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Ports de Normandie : en 2019 le Transmanche a dopé le trafic

Ports de Normandie a présenté ses trafics le 17 janvier. Un an après sa constitution, Ports de Normandie, regroupement des ports de Cherbourg, Caen et Dieppe a dressé un premier bilan de cette première année d’exercice.

Ports de Normandie a enregistré en 2019 un trafic en croissance sur ses différentes filières. Premier courant, les liaisons avec la Grande-Bretagne et l’Irlande ont sensiblement augmenté l’an passé. Globalement, elles ont augmenté de 3,5% en tonnage et de 4,2% en nombre de poids lourds. Une progression qui a surtout profité aux liaisons avec l’Irlande. En effet, l’entrée en service du WB Yeats d’Irish Ferries aligné sur la route entre Dublin et Cherbourg a révolutionné les lignes avec l’Eire. Plus grand ferry au monde lors de son lancement en mars 2019, ce navire a permis d’accroître la capacité fret à destination de l’île. Au global les liaisons avec l’Irlande affichent une hausse de 13,6% en tonnage, qui a surtout profité à Irish Ferries. Stena Line a pour sa part connu une année 2019 stable.
Les lignes avec le Royaume-Uni ont été un peu moins à la fête. Avec une hausse globale de 1,4% en tonnage et de 1,28% en nombre de poids lourds, elles ont souffert des évolutions erratiques liées au Brexit. Annoncé pour mars puis octobre, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ne s’est pas réalisée en 2019 pour être repoussée au 31 janvier 2020. De l’autre côté de la Manche, les opérateurs ont malgré tout pris leurs précautions et anticiper le mouvement en remplissant leurs stocks. De plus, la grève des douaniers dans les ports du Détroit du Pas-de-Calais ont poussé les transporteurs a favorisé les ports de l’ouest de la France. Ainsi, si au global de l’année le trafic avec le Royaume-Uni s’affiche en hausse, l’analyse par trimestre démontre de ces errements du commerce. La progression générale du trafic ne s’est pas répartie uniformément dans les trois ports. À Caen, la hausse a été de 3,1%. Elle a été de 3,3% à Cherbourg quand elle a baissé de 2,5% à Dieppe.
Enfin, du côté des trafics de marchandises conventionnelles, l’évolution des trafics a été positive en 2019 avec une hausse de 1,3% à 918 000 t. une augmentation qui tient surtout à l’entrée de granulats dans le port de Dieppe. Le port cauchois a vu 140 000 t de plus se décharger sur ses quais. La bentonite et le bois à Caen, les colis exceptionnels sur Caen et Cherbourg ont aussi participé à cette performance. Du côté obscur, une partie de la progression a été ralentie par la diminution des trafics de céréales à Caen. Les travaux d’embectage et de rénovation de l’écluse à Caen ont ralenti ce courant.
La présentation de ces résultats a été l’occasion pour l’autorité concessionnaire des trois ports de fêter le premier anniversaire de Ports de Normandie. Cette structure en charge de la gestion des trois ports regroupe la Région de Normandie, les départements du Calvados, de la Manche et de la Seine Maritime, les agglomérations de Caen, Cherbourg et Dieppe. Lors de sa création le 7 janvier 2019, Hervé Morin, président de la Région, a réaffirmé la stratégie maritime de la Région. La mise en place de Ports de Normandie, qui a succédé à Ports Normands Associés, s’est fixé cinq objectifs. Le premier vise à faire de ce « cluster » portuaire le premier ensemble portuaire spécialisé sur le Transmanche à l’ouest du Détroit du Pas-de-Calais. L’arrivée du W.B Yeats d’Irish Ferries et la prochaine entrée en service du Honfleur par Brittany Ferries, en remplacement du Normandie, confirment la place de Ports de Normandie. Cette place sur le Transmanche, Ports de Normandie veut la conforter. La Région de Normandie et le département de la Seine-Maritime vont aider financièrement, les ferries de Dieppe à se doter de scrubbers.
Le second objectif vise à faire de Ports de Normandie un acteur dans le développement des énergies marines renouvelables. Sur les trois sites de Caen, Cherbourg et Dieppe, Ports de Normandie offre des solutions pour cette filière depuis la chaîne logistique jusqu’à la maintenance. Ainsi, à Cherbourg, ce sont une centaine d’hectares mis à disposition avec une résistance de 15t/m2. À Caen, les travaux l’extension du môle est sont en cours de réalisation. Enfin, à Dieppe, le contrat avec EMDT (Énergies Marine de Dieppe Le Tréport) a été finalisé. Ports de Normandie voudrait faire du port de Cherbourg un hub pour le parc éolien de Courseulles sur Mer et de Fécamp.
Le troisième objectif est destiné à créer de l’emploi et de la valeur ajoutée dans la région. Ports de Normandie génère 244 M€ de valeur ajoutée par an localement et 6000 emplois. La trajectoire fixée par la direction doit conforter cette position en privilégiant la valeur ajoutée dégagée par les trafics au tonnage. Sur les activités commerciales, Ports de Normandie prévoit de poursuivre l’adaptation de ses quais à l’évolution de la taille des navires.
Le quatrième objectif prévoit de donner une plus grande cohérence et de favoriser la complémentarité des investissements des trois ports. De 2007 à 2020, 410 M€ ont été investis dans les trois ports pour réhabiliter et moderniser les quais. Une politique que les différentes collectivités membres de Ports de Normandie veulent continuer avec un flux de 15à 40 M€ par an. « Une somme qui n’est pas anodine puisqu’elle représente le volume annuel du budget de l’État octroyé aux ports », a souligné le président de la région, Hervé Morin.
Dernier objectif affiché par Ports de Normandie, doter la région d’une structure portuaire en prise avec les réalités du terrain. Les ports de Dieppe et de Cherbourg sont insérés dans la ville. Celui de Caen Ouistreham s’étend le long du canal. Pour être en conformité avec les attentes des citoyens, Ports de Normandie a réalisé un SDADD (Schéma directeur d’aménagement et de développement durable). Celui concernant Cherbourg a été présenté aux élus. Ceux de Dieppe et de Caen devraient l’être dans les prochaines semaines.