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Brexit : embouteillages dans les négociations et sur le lien maritime

À 27 jours du Brexit, les négociations entre le commissaire européen et le gouvernement britannique s’enlisent. Sur le terrain, les camions s’agglutinent dans les ports pour reconstituer les stocks. Du côté opérationnel, en France, le dispositif se met en place.

Un peu passé au second plan pendant cette année 2020 marquée par la crise sanitaire, le Brexit revient sur le devant de la scène en ce début de mois de décembre. Les négociations entre Bruxelles et Londres continuent. La menace d’une sortie de la Grande-Bretagne sans accord, le « No Deal », n’est plus une vue de l’esprit. Tout reste possible.

Décider des relations entre UE et Grande-Bretagne

e 3 décembre, les négociateurs européens, menés par Michel Barnier, ont annoncé que le gouvernement de Londres devait décider du type de relations à avoir avec l’Union européenne. Toute la difficulté de l’exercice est de positionner le curseur au bon endroit pour satisfaire les deux parties. Selon un article de France 24, les négociateurs de l’UE sont arrivés au bout de leur proposition.

Aides d’État au menu

Le Brexit comprend trois dossiers importants qui concernent le monde des transports. Le premier vise les conditions de pêche pour les professionnels britanniques et européens. La deuxième pierre d’achoppement concerne les conditions de concurrence. Les européens accepteraient un accord sans droits de douanes ni quotas. La condition sine qua non serait que la Grande-Bretagne respecte les normes environnementales européennes mais aussi sur les aides d’État. La crainte de voir le gouvernement de Londres aider les entreprises inquiète les milieux portuaires. Le dernier point vise la gouvernance. L’Europe souhaite mettre en place un tribunal arbitral en charge des règlements des différends.

Deal or No Deal, that is the question

L’hypothèse d’un No Deal n’est plus écartée. Cela signifierait pour les deux parties des relations commerciales basées sur les termes de l’Organisation mondiale du commerce. En attendant les négociations, sur le terrain, les choses s’amplifient. La presse se fait l’écho de nombreux embouteillages des liaisons entre la Grande-Bretagne et l’Europe, notamment sur le Détroit du Pas-de-Calais. Les Britanniques reconstituent leurs stocks. Déjà, avant mars 2019 et la première date du Brexit, les distributeurs britanniques ont fait appel aux produits européens dans l’hypothèse d’un No Deal. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les routiers acheminent de nombreux produits.

Un dispositif Brexit au Havre

Alors que les négociations sur le Brexit piétinent, en France, le gouvernement s’active. Lors d’un déplacement au port du Havre, le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, est venu faire le point sur le dispositif « Brexit » mis en place sur le port, tant sur la partie infrastructures nécessaires à sa bonne gestion, que sur l’offre de solution complémentaire de connexion entre la France et l’Irlande.

Contrôles des marchandises

L’entrée en vigueur des nouvelles relations commerciales entre l’UE et la Grande-Bretagne impliquent des changements. « La perspective d’un « No Deal» ne pouvant à ce stade être exclue, il faut s’attendre à la mise en place de contrôles des marchandises à la frontière avec la nécessité, pour les entreprises de remplir des déclarations d’importation, d’exportation, d’obtenir, le cas échéant, des certificats sanitaires ou phytosanitaires, etc. », ont souligné Haropa et les différentes administrations concernées (Sous-Préfecture, Ports de Normandie, PAF, Douanes, SIVEP, transporteurs etc).

Maintenir la fluidité du passage portuaire

Concrètement, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne implique un retour des contrôles de la marchandise par les Douanes, l’obligation de contrôles vétérinaires, sanitaires et phytosanitaires sur les marchandises d’origine végétale ou animale, et enfin, le renforcement probable des contrôles immigration sur les personnes (PAF). Des nouvelles dispositions qui vont devoir se faire avec un objectif : fluidifier le passage portuaire à l’importation comme à l’exportation. « Notre priorité au Port du Havre a été de tout mettre en place, avec nos partenaires, pour que le passage de la marchandise demeure fluide notamment à l’import, en veillant à ce que les temps de contrôles soient courts pour éviter les engorgements sur le terminal », a rappelé Baptiste Maurand, directeur général du Port du Havre. Des aménagements qui ont représenté un montant de 1,75 M€.