Douanes : les syndicats continuent leur mouvement
Après la réunion du 12 mars entre le ministre de l’Action et des comptes publics et les représentants syndicaux de la DGDDI, le représentant de l’État a entendu la colère des douaniers. Il a proposé des ajustements salariaux. Les personnels des douanes ont jugé ces propositions trop inférieures à ce qu’ils demandent et continuent leur mouvement social.
Outre Manche, le gouvernement tente une sortie de l’Europe dans des conditions honorables. De ce côté-ci de la mer, les choses s’enveniment. Les douaniers ont décidé le 13 mars de prolonger leur mouvement de grève. À l’origine de la grogne sociale des douaniers, des revendications sur les salaires, les conditions de travail et les inquiétudes grandissantes à propos du Brexit avec la surcharge de travail (voire notre article). Lancé dès le 4 mars, le ministre de l’Action et des comptes publics, Gérard Darmanin, a reçu le 12 mars les représentants syndicaux. À l’issue de la réunion, l’intersyndicale, formée par Unsa, CGT, CFDT, Solidaires, FO et CFTC, a diffusé un texte avec les propositions du ministère. Ce dernier propose une enveloppe de 14 M€ qui sera versé sous forme d’indemnité pour tous les agents. Cela représente une augmentation moyenne de 70€ brut par mois et par agent. Sur les conditions de travail, la charge de travail, les locaux, l’habillement, il propose l’ouverture d’un cycle de discussions avec des réponses concrètes sous trois mois.
Des propositions qui devaient recevoir une réponse de la part des syndicats avant le 13 mars à midi. Les différents syndicats sont retournés auprès de leurs adhérents pour leur demander leur avis. « Après la consultation la plus large possible, l’intersyndicale a refusé de signer le projet proposé par Bercy », indique un communiqué de l’intersyndicale. « Nous avons relayé cette réponse aux douaniers en mouvement. Ils considèrent que ces réponses sont très en deçà des revendications. Nous vous demandons donc de formuler d’autres propositions que nous relaierons auprès de l’ensemble des douaniers », ont répondu les syndicats.
Un paradis fiscal et douanier aux portes de l’Union européenne
Et pour aller encore plus lion et rester sur le thème du Brexit, l’Unsa Douanes a publié un texte sur les inquiétudes de ses membres. Il « alerte sur les risques imminent de création d’un paradis douanier et fiscal aux portes de l’UE et surtout de la France. Dumping fiscal, contrebande et blanchiment sont des enjeux auxquels les douaniers français devront faire face dès le 29 mars en l’état actuel de la situation. » Alors, l’intersyndicale réclame la mise en œuvre de moyens humains et matériels et de « justes compensations liées à l’effort que devront fournir les douaniers. »
Le mouvement né dans les Hauts de France s’est rapidement étendu à tout le territoire. Les deux ports de Calais et Dunkerque sont touchés par le mouvement. La situation semble se porter mieux uniquement « parce que le préfet a ordonné le détournement des camions », indique un texte de la CGT. Les sites aéroportuaires de Lyon, Roissy et de Limoges procèdent à des contrôles renforcés. À La Rochelle, les contrôles sont renforcés et, par voie de conséquence, le pont de l’Île de Ré est saturé. Enfin, à la gare du Nord, les passagers en direction de Londres par l’Eurostar subissent des contrôles entraînant un retard allant jusqu’à 3h30 pour certains trains. Et la suite ? Les douaniers attendent de nouvelles propositions et réunions avec le ministère. Il reste que les différents votes du Parlement britannique seront aussi une voie pour savoir comment le Brexit va se dérouler. Si les ports sont prêts pour un Brexit dur sans accord, les premiers jours, des grains de sable risquent de venir gripper la fluidité du trafic. Alors si les douaniers font la grève du zèle, ce ne sera pas un grain de sable qui va gripper la machine mais un roc, « que dis-je un cap ».