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La Rochelle : un trafic en hausse de 12,5%

Le Grand port maritime de La Rochelle a terminé l’année 2018 avec une hausse de son trafic de 12,5% à 9,6 Mt. Une croissance qui se décline sur toutes les filières.

« En début d’année 2018 nous annoncions une progression à deux chiffres. Nous avons tenu nos engagements », a commencé par déclarer Michel Puyrazat, président du directoire du Grand port maritime de La Rochelle. Pari tenu pour Port Atlantique La Rochelle dont le trafic frôle les 10Mt avec une hausse de 12,5%. Avec un trafic de 9,6 Mt, La Rochelle réalise son troisième meilleur score de la décennie après celui de 2015 à 9,8 Mt et de 2013 à 9,7 Mt. Pour le port charentais la situation reste inscrite dans une dynamique de croissance que la direction espère pérenne.

La hausse générale des trafics se décline sur presque toutes les filières. « La croissance en dent de scie tient principalement aux céréales. La mauvaise campagne 2016 a impacté les trafics pendant deux ans », a expliqué le président du directoire. La bonne campagne céréalière 2017 a permis de retrouver un niveau de trafic équivalent à celui des années précédents la campagne de 2016. En 2018, ce courant a enregistré une hausse de 23% à 3,9Mt, profitant de la fin de la campagne 2017 et le début de celle de 2018, et ce malgré un attentisme des négociants en céréales sur la première partie de la campagne. Toutes les céréales enregistrent une bonne année. Le blé affiche une hausse de 20,6% à 2,8 Mt, signe de la reprise du trafic lié à la bonne campagne céréalière de 2018. L’orge s’inscrit dans la même tendance avec une croissance de 4,6% à 713 665 t. Le maïs et les oléagineux progressent plus avec 150% de hausse. Ce courant conserve sa place prépondérante avec 41% du trafic global. La seconde filière du port charentais revient aux produits pétroliers qui pèsent 30% . Ils ont progressé de 11,2% à 2,8 Mt. Pour Michel Puyrazat, cette bonne tenue des trafics de produits pétroliers est le reflet de la consommation locale. Plus qu’une hausse structurelle il s’agit d’un rattrapage de l’année précédente. En 2017, des travaux sur l’appontement pétrolier a amputé d’une partie du trafic des produits pétroliers. En 2018, les produits pétroliers retrouvent donc leur niveau d’avant 2017.

Les produits forestiers s’inscrivent dans la même tendance avec une hausse de 13,9% à 867 415 t. Une filière dominée par la pâte à papier qui pèse 84% de ce trafic. Un courant qui a gagné 15% en 2018. « Nous sommes le second port européen d’importation de ce produit », affirme Michel Puyrazat. Les autres trafics des produits forestiers, le sciage et le placage, affichent aussi une croissance mais dans une moindre proportion.

Les produits pour le BTP ont enregistré une bonne progression avec une hausse de 6% du sable et des autres produits. Au global, les produits du BTP totalisent 1,07 Mt, en progression de 14,3%. Le centre de broyage du port a vu ses produits augmenter. Les entrées de clinker sont aussi en hausse.

Du côté obscur, les vracs agricoles sont en baisse en 2018. Ils perdent 20,8% à 780 270 t. Une diminution attribuée à l’alimentation animale que les engrais manufacturés n’ont pas réussi à compenser. En 2018, les acheteurs d’alimentation animale ne se sont pas approvisionnés sur les marchés étrangers, restreignant ainsi les importation par le port de La Rochelle. Une autre explication à la baisse de ces produits peut aussi tenir au choix portuaire. À Nantes Saint-Nazaire, l’alimentation animale n’a perdu que 0,4%. Pour Francis Grimaud, directeur d’EVA et président de l’Union maritime, les investissements réalisés au cours des précédents mois devrait permettre à cette filière de reprendre du « poil de la bête ». « Nous prévoyons un trafic de 250 000 t en 2019 contre 130 000 t en 2018 », a déclaré Francis Grimaud. Enfin, avec 6 577 EVP, le trafic conteneurisé a augmenté de 7,7%.

Le ferroviaire : 14% de part modale

En ligne avec le trafic portuaire, le ferroviaire en lien direct avec le flux maritime a progressé de 15% à 1,38 Mt. Une reprise du trafic qui aurait pu être au même niveau que le trafic 2015, qui avait totalisé 1,7Mt, si les mouvements sociaux de la SNCF n’avaient pas handicapés ce mode. En ajoutant les flux pour Gratecap et Solvay, le trafic ferroviaire sur le réseau portuaire a atteint 1,4 Mt soit une hausse de 14%. Au total, le ferroviaire représente 14% de parts modales dans les pré et post acheminements.

Le trafic ferroviaire a augmenté de 14% sur le réseau portuaire en 2018. ©Olivier Benoît

Port Atlantique La Rochelle est à six points de l’objectif inscrit dans la loi de réforme portuaire de 2008 qui préconise une part de 20% des transports massifiés. L’analyse fine des flux ferroviaires montrent que certains produits ont largement dépassé l’objectif fixé par le loi de 2008. Le trafic ferroviaire pèse 86,6% dans la filière céréalière, dans la pâte à papier il représente 11,4%, il entre pour 1,7% dans les vracs liquides et se situe à 0,3% pour les conteneurs.

Investissements : 53M€ investis par le secteur privé

Les investissements réalisés sur le port par les entreprises privées ont totalisé 53M€ en 2018. Un majorité de cette enveloppe a été consacrée par le groupe Soufflet, et sa filiale locale Socomac. Le 23 mars, le silo a inauguré son nouvel équipement qui lui apporte une capacité de 63 000 t supplémentaires. Le groupe Bolloré, en charge de la manutention, a investi 3M€ dans une bande transporteuse et dans un nouveau poste de chargement du silo. La Sica Atlantique a investi 8M€ dans le grainoduc. Celui-ci relie les silos Bertrand au portique de chargement. L’investissement a consisté à mettre en service une passerelle aérienne capotée pour éviter les émissions de poussières, qui relie les silos au poste de chargement. EVA, la filiale de la Sica Atlantique a aussi investi dans de nouveaux hangars. Le groupe disposera désormais de 10 000 m2 à l’Anse Saint-Marc. Ils sont opérationnels depuis le mois d’octobre. Ils devront permettre de stocker des volumes plus importants pour l’alimentation animale, et notamment pour les tourteaux de soja et de tournesol. Sur l’Anse Saint-Marc 2, le groupe prévoit d’investir pour relocaliser les hangars précédemment en dehors de la circonscription portuaire sur le site portuaire.

L’autorité portuaire n’a pas été en reste. Le port a fini l’aménagement du port de service et pour le site de valorisation des sédiments. « Nous sommes dans une phase basse d’investissement au niveau de l’autorité portuaire parce que nous sommes en préparation de Port Horizon 2025 », a indiqué Michel Puyrazat. En 2019, le port s’est doté d’une enveloppe de 9,2M€ dont 4,2M€ principalement co-financés dans le cadre du plan État-Région portant essentiellement sur la modernisation du réseau ferroviaire du port, l’aménagement de La Repentie et le développement du terminal de Chef de Baie. Le solde, 5M€, sera consacré à différentes opérations sur le port. L’année 2019 sera surtout celle du nouveau plan stratégique du port. Il s’agit d’abord de faire un bilan des résultats du précédent projet stratégique pour tenter de s’engager sur les opportunités du port. Un élément essentiel pour le président du directoire. « La gouvernance ne fait pas tout dans le port, a expliqué Michel Puyrazat, c’est le projet stratégique qui fait le port. » Et la gouvernance est actuellement au premier plan avec le renouvellement des instances. Interrogé sur des possibles remplacement à la tête des équipes des différentes instances, le président du directoire s’est montré comme à son habitude un sportif dans l’âme : « on ne change pas une équipe qui gagne ». Quant à devenir un port régional comme il en est question sur l’évolution de la gouvernance des Grands ports maritimes, les réponses sont floues. « Nous sommes dans une dynamique de croissance et il ne faut pas nous couper l’herbe sous les pieds. Nous devons avoir une présence des instances locales mais il faut que nous conservions notre financement national ». Ainsi, la volonté de rester dans la cour des GPM est clairement annoncée.

Et pour 2019, la dynamique de croissance devrait se maintenir. Le port prévoit une nouvelle croissance de 3 à 4%. « nous devrions frôler voire dépasser les 10Mt », assure Michel Puyrazat. Et c’est sur le ferroviaire que les perspectives sont les plus encourageantes avec la mise en service du nouveau silo de la Socomac, « à condition qu’aucun mouvement social ne vienne perturber l’année », a aussitôt rappelé le président de l’Union maritime, Francis Grimaud.

Hervé Deiss