Haropa : une baisse en 2020 sauf pour les céréales
En 2020, les trois ports de la vallée de Seine, Le Havre, Rouen et Paris, ont vu leur trafic perdre de leur volume. Une année pour rien qui n’a pas empêché les acteurs de continuer à investir. 2021 s’ouvre sur la fin de la période de préfiguration.
L’année 2020 reste un crû exceptionnel. Elle s’est déroulée comme un scénario de film catastrophe. 2020 a démarré avec des grèves dans les ports. Ensuite, elle est revenue à la normale avant de voir un premier confinement total puis un second confinement moins dur. Au final, ces différents éléments ont largement affecté les trafics des trois ports.
Une baisse de 16,7%
Les résultats de trafic pour 2020 ont subi les effets de ces éléments. Au global, Haropa perd 16,7% à 75Mt. Outre les éléments qui ont frappé de plein fouet les ports de la vallée de Seine, le trafic a été touché par l’arrêt de la raffinerie de Total de Gonfreville-L’Orcher.
L’arrêt de la raffinerie de Gonfreville-L’Orcher
Cet arrêt intervenu après un incendie le 14 décembre 2019 s’est prolongé sur les premiers mois de 2020. Au global, les vracs liquides ont vu leur volume se réduire de 20,9% à 36,3 Mt. De plus, les confinements intervenus en 2020 ont amené à une réduction de la consommation de carburants. Alors, au Havre, le pétrole brut s’est contracté de 36,9% à 13,2 Mt. Les produits raffinés ont pour leur part perdu 6,1% en 2020 à 17,5 Mt.
Conteneurs: une perte de 14,4%
Parallèlement aux vracs liquides, les marchandises diverses affichent aussi des pertes de trafic. Les conteneurs et le roulier s’amenuisent. Les conteneurs perdent, sur les trois ports de la vallée de Seine, 14,4% à 2,4 MEVP. Un trafic qui se concentre principalement sur le site du GPM du Havre. Celui-ci a perdu 14,9% à 2,34 MEVP. Sur les deux sites du GPM de Rouen et du Port autonome de Paris, l’activité conteneurisée s’élève à 68 000 EVP, soit une hausse de 10,3%.
Le transbordement accuse une baisse de 31%
Pour Stéphane Raison, directeur général et préfigurateur de Haropa, l’analyse doit se faire plus en détail. « Le premier semestre a été impacté par les mouvements sociaux et la crise sanitaire. Le second semestre a permis de rattraper le retard sans le combler entièrement. » Cette baisse du trafic conteneurisée se décline aussi bien sur les trafics domestiques que sur les transbordements. Les premiers accusent un repli de 9% quand les seconds perdent 31%.
« Les mauvais chiffres des trafics conteneurisés ne doivent pas faire oublier la confiance que les armements placent en nous. Nous avons vu Cosco ajouter au Havre un service intra-européen et le groupe CMA CGM ajouter une escale dans son service FAL 1, entre l’Asie et l’Europe », continue Stéphane Raison.
Roulier: la crise de l’industrie automobile
Toujours dans le chapitre des marchandises diverses, le trafic roulier a suivi la tendance générale. Avec 259 785 véhicules transbordés en 2020, les trafics de véhicules neufs baisse de 15%. Pour la première fois, expliquent les autorités portuaires séquaniennes, les importations ont pris le pas sur les exportations dans cette filière. De plus, les activités fret ferry avec l’Angleterre ont aussi subi les effets de la crise sanitaire.
La hausse des vracs solides
Pour compenser ces baisses, Haropa a vu son trafic de vracs solides augmenter. Une progression menée par les flux de céréales et de la filière BTP. En effet, avec 8,7 Mt, les trafics de céréales ont augmenté de 5,8%. « Il s’agit d’un record historique sur toute la campagne 2019/2020 », annonce Pascal Gabet, président du directoire du GPM de Rouen.
Le dynamisme de la filière BTP
Ce courant des vracs solides a aussi été dynamisé par les produits de la filière agrégat. Avec 1,9 Mt, ces flux ont vu leur volume augmenter de 34,2% sur les trois ports de la vallée de Seine. Le confinement du printemps a mis à l’arrêt de nombreux chantiers. Dès le début de l’été les travaux en vallée de Seine ont repris notamment avec le projet du Grand Paris et de la construction du village Olympique. Toujours dans les vracs solides, le charbon affiche une légère croissance de 5,9% à 349 000 t et ce malgré le plan charbon initié par le gouvernement en 2019 pour réduire l’empreinte carbone.
La résilience de Haropa
Ces résultats ne sont pas si catastrophiques pour le directeur général préfigurateur. « Face à nos concurrents du nord de l’Europe et notamment Anvers, nous ne sommes pas en si mauvaise position. Certes, Anvers voit son trafic conteneurisé augmenter mais toutes les autres filières baissent dans le port scaldien. Nous avons su faire preuve de résilience. De plus, nous constatons avoir gardé la confiance de nos investisseurs ».
162 M€ investis en 2020
L’année 2020 s’est avérée difficile pour les trafics mais Haropa a maintenu son niveau d’investissement avec une enveloppe de 162 M€. Une somme qui a été investie notamment pour les postes 11 et 12 de Port 2000 et l’installation des bornes d’électrification le long de la Seine.
300 M€ investis par le privé
De leur côté, les investisseurs privés ont apporté une enveloppe deux fois plus importante avec 300 M€. Parmi les principaux investissements, la direction d’Haropa cite le début de la construction de l’usine d’éoliennes de Siemens Gamesa au Havre. Sur le site de Rouen, le groupe Soufflet a installé un nouveau système de chargement depuis son silo pour les navires de type Panamax.
Verdissement portuaire: 71 M€ pour Haropa
En 2021, Haropa va continuer d’investir, notamment grâce au Plan de relance adopté par le gouvernement. « Sur les 175 M€ dédiés au verdissement des ports que compte le Plan de relance, Haropa se voit attribuer 71 M€ qui permettront de participer au financement de nombreux projets », a indiqué Stéphane Raison. La vallée de la Seine emporte 40% de ce plan. L’enveloppe séquanienne se répartira entre Le Havre, à hauteur de 44,6 M€, Rouen avec 20,1 M€ et Ports de Paris avec 7,7 M€.
1,4 Md€ décidés lors du Cimer
L’enveloppe attribuée dans le Plan de relance vient s’ajouter à celle annoncée lors du Cimer du 22 janvier qui consacre 1,4 Md€ sur la période 2020-2027 pour les trois ports. Plusieurs projets doivent se développer dans les prochaines années sur les ports d’Haropa. Des projets qui vont s’inscrire dans la transition écologique et numérique des ports.
Investir sur la multimodalité
Dans ce contexte, Haropa veut donner un nouvel élan aux transports massifiés, à savoir le ferroviaire et le fluvial. Au Havre, il prévoit de consacrer une partie de l’enveloppe pour la rénovation des écluses de Tancarville et l’optimisation des services ferroviaires. Déjà, en 2020, le GPM a pris une participation dans le terminal LHTE. « Un signe fort pour une nouvelle dynamique », a précisé Stéphane Raison. Avec l’ouverture de la liaison entre Serqueux et Gisors, Haropa espère gagner de nouveaux sillons ferroviaires. « Nous sommes prêts à aider de nouveaux services ferroviaires par le système d’aide à la pince », continue le préfigurateur.
Rouen: une logistique urbaine de la filière BTP
Sur le site de Rouen, la multimodalité doit se développer par la mise en place d’une plate-forme pour la logistique urbaine. « Il s’agit de disposer d’une plate-forme pour acheminer directement dans la ville des matériaux de construction », explique Pascal Gabet, président du directoire du GPM de Rouen. Toujours à Rouen, le port souhaite créer une zone de service pour les opérateurs fluviaux.
Port Seine Métropole Ouest: avis favorable sous réserve
Enfin, à Paris, plusieurs projets sont en cours. Il est prévu d’étendre la plate-forme de Limay. Quant au chantier multimodal d’Achères (Port Seine Métropole Ouest), Haropa a reçu l’avis de la commission d’enquête publique en janvier. La commission d’enquête a donné un avis favorable avec des réserves. « Nous avons pris note de ces réserves et nous les analysons. Cependant, il était important que nous obtenions cet avis favorable », rassure Stéphane Raison.
Préfiguration: une première étape
L’année 2021 sera aussi celle de la préfiguration vers la fusion des trois ports sous le nom d’Haropa. Nommé le 13 novembre, Stéphane Raison doit terminer l’ouvrage commencé par Catherine Rivoallon. Sa mission a été en premier lieu d’affiner les orientations du projet stratégique, de finaliser la proposition d’organisation et enfin de finaliser la négociation de l’accord inter-entreprises.
La signature de cet accord a eu lieu le 27 janvier. Il porte sur l’application des règles collectives du nouvel ensemble, la mobilité géographique, l’emploi, la formation, du droit syndical, et d’une politique RSE. Cet accord sera présenté dans les prochaines semaines aux institutions représentatives du personnel.