Les ports francs britanniques sortent de terre
Le 15 septembre, à l’occasion de la London International Shipping week, le Chancelier de l’Échiquier britannique, équivalent à notre ministère des finances, a annoncé l’ouverture du premier port franc. DP World a annoncé investir 300 M£ dans le London Gateway Terminal. Cette ouverture a attisé les tensions sur le sujet entre les gouvernements britanniques et écossais. En France, le sujet fait l’objet d’études.
C’est au travers de la Loi de finances pour 2021 que le gouvernement britannique a annoncé le choix en faveur de huit sites pour y développer des ports francs. Cette stratégie pour faire de la Grande-Bretagne un hub logistique et industriel aux portes de l’Union européenne permettra de s’affranchir de droits de douanes.
Le choix des huit ports francs
L’annonce a fait grand bruit en mars, lors du choix des huit sites (East Midlands Airport, Felixstowe, Harwich, la région de la Humber, la ville de Liverpool, Plymouth, Solent, l’embouchure de la Tamise, et dans la ville de Teesside). Le premier de ces sites a été officiellement inauguré à l’occasion de la London International Shipping Week, le 15 septembre, par Rishi Sunak, Chancelier de l’Échiquier, équivalent à notre ministre des Finances.
London Gateway, port de Tilbury et usine de Ford
Le Thames Freeport comprend le terminal à conteneurs géré par DP World, London Gateway, le port de Tilbury, géré par Forth Ports, et l’usine de Ford à Dagenham. Cette zone offre aux sociétés implantées dans ces zones avec des conditions douanières simplifiées, des droits de douane et des règles spécifiques. L’objectif de ces ports francs britannique vise à attirer des industriels pour développer les échanges avec le pays et développer l’emploi.
Un investissement de 300 M£
Dans le même temps, pour accompagner ce lancement, le manutentionnaire, gestionnaire du London Gateway, DP World a abondé en annonçant un investissement de 300 M£ pour la construction d’un quatrième quai dans ce terminal. Un investissement qui va accroître la capacité du terminal de 33%. Les travaux doivent démarrer au mois d’octobre. Ils doivent s’achever en 2023/2024, selon les premières estimations.
Accompagner le développement industriel et logistique du pays
Pour le président de DP World, le sultan Ahmed Bin Sulayem, l’ouverture de ce prochain terminal correpond à l’entrée en flotte de navires de 24 000 EVP. « Cet investissement démontre notre souhait d’accompagner le développement industriel et logistique du pays », a continué le président de DP World. Et surtout, les ports francs offrent des avantages importants, « potentiellement une baisse de 50% du coût de l’immobilier sur cinq ans, a indiqué Alan Shaoul, directeur financier de DP World. Cela comprend la suppression des droits de timbre sur le foncier, des réductions sur les prestations sociales des salariés, des droits de douane plus souples pour améliorer les échanges avec l’Union européenne et le reste du monde ».
Divergence de vues entre Britanniques et Écossais
L’ouverture de ce port franc ne semble pas faire l’unanimité outre-Manche. Le gouvernement écossais souhaite développer son propre concept de port franc. Entre Édimbourg et Londres, le torchon brule. Le gouvernement écossais souhaite que le concept de port franc décliné dans sa région soit aussi bénéfique pour l’Écosse. Dans son approche, Édimbourg souhaite que ces ports francs comportent une trajectoire environnementale qui tende vers le zéro émission. De plus, les ports francs, tels que perçus par le gouvernement écossais, doivent prendre en compte la rémunération des salariés dans ces zones pour ne pas entraver la concurrence.
Intervention de la British Port Association
Cette différence de point de vue entre les deux gouvernements dérange la British Port Association, dont le rôle est de défendre les intérêts des ports britanniques et écossais. Le directeur général de l’association portuaire britannique, Richard Ballantyne, a souligné que cette différence de point de vue est contre-productive pour les ports écossais. « L’idée de voir deux modèles de ports francs est absurde et nuit au développement portuaire national. » Il appelle les deux parties à s’asseoir autour de la table pour reprendre les négociations qui sont « un frein pour des investissements et la création d’emplois ».
Une mission d’étude sur le ports francs
Alors que Britanniques et Écossais se disputent sur le concept, en France, l’ouverture de ce premier port franc n’inquiète pas beaucoup les autorités. Une mission, décidée pendant le Cimer de janvier, est en cours au sein du ministère pour tenter de trouver une réponse, nous a confié Annick Girardin, ministre de la Mer. Elle devrait rendre une position avant la fin de l’année, nous a assuré la ministre de la Mer. Du côté des opérateurs portuaires de Manche et mer du Nord, l’ouverture du Thames Freeport et bientôt celui de Portsmouth inquiète. Les opérateurs privés implantés dans les ports appellent maintenant à un sursaut du gouvernement pour apporter une réponse concrète.