les dernières années. Ainsi, en septembre 2025, la Russie s’est classée troisième fournisseur de GNL de la Chine pour le mois. Elle suit l’Australie et le Qatar, et dépasse désormais la Malaisie. « Cette augmentation s’explique principalement par des facteurs saisonniers et une optimisation à court terme, plutôt que par un changement structurel dans les modèles commerciaux. » De plus, ce marché tend à diminuer. Depuis le début de l’année, les importations chinoises enregistrent une baisse de 16%. Le gaz russe doit aussi répondre à adapter sa logistique depuis l’impossibilité de transborder en Europe du GNL pour la Chine.

La position russe dépend de la situation géopolitique

Selon la note d’Irina Mironova, la capacité de la Russie à maintenir sa place dans les approvisionnements chinois dépend de plusieurs éléments. D’une part, le pays devra composer avec les niveaux d’utilisation de Yamal LNG. D’autre part, elle devra faire avec l’effet des sanctions sur Artic LNG2. Enfin, elle devrait trouver des ports de transbordements tout en veillant à la concurrence de l’Australie et du Moyen-Orient. Ensuite, la Chine dispose d’un atout. Actuellement, la Chine a suspendu ses importations de GNL depuis les États-Unis en raison des droits de douane. Dans l’hypothèse où ces droits s’assouplissent ou sont annulés, le GNL américain pourrait prendre des parts de marché. Or, les acheteurs chinois disposent de contrats à long terme de 20 Mt/an. La levée des droits de douane rendrait le marché chinois encore plus concurrentiel. Et Irina Mironova de conclure que « cela renforce l’idée que la position de la Russie sur le marché chinois, bien que significative, reste exposée aux changements dans les modèles commerciaux mondiaux. »