GPM Marseille-Fos : une année 2022 qui gomme les effets de la pandémie
Avec un trafic de 77 Mt, en progression de 3%, le GPM de Marseille-Fos retrouve son niveau d’avant la crise sanitaire. Une croissance tirée par les marchandises diverses et les vracs liquides. Le port investi dans les industries vertes tout en conservant une fonction logistique.
Le GPM de Marseille-Fos a enregistré en 2022 un trafic de 77 Mt. En progressant de 3%, le port phocéen retrouve son niveau d’avant la crise sanitaire. Pour la direction du port, cette hausse, intervenue dans une période de crise mondiale économique et politique, donne la mesure. De plus, le port a su tirer son épingle du jeu dans cette situation en affichant quatre records de trafic.
La croissance des trafics de GNL
En premier lieu, s’agissant des vracs liquides, le GPM de Marseille-Fos a bénéficié de la croissance des approvisionnements en GNL. Par conséquent, les vracs liquides ont progressé de 5% à 45 Mt. Une progression qui s’inscrit dans la crise énergétique mondiale. Pour faire face aux risques liés à l’arrêt des approvisionnements de gaz russe, le port de Marseille-Fos a joué son rôle de stockeur en GNL. Sur les 12 mois de 2022, le port a réceptionné 8,5 Mt, soit 20% de ce courant. Pour assurer le remplissage des stocks, les acheteurs ont étendu les origines du GNL. Outre l’Algérie et le Qatar, pays traditionnellement présent dans le port phocéen, le gaz américain et norvégien est venu compléter ces origines. Quant au pétrole brut, les importations ont été perturbées en raison des mouvements sociaux dans les raffineries du pays et les arrêts pour maintenance de certains sites.
Vracs solides: un repli de 3%
Du côté des vracs solides, la tendance est inverse. Avec 11,4 Mt, le port de Marseille-Fos accuse un repli de 3% de ces flux. Une diminution en partie liée aux réductions d’importation de matières premières du groupe ArcelorMittal. L’activité des minerais a aussi été marquée par les crises successives liée à la hausse des prix de l’énergie. D’un autre côté, le terminal minéralier de Fos s’affiche en progression de 12%. Les opérations de stockage et de transbordement de houille en remplacement de la bauxite. Enfin, dans cette filière, le terminal de Caronte progresse aussi de 7% grâce aux entrées de ferrailles.
Diverses: un record pour les conteneurs
Dernier courant, les marchandises diverses se stabilisent avec 21 Mt, soit une hausse de 1% par rapport à l’année précédente. Dans ce secteur, le trafic conteneurs a enregistré un record en 2022 avec 1,5 MEVP, en hausse de 3%. Ce trafic a connu une année exceptionnelle en raison de la congestion des autres ports qui a amené les armateurs à se tourner vers le port phocéen. Une situation qui a prévalue au cours du premier semestre. Le troisième trimestre a été stable par rapport à celui de 2021. Enfin, en décembre, l’inflation a ralenti la consommation et, par voie de conséquence, le trafic conteneur s’est contracté.
Augmentation du nombre de voitures neuves
Outre le trafic conteneurs, les marchandises diverses du port de Marseille-Fos se compose de remorques et de voitures neuves. En 2022, Marseille-Fos a accueilli 240 000 unités, une progression de 7% par rapport à l’année précédente. Quant au voitures neuves, elles s’inscrivent dans la même veine avec une augmentation de 17% par rapport à l’année passée à 241 000 unités.
Le fer gagne des parts de marché
Regardant du côté terrestre, le port de Marseille-Fos a enregistré en 2022 une part modale de son trafic avec une croissance du ferroviaire. Si la route conserve sa première place dans les pré et post acheminements avec environ 80%, le ferroviaire a gagné des parts de marché. En 2022, le fer a amélioré sa part modale de 0,4 points pour finir à 16% en 2022 contre 15,6% un an plus tôt. De son côté, le fluvial a totalisé un trafic de 2,1 Mt, en progression de 4,5% par rapport à 2021.
230 000 EVP en ferroviaire
Pour aller plus en détail, la part modale des trafics conteneurisés montre que le ferroviaire a tiré son épingle du jeu en 2022. L’année passée, le ferroviaire a transporté 230 000 EVP pour les terminaux portuaires phocéen, en progression de 4%. Et le port souligne que la part modale du ferroviaire est encore plus élevée à Fos où ce mode recouvre 17% des pré et post acheminements. Les premiers tests par CargoBeamer d’une ligne depuis le Terminal Roulier Sud vers Calais laisse espérer de nouveaux débouchés pour ce mode. De plus, en 2022, CMA CGM a ouvert deux lignes depuis les terminaux à conteneurs vers le port fluvial allemand de Duisbourg. Des nouveautés qui devraient encore accroître le poids du ferroviaire à Marseille-Fos.
Fluvial, en baisse de 10%
Du côté du fluvial, la situation est plus compliquée. En 2022, ce mode de transport a rassemblé 66 000 EVP, soit 10% de moins que l’année précédente. La part modale du fleuve s’établie à 5% en 2022 pour les conteneurs pour tous les terminaux. Une part modale qui s’accroît à 5,5% pour les bassins ouest, les seuls à être connectés au Rhône.
Investissements: une enveloppe de 60M€
Parallèlement aux trafics, le GPM de Marseille-Fos a consacré une enveloppe de 60 M€ en 2022 pour ses investissements. Le tiers de cette enveloppe a été consacrée à des projets liés à la transition énergétique. Ainsi, le port a continué son programme pour la connexion électrique des navires à quai. Mené depuis 2017, ce programme a d’abord concerné les navires reliant le continent et la Corse. En 2022, de nouveaux équipements pour les ferries en provenance du Maghreb au Cap Janet ont été mis en place. En 2023, le port étendra ces équipements vers le terminal croisière. Au total, l’investissement pour la connexion électrique des navires coûtera 50 M€ pour tous les terminaux.
Le développement de la filière de l’éolien offshore
D’autre part, le port phocéen développe une filière autour de l’éolien offshore. Le projet Provence Grand Large, composé de trois éoliennes sur flotteurs de 25 MW chacune, s’ancre à Marseille-Fos. Pour permettre à ce projet de se développer sur les quais marseillais, le GPM a investi dans le renforcement du quai Gloria pour le chargement de colis lourds nécessaires à ce projet. Derrière Provence Grand Large se dessine une ferme plus grande. Le port de Marseille-Fos s’est porté candidat pour servir de base logistique. Il a réservé 80 hectares sur le port pour y développer cette filière.
Le futur hub pour l’hydrogène
Toujours dans cette veine des nouvelles industries plus vertes, Marseille-Fos investi pour devenir un futur hub pour l’hydrogène. Le premier projet concerne H2V qui s’étendra sur 36 hectares. Il est prévu de démarrer par tranches à partir de 2026 jusqu’en 2031 pour produire, en pleine production, 84 000 t d’hydrogène par an. Pour H2V, le GPM Marseille-Fos prévoit d’investir 750 M€ jusqu’en 2031. Un autre projet prévoit de créer une usine pour produire du minerai de fer pré-réduit à partir de réaction avec de l’hydrogène.
Maintenir une activité logistique
Si le port phocéen se développe vers de nouvelles filières, il n’en reste pas moins un acteur de la chaîne logistique. Le port de Marseille-Fos dispose à ce jour d’un million de m2 d’entrepôts répartis entre Distriport 1, La Feuillane Sud et la Feuillane Nord. Arrivés à saturation, ces espaces doivent être étendus. Alors, le port a décidé de créer Distriport 2. Une zone qui va nécessiter un investissement de 500 M€ avec une mise en service entre 2023 et 2026. Par ailleurs, la zone de la Feuillane Nord sera étendue sur 50 hectares.
Investir dans le ferroviaire
Dans le cadre du développement de la part modale ferroviaire, le port de Marseille-Fos investi dans ce mode, notamment à Marseille. Le port prévoit de reconstituer les fonctionnalités ferroviaires de la gare du Canet. Entamé en 2020, le projet a continué en 2022 avec des études. En 2023, le port finalisera la première phase des travaux. Enfin, la « virgule ferroviaire » de Fos Graveleau, qui consiste en la création d’une liaison ferroviaire entre les faisceaux en arrière des deux terminaux à conteneurs, poursuit son avancement. En 2023, les travaux de longrines des portiques ferroviaires débuteront en juin et s’étendront sur environ 15 mois. Ceux de réalisation de la plateforme support des voies ferrées, puis ceux de pose des équipements de rails et de la signalisation ferroviaire débuteront en juillet.