DFDS : la première année de Brexit s’est accompagnée d’une croissance économique
En 2021 DFDS a bénéficié de la croissance économique en Europe et des premiers effets de la relocalisation des industries en Turquie. La division ferry a performé sur le fret quand les passagers n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant la pandémie. La division logistique profite de l’acquisition de HDF Logistics.
En 2021, DFDS a enregistré une croissance de son chiffre d’affaires de 28% à 2,4 Md€. Une augmentation liée au retour du trafic sur les navires de la compagnie. Sur la première moitié de l’année, les revenus de l’armement ont connu de fortes progressions. Des hausses que le groupe attribue surtout à la comparaison avec la période similaire de 2020 qui avait connu des confinements dans toute l’Europe. Sur la seconde moitié de l’année 2021, les revenus ont été partiellement réduits par une hausse des coûts en raison des perturbations logistiques.
Une hausse de 28% du chiffre d’affaires
Finalement, sur l’ensemble de l’année, si le chiffre d’affaires progresse de 28%, l’Ebitda ne connaît pas la même performance avec une croissance de 25% à 459 M€. Les deux divisions du groupe, le ferry et la logistique ne connaissent pas la même évolution. En effet, l’Ebitda du côté des ferries s’élève à 383,3 M€, en progression de 23%. La logistique, pour sa part, enregistre un Ebitda à 79,7 M€ en augmentation de 28%.
Trois nouvelles lignes ouvertes en 2021
La division ferry de DFDS a été tirée par la croissance des revenus du fret et l’ouverture de trois nouvelles lignes. L’armement danois a ouvert, en 2021, des liaisons sur l’Irlande au départ de Dunkerque, sur la Grande-Bretagne et entre la Turquie et l’Espagne. L’année passée aura surtout été marquée, au nord du Continent, par l’entrée en vigueur du Brexit le 1er janvier 2021. Ce changement du statut de la Grande-Bretagne a été marqué au début de l’année par un ralentissement des échanges en raison d’un manque d’équipement lié à des temps de rotation plus élevés.
Un tassement de la croissance au troisième trimestre
Après les effets de la nouveauté passés, les échanges ont repris un rythme normal aux environs du mois de mars, note DFDS dans son rapport annuel. Une normalisation qui a néanmoins connu des atermoiements au cours du troisième trimestre. Le manque de chauffeurs outre-Manche et une congestion portuaire ont ralenti la croissance. « Les perturbations logistiques se sont améliorées dans le courant du dernier trimestre », indique DFDS.
Les effets du Brexit
Le Brexit a aussi eu pour effet de modifier les flux, notamment entre l’Europe continentale et l’Irlande. L’utilisation du Landbridge pour rejoindre l’Irlande ne fait plus recette. Les routiers utilisent des routes directes vers l’île du nord-ouest européen plutôt que d’emprunter les services de ferry du Détroit du Pas-de-Calais et de rejoindre l’Irlande par les ports de l’ouest anglais. Dans ce contexte, DFDS a ouvert, au départ de Dunkerque, une ligne directe sur l’Irlande dès le début du mois de janvier 2021.
Une hausse du prix du transport routier
En 2021, la croissance économique a créé des goulets d’étranglement logistiques, notamment au cours du troisième trimestre. La hausse de la demande en biens de consommation, d’une part, et la difficulté de trouver des chauffeurs routiers en raison des réminiscences de la pandémie, d’autre part, ont créé des troubles. « Cela a entraîné des hausses importantes de prix sur des prestations de transport routier, entre autres », indique DFDS. De plus, continue l’armement danois, les terminaux ferry en Europe ont aussi connu une congestion en raison de l’incapacité pour les opérateurs de trouver des chauffeurs routiers pour venir prendre leurs remorques.
Une augmentation de capacité
Face à cette croissance subite de l’économie, « DFDS a su faire face en augmentant ses capacités pour répondre à la croissance des volumes et les augmentations tarifaires n’ont pas été immédiatement appliquées. » Une stratégie qui n’a pas pu s’étendre tout au long de l’année. Effectivement, dans la seconde moitié de l’année, la hausse des salaires, et tous les autres coûts liés aux opérations maritimes et portuaires ont été répercutés.
Méditerranée : les effets de la dévaluation de la Livre Turque
En Méditerranée, la dévaluation de la Livre Turque face à l’Euro a amené DFDS a facturé ses clients en Euro plutôt qu’en monnaie turque. Cet alignement de la monnaie d’Ankara a permis au pays de développer ses exportations en 2021. D’un côté, la Turquie dope ses exportations mais, pour l’armement, cette dévaluation signifie qu’au départ des ports européens vers la Turquie, les volumes baissent en raison du coût de l’Euro. Le déséquilibre sur ces routes est évalué aux environs de 10%.
Des volumes liés à la relocalisation
De plus, avec une Livre Turque dévaluée et une inflation importante, la demande dans le pays se tasse. « Les volumes embarqués sur nos liaisons maritimes en Méditerranée sont liés à des besoins industriels en Turquie. Il s’agit de biens semi-finis en provenance d’Europe qui sont transformés en Turquie avant de repartir vers l’Europe. » Sur un plus long terme, DFDS espère tirer profit de la relocalisation des industries au plus près des marchés européens. « La Turquie bénéficiera de ces relocalisations qui ont commencé en 2021. Des entreprises ont déjà pris des mesures pour faire face aux perturbations logistiques », indique DFDS.
Passagers : 2021 au même niveau que 2020
La division ferry se répartit entre le fret et les passagers. L’activité passagers a connu en 2021 au niveau à peu près équivalent à celui de l’année 2020. Au cours de l’année passée, la répartition du chiffre d’affaires entre les deux activités se fait à 90% pour le fret et 10% pour les passagers. Une répartition qui s’est modifié puisqu’en 2019 cette répartition se faisait 70% pour le fret et 30% pour les passagers. Cette activité reste malgré tout en retrait de 134 M€ par rapport à 2019 en raison des restrictions liées à la Covid 19.
Une hausse du chiffre d’affaires de la division logistique
La division logistique du groupe a enregistré en 2021 un chiffre d’affaires de 961,8 M€, en hausse de 34,9%. L’Ebitda de cette division s’établi à 79,7 M€, en progression de 28,3%. Des performances que DFDS attribue à la croissance économique et la demande. Des augmentations importantes qui ont été partiellement atténuées par la hausse des prix de transport. En 2021, DFDS a acquis HSF Logistics, spécialisé dans la chaîne du froid notamment sur le marché de la viande. En reprenant cette société, DFDS a pris la première place de la logistique sous température dirigée en Grande-Bretagne.
Perspectives : encore un flou lié à la pandémie
Réalisé en mars, le rapport annuel tente de brosser un tableau de ce que pourrait être l’année 2022. La pandémie laisse un flou sur les prochains mois avec des effets sur l’activité passagers des ferries. Plus globalement, la croissance économique en Europe et en Turquie est estimée entre 3,5% et 4%. Des chiffres qui ont été réalisés avant le conflit de l’Ukraine.
Turquie : maintien de la croissance en 2022
Plus finement, les exportations turques qui ont connu une croissance en 2021 devraient se maintenir en 2022, indique DFDS. « L’inflation devrait être élevée en 2022. Cela devrait accroître les déséquilibres de flux entre la Turquie et l’Europe. Les risques géopolitiques en Turquie peuvent aussi avoir des effets négatifs sur la croissance », indique le rapport annuel de l’armement.
Le marché britannique encore en transition
Sur le fret, les volumes sont attendus en hausse. Les liaisons sur la Grande-Bretagne depuis la mer du Nord et la Manche dépendent en partie de l’économie britannique. Le marché d’outre-Manche est attendu en progression en 2022 après la baisse de 2021. Le marché anglais du fret demeure dans une phase de transition en raison de nouvelles étapes du Brexit à entrer en vigueur pendant l’année.
Baltique : volumes attendus en hausse
Sur le Détroit du Pas-de-Calais, l’entrée d’un nouvel opérateur, Irish Ferries, créé de la surcapacité, estime DFDS, surtout avec la baisse des volumes depuis 2019. Une surcapacité qui va avoir pour effet de peser sur les prix de transport. En Méditerranée, la croissance économique va porter les activités. Enfin, en Baltique, les volumes sont attendus en progression. Sur ces liaisons, l’ajout de nouvelles capacités ces dernières années sera plus importante que la croissance économique, selon l’armement.
Logistique : des perturbations sous la loupe
La division logistique est prévue de connaître une année 2022 en croissance. En premier lieu, l’intégration sur l’ensemble de l’exercice fiscal de HSF Logistics aura un effet positif. Cette division reste encore attentive aux perturbations logistiques, « avec cependant des impacts moins sévères que l’année passée », précise DFDS.