Politique

Afrique : la Zlecaf pourrait dynamiser le transport maritime

Le 1er janvier 2021, la Zone de libre échange continentale africaine est entrée en vigueur. Cet espace va devenir le plus grand espace de ce type dans le monde. Le transport maritime pourrait en tirer avantage.

L’accord de création de la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf) remonte au mois de mars 2018. À l’époque, l’accord a prévu l’ouverture de cette zone au 1er juillet 2020. La pandémie de la Covid 19 est passée par là. La mise en place de cette zone a donc été reportée au 1er janvier de cette année.

Un ensemble de 1,2 milliards d’habitants

Sur les 55 pays africains, 54 ont ratifié le traité. Seule l’Érythrée n’est pas signataire. Les processus de ratification nationaux sont en cours. Aujourd’hui, 34 pays ont validé nationalement le traité. Au global, cet ensemble rassemble 1,2 milliards d’habitants et un PIB d’environ 2500 Md$. En créant cette zone de libre-échange, l’Afrique vient se placer face à l’Union européenne ou encore l’Alena (accord entre le Mexique, le Canada et les États-Unis).

237 000 EVP échangés en régional

Cet accord s’impose donc comme la création d’une zone regroupant la plus grande population au monde. Les choses sont bien différentes en termes de valeur. L’objectif de la création de cette zone vise principalement à développer le commerce intra africain. En 2019, selon les derniers chiffres de l’Union africaine, le commerce intra régional en Afrique pèse 15% du total des échanges totaux de ce continent. En terme de conteneurs, selon les chiffres de Container Trade Statistics, les échanges de la zone sub saharienn  ont pesé 237 000 EVP, sur les neufs premiers mois, en hausse de 2,8%.

De nouveaux hubs

Pour voir les choses d’un point de vue optimiste, le transport maritime pourrait tirer avantage de ce nouvel espace. En premier lieu, la suppression des droits de douane devrait permettre d’éviter les « tracasseries administratives » pour l’acheminement des marchandises depuis le point d’entrée vers le point de destination finale. Dans ce contexte, les ports maritimes qui offrent des services rapides devraient s’imposer. Dès lors que les autorités d’un pays privilégient la fluidité du processus de dédouanement, le port pourrait devenir une porte d’entrée du continent. Et dans ce contexte, de nouveaux hubs pourraient émerger.

Un avantage pour les pays sans littoral

Est-ce à dire que les schémas logistiques pourraient se modifier ? Pour certaines destinations intérieures, il pourra être parfois plus rapide de changer de port d’entrée. Les premiers bénéficiaires de cette zone de libre-échange pourraient être les pays sans littoral. La digitalisation dans la logistique portuaire va devenir un élément majeur dans la concurrence.

Les experts s’accordent pour reconnaître que la suppression des droits de douane ne suffira pas à développer les échanges continentaux. Dans une tribune, le président de DP World, le Sultan Ahmed Bin Sulayem explique que cet accord n’aura aucun effet sans des investissements massifs dans les infrastructures. « En moyenne, des infrastructures dépassées peuvent aller jusqu’à augmenter de 30% à 40% le coût des marchandises. Les routes, les réseaux ferroviaires et les capacités d’entreposage du fluvial sont inefficaces », indique le président de DP World.

Créer des industries locales

Et pour le président de DP World, le manque d’infrastructures en Afrique s’amplifie pour les pays sans littoral. « Sans des routes, des chemins de fer, des ports et des zones franches et toutes les autres installations logistiques nécessaires, il n’y aura pas plus d’investissements pour créer des industries locales et des emplois dont l’Afrique a besoin. De plus, l’élimination des droits de douane va diminuer sensiblement les revenus des États ». Cette baisse des recettes douanières pourrait avoir des effets négatifs sur les investissements de ces États en nouvelles infrastructures.

Et si les armements africains renaissaient

Enfin, la disparition des armements nationaux africains entraîne une dépendance des États africains aux armements actuellement en opération. Pour remédier à cet état de fait, une solution serait de créer en Afrique un Jones Act à l’image de ce qu’ont réalisé les américains. Seuls les navires sous pavillon d’un État pourrait réaliser ces trafics.