Corridors et logistique

Afrique de l’ouest : Hapag Lloyd acquiert Nile Dutch

Le groupe allemand Hapag Lloyd a annoncé le 17 mars l’acquisition de Nile Dutch. Une opération qui s’inscrit dans la stratégie du groupe allemand de se développer sur l’Afrique. L’arrivée d’un nouvel acteur qui risque de bouleverser les équilibres précaires des liaisons sur ce continent.

Hapag Lloyd ne cache pas son intérêt pour le marché africain. Depuis deux ans le groupe explique dans ses différents rapports trimestriels et annuels sa volonté de s’étendre sur l’Afrique et l’Inde. Deux marchés sur lesquels Hapag Lloyd est présent au travers d’accord de partenariats commerciaux avec d’autres armements.

Deux services directs sur l’Afrique de l’ouest

L’armement allemand propose deux services entre l’Europe et l’Afrique de l’ouest, les WAX et DEX. Le premier relie Hambourg et Anvers avec Casablanca, Tanger, Téma et Abidjan. Le second, le DEX, relie les ports d’Anvers et Dunkerque avec Leixoes, Lisbonne, Tanger et Dakar. De plus, Hapag Lloyd dispose d’un service entre Hambourg, Anvers, Rotterdam, Londres vers l’Afrique du sud. Des services que l’armement allemand assure avec CMA CGM, l’Alliance ONE (regroupant NYK Line, K Line et Mitsui OSK Line) et le groupe turc Arkas.

Un spécialiste de l’Afrique

Désormais le groupe allemand sera présent en propre. En reprenant Nile Dutch, Hapag Lloyd s’ouvre le marché de l’Afrique de l’ouest. Créé au XIXè siècle, l’armement néerlandais a démarré ses activités sur l’Égypte, d’où il tire son nom. Il a ensuite développé ses activités sur l’Afrique de l’ouest et notamment des pays comme l’Angola, le Cameroun et le Congo au départ d’Europe. Nile Ducth a aussi développé son réseau avec des lignes d’Asie et d’Amérique latine vers l’Afrique de l’ouest.

Un réseau de feedering

L’armement néerlandais a développé un réseau de lignes entre l’Europe et la Méditerranée vers l’Afrique de l’ouest. Il dessert les plus grands ports de la région comme Dakar, Abidjan, Téma, Libreville, Cabinda, Pointe Noire, Luanda et l’Afrique du sud. Il a créé un service de feedering en Afrique de l’ouest depuis les ports de Pointe Noire vers des destinations comme Matadi, Boma, Soyo, Cabinda, Douala, Malabo, et depuis Luanda vers Lobito et la Namibie.

Conteneurs et conventionnel

Opérateur conteneurs, Nile Ducth a aussi développé au cours des années des services en conventionnel sur l’Afrique. L’armement néerlandais a longtemps travaillé avec une flotte de conro pour embarquer des marchandises Ro-Ro vers l’Afrique. L’arrêt de l’utilisation de ces navires pour évoluer vers des navires gréés permet au groupe néerlandais de prendre des marchandises de tout type.

L’Afrique: une stratégie de Hapag Lloyd

Pour le président d’Hapag Lloyd, Rolf Habben Jansen, « cette acquisition représente une étape importante de notre développement. L’acquisition de Nile Dutch va développer notre présence sur le marché africain. » Si d’apparence, les deux armements se complètent, l’arrivée du géant allemand en propre sur le marché africain, pourrait bouleverser les équilibres locaux.

Hapag Lloyd et l’Afrique: 2% des volumes globaux

Pour le groupe Hapag Lloyd, l’Afrique pèse encore peu dans ses opérations. Selon un responsable de l’armement à Hambourg, ce sont environ 250 000 EVP qu’Hapag Lloyd traite avec l’Afrique, soit environ 2% de son volume total. En décidant d’acheter nile Dutch, Hapag Lloyd a fait le choix de la croissance externe. « L’Afrique est dans notre stratégie de développement. Après réflexion, nous avons pensé que d’acquérir une compagnie maritime est plus judicieux pour s’implanter localement », nous a confié un responsable de Hapag Lloyd.

Un marché précaire

En effet, le marché ouest africain reste précaire actuellement avec des taux de fret bas. La bataille que se livrent aujourd’hui Mærsk, MSC et CMA CGM sur les liaisons Europe-Afrique et Asie-Afrique est serrée. Le volume conteneurs reste parmi les plus faibles.

Un trafic de 2M EVP en 2020

Reprenant les statistiques de Container Trade Statistics, le consultant néerlandais Dynamar estime que les exportations européennes vers l’Afrique sub-saharienne s’élèvent à 2 MEVP en 2020, en baisse de 5,6%. Dans le même temps, les exportations africaines vers l’Europe ont perdu 0,8% en 2020 à 833 300 EVP.

Une progression sur les sorties d’Afrique vers l’Asie

Cette tendance à la baisse se décline aussi sur les flux entre l’Asie et l’Afrique. En 2020, les flux en sortie d’Asie vers l’Afrique sub-saharienne ont perdu 2,7% à 3,1 MEVP. Les sorties d’Afrique vers l’Asie ont pour leur part gagné 1,7% à 1,3 MEVP. Un gain qui s’explique par un mouvement qui tend à la conteneurisation de certaines matières premières en sortie d’Afrique pour l’économie chinoise notamment.

L’Afrique sera-t-elle l’eldorado de demain?

Ces chiffres montrent que le marché africain reste aujourd’hui à un niveau peu élevé. Il évolue peu, même si selon certains analystes, l’Afrique de l’ouest sera l’eldorado de demain. Or, chaque armement pose ses jalons pour être prêt à prendre part à la croissance attendue du continent.

Prendre en compte le terrestre

Les communiqués des deux armateurs ne donnent pas les détails de cette acquisition. Nile Dutch dispose en Afrique de l’ouest d’un réseau d’agents pour réaliser les opérations terrestres. L’arrivée d’un nouvel acteur doit se faire en prenant en compte les opérations portuaires et terrestres, qui demeurent le « nerf de la guerre » local.