Corridors et logistique

Céréales : l’Ukraine cherche un nouveau corridor

Après le refus de la Russie de prolonger l’accord du corridor humanitaire depuis les ports ukrainiens de mer Noire, Kiev cherche à maintenir ses exportations céréalières.

Le 1er octobre, cinq navires attendent devant les ports ukrainiens de mer Noire pour charger des céréales. Dans un post sur X (ex Twitter), le vice-Premier ministre de l’Ukraine, Oleksandr Kubrakov, annonce le chargement de trois navires avec des céréales et des minerais de fer. Les navires ont quitté les ports de Chornomorsk et Pivdenniy. Trois autres navires attendent sur rade pour charger dans les ports ukrainiens.

Des routes le long des côtes bulgares et roumaines

Ainsi, Kiev annonce avoir instauré des corridors humanitaires protégés par la marine ukrainienne. Les navires longent les côtes de Bulgarie et de Roumanie avant d’emprunter le détroit du Bosphore. Une alternative pour éviter les attaques de la marine russe. Cette solution permet de contrecarrer le refus de Moscow de prolonger l’accord des corridors humanitaires en juillet.

Les ports ukrainiens diminués

Le Kremlin accuse Kiev de profiter de corridors humanitaires pour importer des armes. Néanmoins, ces chargements de navires se réalisent dans des conditions périlleuses. En effet, au cours de l’été, l’armée russe a bombardé plusieurs installations portuaires d’Odessa et de Chornomorsk. Si les frappes russes n’ont pas touché de navires commerciaux, les ports ukrainiens voient leurs capacités de chargement sérieusement réduites.

Exporter la production ukrainienne par l’UE

Pour faire face à cette situation, les Ukrainiens empruntent des voies alternatives en exportant leur production par les ports des pays voisins de l’Union européenne. Or, si les Ukrainiens profitent de cette voie terrestre, les pays concernés ne le voient pas d’un bon œil. Effectivement, en Pologne et en Slovaquie, les agriculteurs se plaignent d’une concurrence déloyale avec les céréales ukrainiennes qui prennent des parts de marché.

Lever les restrictions de certains pays

Le 15 septembre, l’Europe a prolongé cette dérogation pour les exportateurs ukrainiens d’entrer sur le territoire européen sans droits de douanes. Le 2 octobre, une rencontre entre Volodymyr Zelenskiy et Ursula von der Leyen, a débouché sur la promesse de « maintenir un dialogue constructif pour lever les restrictions de certains pays européens à l’encontre des céréales ukrainiennes. »

Les Nations unies négocient un nouvel accord

Alors, si les négociations entre l’Ukraine et l’Union européenne continuent, les Nations Unies négocient pour réactiver les corridors humanitaires en mer Noire. « L’important est de permettre aux céréales ukrainiennes d’arriver sur les marchés mondiaux », a déclaré Rebeca Grynspan, chargée de trouver un accord avec la Russie. Pour sortir de cette situation de tension en mer Noire, la seule voie demeure un accord entre tous les partenaires, souligne la responsable des Nations Unies.

L’accord irréaliste des Nations unies

Selon une dépêche de Reuters, outre les conditions politiques de ce corridor, le monde de l’assurance reste un élément clé. Le président des Lloyd’s of London indique être prêt à trouver des solutions pour les navires qui emprunteront ces corridors. Néanmoins, ces efforts doivent aussi composer avec le gouvernement russe. Un projet d’accord présenté par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, semble « irréaliste », selon le ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, cité par Reuters.

Une plateforme avec l’Afreximbank

Moscou demande à pouvoir réintégré le système de paiement bancaire international, Swift pour exporter ses propres productions céréalières et d’engrais. Or, les sanctions contre la Russie excluent le pays de ce système. Pour contourner ces sanctions, les Nations unies discutent avec Afreximbank, la banque africaine pour les importations et les exportations. L’objectif est de créer une plateforme pour le paiement de produits agricoles russes aux pays d’Afrique. Actuellement, selon certaines sources, la Russie exporte des céréales vers des pays d’Afrique par un système de troc.