Juridique et social

La marine marchande face à la difficile situation des relèves

Le Covid 19 n’en finit pas de soulever des questions humaines et logistiques. La relève des équipages à bord des navires pose de nombreux soucis pour les armateurs. Un article de Caroline Britz, publié par Mer et Marine.

Alors que la pandémie de coronavirus affecte désormais une très grande partie du monde, les marins et leurs armateurs, en France comme ailleurs, se retrouvent confrontés à d’immenses difficultés sanitaires et logistiques. Il s’agit d’abord d’embarquer ou de débarquer, ce qui s’avère de plus en plus compliqué par la réduction drastique des liaisons aériennes de et vers la France, ainsi que des fermetures de frontières de certains pays dont de nombreux marins sont ressortissants comme les Philippines ou l’Ukraine.

Le pavillon recommande de limiter les relèves à l’étranger

Face à cette situation, le Registre International Français conseille « dans la mesure du possible, de limiter ou de différer les relèves d’équipage effectuées à l’étranger ». Il s’agit également de ne pas contaminer les bords lors des relèves, ce qui amène un nombre croissant d’armements soit à annuler les relèves d’équipage soit à placer les bordées embarquantes en quatorzaine préventive. Et peut-être, d’ici quelques temps, à en faire de même pour les marins débarquant selon le temps passé à bord. Les compagnies accueillant du public, comme les ferries, ont quant à elles limité au maximum les contacts entre leurs navigants et les passagers en confinant ces derniers dans les cabines et, de plus en plus, en se limitant au fret. « Nous sommes en contact permanent avec l’administration, le pavillon et le gouvernement, tout le monde est sur le pont » précise-t-on chez Armateurs de France où on rajoute que « la priorité actuellement est vraiment de trouver des solutions aux enjeux sanitaires et de protéger nos marins qui sont aux avant-postes stratégiques du ravitaillement du pays ».

Les syndicats demandent des garanties à l’État

Du côté des syndicats réunis en intersyndicale, les questions sont nombreuses. Dans une communication commune d’hier soir, ils demandent à l’État « la mise en place d’un numéro dédié pour proposer à la fois l’assistance psychologique et l’étude sans délai des demandes d’assistance et rapatriement, le déclenchement de tous les moyens possibles de l’État en suivi des demandes, même individuelles, sans limite de coût, afin d’apporter des solutions rapides à toute situation de détresse ». Par ailleurs et dans un contexte où le gouvernement s’est engagé à une continuité du ravitaillement du territoire, l’intersyndicale demande à l’État «d’établir la liste des activités maritimes essentielles à la Nation pour prioriser tous les efforts de relèves sur les navires concernés» et « d’organiser, pour cas de force majeure, les mises à l’arrêt des navires non essentiels à la Nation, en régime de garde minimale, dans les ports dont l’État aura identifié la capacité à organiser du mieux possible les rapatriements et relèves des personnels nécessaires. »
Pour les navigants travaillant dans les ports, ils veulent voir l’établissement des « plans de continuation portuaires pour concentrer les services de remorquage sur les missions de sécurité et manœuvres prioritaires, dans la perspective probable d’effectifs réduits ».

Un dépistage plutôt qu’une quarantaine

Face à la généralisation de la mise en place de quarantaine, les syndicats appellent à la mise en place de « centres de dépistage Covid-19 avec le service de santé des gens de mer avant embarquement pour limiter le risque de contamination à bord par des porteurs peu ou pas symptomatiques ». Un accès au dépistage qui pourrait être facilité à tous, à bord ou en congés, pour maintenir le principe de dépistage des « cas contacts » à bord comme pratiqué en niveau 2 du plan épidémie. Pour mémoire, la France ne pratique pas actuellement, contrairement à d’autre pays, le dépistage du Covid reste plus ou moins réservé aux soignants et aux personnes hospitalisées.