Corridors et logistique

Drewry : les taux de fret des conteneurs continuent leur descente

Après une fin d’année 2021 au plus haut pour les taux de fret, la fin de l’été 2022 semble plutôt se diriger vers une baisse. Les perspectives pour les prochaines semaines semblent confirmer la baisse entamée depuis la fin du premier trimestre.

Dans son analyse hebdomadaire, le consultant britannique Drewry annonce une baisse de 5% du World Container Index (WCI) en une semaine. « Il s’agit de la 27è semaine consécutive de baisse, indique Drewry. Comparativement à la même semaine de l’année passée, le WCI affiche une baisse de 43% ».

Les taux de fret ont perdu 45% en un an

Au début du mois de septembre, l’index composite de Drewry affiche un taux de 5 662$ pour un 40’. En septembre 2021, ce taux s’élevait à 10 377 $/40’, soit 45% plus haut que le niveau actuel. Néanmoins, si les taux de fret sont embarqués dans une baisse continue depuis presque sept mois, un taux de fret de 5 662$/40’ reste bien plus élevé que la moyenne des cinq dernières années.

Les taux restent supérieurs à la moyenne quinquennale

En effet, la moyenne de ces cinq années s’établit à 3 664 $/40’. Ainsi, en septembre 2022 les taux de fret restent encore 55% au-dessus de ceux de la moyenne depuis 2018. De plus, Drewry estime que le niveau moyen des taux de fret pour l’année reste encore à des niveaux élevés avec un taux à 7 928$/40’. En comparant ce taux de fret moyen de l’année à celui de la moyenne des cinq dernières années (3 664$/40’), en 2022, les taux de fret demeurent supérieurs de 4 265$/40’.

Baisse de 43% entre Shanghai et Rotterdam

L’analyse par routes maritimes est marquée par une baisse quasi généralisée. Ainsi, entre les ports de Shanghai et Rotterdam, les taux de fret perdent 5% en une semaine à 7 583$/40’. Sur un an, cette baisse s’établie à 43%. En sens inverse, les taux se maintiennent sur la semaine à 1 190$/40’ mais perdent 28% en un an.

De Shanghai à Gênes, une baisse hebdomadaire de 5%

En Méditerranée, la situation est identique. Les taux de fret entre Shanghai et Gênes se situent au 1er septembre à 7 971$/40’, soit une baisse de 5% en une semaine et de 41% en un an. Les seules hausses se retrouvent sur le transatlantique. Les taux de fret entre Rotterdam et New York s’estiment à 6 839$/40’, soit une baisse de 1% en une semaine mais une progression de 18% en un an. Quant aux taux de fret sur la route inverse, ils s’établissent à 1 282$ avec une progression de 10% en un an.

Le transpacifique n’est pas épargné

Sur le transpacifique, les taux de fret perdent de leur volume. Ainsi, entre Shanghai et Los Angeles, ils s’élèvent à 5 562$/40’, soit une baisse de 52% en un an et de 9% en une semaine. Sur la route Los Angeles à Shanghai, les taux ont perdu 12% en un an à 1 262$/40’. Enfin, de Shanghai à New York, les taux de fret s’évaluent à 9 304$/40’, en baisse de 38% en un an et de 3% en une semaine.

Une baisse continue pour les prochaines semaines

Selon Drewry, la baisse des taux de fret devrait continuer dans les prochaines semaines. Une analyse partagée par de nombreux commentateurs. Jérôme de Ricqlès, expert maritime chez Upply, voit pour les prochains mois « un atterrissage en douceur… pour l’instant ». Pour Lars Jensen, consultant maritime, les tendances décrites par Drewry se retrouvent avec le Shanghai Container Freight Index. Il a perdu 10% en une semaine sur les liaisons avec l’Europe et l’Amérique du Nord, indique Lars Jensen dans un post sur Linkedin.

Inflation et surstocks auront un effet négatif

Lars Jensen souligne que « nous sommes face à plusieurs éléments qui impactent le marché : l’entrée sur le marché de navires pour diminuer les effets de la congestion portuaire, la faiblesse de la consommation en Amérique du nord et en Europe en raison de l’inflation qui se profile, des industriels qui regardent avec attention leurs stocks et une baisse de production en Chine ». Une analyse que Jérôme de Ricqlès soutien avec des interrogations pour l’avenir. « Notre système économique basé sur une croissance quasi exclusivement dépendante de la consommation de produits de plus en plus majoritairement d’origine asiatique était un système déjà usé avant l’entrée dans la pandémie et ses effets révélateurs. En cette fin de premier semestre 2022, l’Europe apparaît tiraillée entre la tentation de prolonger encore un petit peu le système de l’ancien monde, et la volonté d’évoluer vers un nouveau modèle. Reste à savoir lequel, et avec quelles sources d’énergie », indique l’expert maritime de Upply.