Ports

Ports d’Afrique: six recommandations pour un secteur efficient

Dans un rapport publié par le cabinet de conseil en stratégie Okan et le CEO Africa Forum, les auteurs mettent en avant les six recommandations proposées pour le système portuaire africain.

Après avoir publié en 2019 un rapport sur la logistique africaine, le CEO Africa Forum et le cabinet de conseil Okan ont publié en ce début de mois une nouvelle édition sur le système portuaire africain. « Malgré de vastes progrès, notamment dans le domaine des conteneurs, beaucoup reste encore à faire. L’objectif de ce rapport est de formuler des recommandations permettant aux acteurs publics et privés de poursuivre la modernisation du secteur portuaire », indique les deux auteurs du rapport.

Des progrès réalisés

Pour télécharger le rapport, cliquez sur l’image.

Le monde portuaire africain a connu au cours des dernières années des améliorations notables. Les progrès réalisés permettent aux différents ports de se placer dans le concert international. Les intervenants de ce rapport insistent sur la nécessité pour l’Afrique de disposer de ports efficients pour exporter leurs productions minières et agricoles. Pour atteindre un niveau supérieur, les auteurs du rapport proposent six recommandations.

Investir intelligemment

La première des recommandations vise à investir intelligemment « et éviter les célèbres « éléphants blancs ». Le rapport pointe du doigt les investissements réalisés pour amener chaque port à devenir un hub. « Ces hubs de transbordement sont par définition peu nombreux et, à terme, quatre à cinq ports seulement pourront prétendre à ce qualificatif sur le continent », indiquent les auteurs. Ils constatent que les places sont prises entre Tanger Med, Port Saïd, Durban. Alors, ils proposent que « les pays gagneraient à investir de manière plus ciblée et pragmatique ». L’Afrique doit en premier lieu investir pour décongestionner les goulets d’étranglement de chaque port. Une opération qui permettrait à certains de gagner des gains de performance.

Inefficiences opérationnelles

La seconde recommandation du rapport doit permettre de mettre un terme aux inefficiences opérationnelles. Le sujet est régulièrement abordé dans les instances internationales. Le manque de coordination entre les différents opérateurs, les dégradations de matériel, les temps d’attente des boîtes dans les ports ont des effets pour le consommateur final. Les auteurs du rapport estiment que « la meilleure façon est parfois de revoir les processus opérationnels et d’améliorer la collaboration entre les acteurs portuaires. » Une proposition qui passe par la digitalisation et la sensibilisation du personnel.

Des partenariats public-privé à cadrer

Le troisième volet des recommandations concerne le secteur privé. Ils suggèrent de recourir à des partenariats publics-privés. C’est une solution particulièrement attractive pour la montée en gamme des ports africains », indiquent les rapporteurs. Il s’agit pour les États de disposer d’infrastructures à moindre coût en faisant supporter une partie des investissements par le privé. La solution s’avérerait gagnante pour les autorités publiques à condition, précise les rapporteurs, « de renforcer le cadre de mise en place de PPP ».

Prendre en compte la gouvernance

Développer le partenariat public-privé doit se faire en prenant en compte la gouvernance. La quatrième recommandation propose de défendre les intérêts publics. Ils appellent les États africains à jouer pleinement « leur rôle régalien afin d’assurer une répartition équilibrée des risques tout en préservant sa souveraineté ». Les auteurs du rapport reviennent sur des points essentiels de ces relations entre public et privé en insistant sur la préparation des PPP. Une cellule gouvernementale doit analyser les offres. Un cahier des charges de ce contrat doit établir les différentes étapes du processus en termes de performance et d’investissements. Des exigences que de nombreux États africains intègrent déjà dans leurs réflexions.

Améliorer la multimodalité

Dans ce florilège de propositions, le rapport incite à fluidifier les interactions entre la ville et le port et améliorer les connexions avec l’hinterland. Les ports se développent au plus près des villes. En cela, ils créent des congestions urbaines importantes avec les flux routiers. Une des solutions serait de relocaliser l’activité portuaire, ce qui paraît trop lourd à entreprendre. Alors, les auteurs proposent d’améliorer la multimodalité et « d’établir des ports secs à l’intérieur du pays pour faciliter les échanges ». Or, aujourd’hui les ports secs se développent dans de nombreux pays d’Afrique. De nombreux projets d’autoroutes sont à l’étude. Cette amélioration de la compétitivité par les liaisons avec l’hinterland reste un sujet majeur pour tous les ports du monde. L’Afrique n’a pas à rougir face à l’Europe, l’Asie et l’Amérique. La multimodalité en Europe mériterait aussi à s’améliorer dans certains pays ou ports.

Modernisation de tous les terminaux

La dernière recommandation de ce rapport vise à donner une nouvelle ouverture au monde portuaire africain. Ils rappellent que la conteneurisation n’est pas tout. L’amélioration du système portuaire africain devra passer par la modernisation des terminaux de toute nature. « Il est important de souligner que la logistique, aussi moderne et efficiente soit-elle, ne peut pas à elle seule provoquer l’industrialisation de l’Afrique », souligne le rapport. Les conteneurs ne faisant pas tout, les auteurs du rapport rappellent l’importance pour l’économie africaine de développer des terminaux minéraliers, agro-alimentaires, rouliers, fruitiers, …