Ports

L’automatisation des terminaux à conteneurs a des effets limités

Un rapport publié par l’ITF, le 7 octobre, sur l’automatisation des terminaux dresse un bilan des questions techniques et sociales de cette tendance. L’automatisation des terminaux n’est pas destinée à toutes les opérations.

Dans le contexte actuel de tendre vers une plus grande productivité, les opérateurs de terminaux réfléchissent à l’automatisation des opérations dans les terminaux à conteneurs. Du portique aux manutentions sur les parcs, l’automatisation se réalise à plusieurs degrés.

Le 100% automatisé n’existe pas

Dans son rapport, publié le 7 octobre, l’ITF analyse l’automatisation opérée dans différents travers de la planète. L’ITF a dressé un bilan de l’automatisation des terminaux à conteneurs dans le monde. Il recense les effets de l’automatisation sur la performance portuaire, les coûts de manutention, la sécurité et les objectifs atteints par le passage à l’automatisation.

Le premier constat dressé par l’ITF souligne que les terminaux entièrement automatisés n’existent pas. « 53 terminaux sont automatisés à différents degrés », indique le rapport de l’ITF, soit 4% de l’ensemble des terminaux conteneurisés dans le monde.

Une productivité discutable

De plus, il ressort des observations que la productivité des ports automatisés ne semble pas meilleure que les terminaux conventionnels. Selon les auteurs du rapport, l’organisation, la spécialisation et le lieu géographique du terminal sont des déterminants plus importants. « Cela explique les limites de l’automatisation des terminaux à conteneurs à aujourd’hui », précise le rapport.

Social: le rapport entre investissement et réduction de coûts

Le rapport pointe du doigt l’élément social de cette automatisation. Le coût élevé de la manutention n’est pas perçu comme un élément majeur. Si l’automatisation des terminaux s’avère être intéressant dans la réduction des coûts sociaux du terminal, l’investissement dans des engins automatisés demeure plus élevé. « La réduction des coûts de travail par l’automatisation des terminaux dépend surtout de chaque port », continue le rapport. Les auteurs soulignent que cela dépend majoritairement du coût social local et du degré d’automatisation mis en place.

Santé et sécurité: des effets à démontrer

Enfin, l’idée générale selon laquelle l’automatisation améliorerait la santé et la sécurité des ouvriers portuaires n’est pas encore démontrée. Si l’automatisation réduit l’exposition des salariés des terminaux, il n’existe que peu de données sur les effets prouvés de cette réduction à une amélioration de la santé.

L’automatisation permet aux salariés de réaliser leurs opérations depuis une salle de contrôle dans les bâtiments du manutentionnaire. ©HHLA

Des terminaux ont inauguré récemment des portiques sans portiqueurs. Les opérations sont menées depuis un centre de contrôle dans les locaux du manutentionnaire. Une innovation dont les résultats restent encore mitigés, selon les auteurs du rapport. Parmi les nouveautés, des opérateurs réfléchissent à réaliser des transferts entre les terminaux par des engins automatisés. Cette réflexion a notamment été menée au Port de Rotterdam. Elle a finalement été abandonnée en raison des coûts élevés et des risques financiers.

Un effet limité

L’automatisation des terminaux produit des effets limités, « dans certaines conditions et pour un groupe limité de terminaux », précise le rapport. Pour s’assurer que les investissements réalisés auront un retour, le terminal doit offrir un marché stable avec une garantie de volume. D’un autre côté, les terminaux avec des trafics plus volatils ont meilleur temps à conserver un système conventionnel de manutention. Il s’agit d’un des principaux élément de différenciation entre terminaux pour le transbordement et terminaux pour le marché domestique. Ces derniers disposeraient plus d’atouts pour s’automatiser. Les hubs portuaires ont, pour leur part, un risque important compte tenu de la volatilité des trafics.