Politique

Le G7 de Biarritz se penche sur le transport maritime et l’environnement

Quelques heures avant l’ouverture du G7 à Biarritz, le 24 août, le président de la République française, Emmanuel Macron, a repris à son compte la réduction de vitesse des navires pour réduire les émissions de CO2. L’avenir dira s’il s’agit d’un prêche dans le désert ou d’une future législation. Profitant de ce sommet international et des préoccupations environnementales, le président directeur général du groupe CMA CGM a apporté sa pierre à l’édifice en rejetant l’idée d’emprunter la route arctique.

L’idée n’émane pas de l’Élysée mais l’appui d’Emmanuel Macron pourrait bien faire avancer les choses. Dans son allocution aux français du 24 août, Emmanuel Macron s’est prononcé en faveur de la réduction de la vitesse des navires. « J’ai voulu que ce G7 soit utile et donc nous devons répondre à l’appel de l’océan qui est derrière moi ici à Biarritz et à l’appel de la forêt qui brûle aujourd’hui en Amazonie de manière là aussi très concrète. Donc nous allons agir pour l’océan de manière très solennel : pour la première fois nous allons nous engager : avec les transporteurs maritimes pour réduire la vitesse, ce qui est l’un des moyens les plus efficaces pour réduire les émissions, c’est la première fois qu’on le fait et c’est un vrai changement ; avec les producteurs de textile — les plus grands du monde entier, presque la moitié de l’industrie — Ils vont avec nous s’engager pour là aussi pour réduire les émissions et les déchets : 30 % des déchets que vous avez dans l’océan viennent de l’industrie textile, 8 % des émissions de CO2 que vous avez dans le monde viennent de l’industrie textile. C’est plus que l’ensemble des vols internationaux et des transports maritimes.  »

Face à la France, une proposition défendue par l’Allemagne, le Danemark et l’Espagne

Emmanuel Macron a apporté son soutien à la proposition faite par le ministre de la transition écologique au mois d’avril, à l’époque François de Rugy. Lors de la présentation de cette proposition le ministère expliquait que « la régulation de la vitesse constitue une mesure très efficace pour plafonner les émissions des navires au plus vite. La vitesse a en effet un impact fort sur la consommation : un pétrolier réduisant par exemple sa vitesse de 12 nœuds à 11 nœuds réduit sa consommation de 18 % et de 30% à 10 nœuds. En outre, cette action ne nécessite pas d’investissement technologique coûteux et elle peut être contrôlée par des moyens existants. » Cette proposition devant être présentée à l’OMI se verrait ensuite agrémenter d’un plafond d’émissions de gaz à effet de serre pour sa flotte avec le choix des moyens pour le respecter (régulation de la vitesse, amélioration de l’efficacité énergétique, etc.). Un texte que le gouvernement a préparé en concertation avec les professionnels du transport maritime.
Quelques jours après la proposition française, le Danemark, l’Allemagne et l’Espagne ont proposé leur projet pour une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Détaillé dans un article de Splash, ce projet propose une approche plus libre pour les armateurs. Ils seraient libres de procéder à des améliorations opérationnelles sur leurs navires avec des incitations pour le nettoyage des coques et le retrofitting des bulbes. L’idée serait une plus grande liberté aux opérateurs avec une obligation de résultat.
Une approche différente de la France mais avec un objectif commun  : la réduction des gaz à effet de serre.

Le Yong Shen 1, premier navire de Cosco à avoir réalisé un voyage de Dalian à Rotterdam par la route arctique en août 2013. © Ries van Wendel de Joode

Et puisque ce sommet international concentre une partie de ses réflexions sur le transport maritime et l’environnement, le président directeur général du groupe CMA CGM, Rodolphe Saadé, a indiqué que les navires de la flotte n’emprunteront pas la route arctique du nord. « Riche d’une biodiversité unique et encore méconnue, l’Arctique est indispensable à la régulation des courants et du climat mondial. Son utilisation massive présenterait un réel danger pour les écosystèmes naturels exceptionnels de cette partie du globe du fait notamment des risques d’accidents et de pollution aux hydrocarbures ou encore de collision avec les cétacés », a souligné Rodolphe Saadé. Si pour certains, l’utilisation de cette route pour des navires porte-conteneurs dispose d’un potentiel, elle présente un inconvénient de taille en ne proposant que peu de marchés intermédiaires entre l’Asie et l’Europe.