Ports

Ports : un premier trimestre en baisse pour les deux premiers européens

Les deux premiers ports européens, Rotterdam et Anvers, affichent une baisse de leur trafic global sur le premier trimestre 2022. Une diminution de trafic en partie liée aux perturbations des chaînes logistiques conteneurisées.

Après une année 2021 avec de fortes progressions, les ports d’Europe du Nord subissent les premiers effets des perturbations logistiques. Les deux premiers ports d’Europe du Nord, Rotterdam et Anvers, affichent une baisse de 1,5% de leur trafic.

Baisse de 1,5% pour les deux ports

Le port de Rotterdam a vu ses trafics se réduire de 1,5% à 113,6 Mt. Une diminution attribuée aux trafics de produits pétroliers et de conteneurs. Sur les bords de l’Escaut, le port d’Anvers s’inscrit dans la même situation avec une perte de 1,5% de ses flux sur le premier trimestre à 58,3 Mt. Contrairement à Rotterdam, Anvers a surtout fait les frais des perturbations dans la conteneurisation.

Vracs liquides : l’effet conflit d’Ukraine

Les vracs liquides ont tiré les trafics vers le bas, notamment à Rotterdam. Dans le port néerlandais, ce courant accuse une baisse de 1% à 51,5 Mt. Une grande partie des flux de vracs liquides est originaire de Russie, indique l’autorité portuaire. Ainsi, en 2021, 30% des trafics de pétrole brut, 25% du GNL et 20% des produits pétroliers provenaient de Russie. « Alors que le conflit en Ukraine a commencé à la fin du mois de février, l’impact sur les trafics du premier trimestre est encore limité. Cependant, les effets des sanctions et des décisions des entreprises privées de suspendre ses activités avec la Russie impacte de nombreux secteurs », indique le port de Rotterdam.

Le GNL garde la tête hors de l’eau

Dans ce contexte, plusieurs produits diminuent à l’image du fioul qui perd 20,5% à 13,5 Mt en raison de la baisse de la production en Russie. Les négociants ont importé moins de pétrole de Russie. Quant au GNL, il garde encore la tête hors de l’eau avec une progression de 77,7% à 2,7 Mt tout comme les produits chimiques et les huiles végétales qui ont progressé de 22,2% à 9,9 Mt. Une progression qui tient à la constitution de stocks avant de nouvelles sanctions contre les produits russes.

Du côté d’Anvers, les vracs liquides enregistrent une hausse de leur trafic de 15,3% à 18,9 Mt. Les dérivés de produits pétroliers ont tiré cette augmentation avec une progression de 16,6%. Les produits chimiques et les biofuels s’inscrivent dans la même veine.

Hausse des vracs secs à Anvers

Les vracs secs connaissent la même divergence entre les deux ports. Du côté d’Anvers, les hausses des importations de charbon, de minerais et surtout de céréales ont permis aux vracs solides de progresser de 11,1% à 3,78 Mt. Le port scaldien a compensé la baisse de 19,6% des engrais.

Baisse des trafics de minerais de fer

À Rotterdam, les minerais de fer et les ferrailles accusent le coup avec une baisse de 19,5% à 5,6 Mt. Ces produits destinés à l’industrie sidérurgique allemande subissent les effets de la hausse des prix de l’énergie qui a ralenti la production allemande. À l’inverse, les importations de charbon ont progressé de 3,5% à 3,9 Mt, profitant de son coût moindre par rapport au GNL pour la production électrique.

Conteneurs : Rotterdam perd 1,4%

Les deux premiers ports européens se mettent d’accord sur les trafics conteneurisés. Ils affichent tous les deux des baisses de trafics. À Rotterdam, la baisse la plus importante est à mettre au passif des volumes en tonnes des transbordements qui perdent 21,5% à 6 Mt. Au global, le trafic conteneurisé exprimé en tonnes perd 5,4% à 35,6 Mt. Exprimée en EVP, la baisse s’avère moindre. Elle est de 1,4% à 3,6 MEVP. Dans le port d’Anvers, la baisse de trafic conteneurisé est plus importante. Elle atteint 11,6% à 2,7 MEVP.

Les effets des perturbations logistiques

Qu’il s’agisse d’Anvers ou de Rotterdam, les deux ports subissent les effets des perturbations des chaînes logistiques. « Les perturbations, les retards et le nombre plus élevé de manutention par escale posent des problèmes opérationnels qui rendent les opérations plus difficiles sur les terminaux », justifie l’autorité portuaire d’Anvers. Même son de cloche à Rotterdam qui constate une diminution des trafics en transbordement depuis le mois de juillet en raison de la désorganisation logistique. Les différents événements de janvier et février ont accentué ce phénomène.

Confinement de Shanghai : les effets attendus pour les prochaines semaines

Les deux ports montrent aussi les effets du conflit entre l’Ukraine et la Russie. Rotterdam a eu les premiers effets des sanctions contre la Russie dès le mois de mars. Le refus des armateurs d’accepter des marchandises russes impacte les trafics et notamment ceux en transbordement. Le port d’Anvers dresse le même constat avec les premiers effets de ce conflit pour les conteneurs avec la Russie. Quant au confinement en vigueur à Shanghai, les deux ports d’Europe du Nord estiment que les effets vont se faire sentir dans les prochaines semaines. Il s’agira d’abord d’une baisse de trafic à laquelle une nouvelle congestion pourrait suivre dès lors que la situation se débloque localement.

Conventionnel : Anvers dopé par l’acier

Enfin, le roulier et le conventionnel restent sur une tendance positive dans les deux ports. Une croissance qui tient aussi à un niveau de comparaison faible. Au premier trimestre 2021, la reprise économique en était à ses balbutiements. Avec les progressions réalisées tout au long de l’année, les deux ports de Rotterdam et Anvers ont surfé sur cette vague pendant les trois mois de l’année. Anvers a vu son trafic croître de 49% à 2,97 Mt. Le principal courant conventionnel, l’acier, connaît une bonne santé. Les effets des sanctions contre l’acier russe ne se sont pas encore fait sentir véritablement. Les quotas attribués à la Russie ont été répartis sur les autres pays producteurs. Un changement qui ne devrait pas troubler les entrées du port d’Anvers.

Rotterdam profite du report du conteneur vers le conventionnel

Dans le port néerlandais, le conventionnel accueille une hausse de 13,7% à 1,7 Mt. Ce courant est tiré par les importations de produits non ferreux. De plus, les perturbations logistiques dans la conteneurisation ont incité les opérateurs à reporter une partie de leurs trafics vers le conventionnel.

Roulier : en hausse malgré les difficultés de production

Enfin, le roulier semble reprendre des couleurs. Après une année 2021 difficile pour la filière, les trafics reviennent. Anvers affiche une progression de 2,4% sur les trois premiers mois de l’année. Comparativement au dernier trimestre 2021, en forte progression, le tonnage traité à Anvers subi un tassement lié aux complications de la production automobile. La situation semble plus encourageante pour le port de Rotterdam qui voit son trafic progresser de 20,4% à 6,7 Mt. Rotterdam a bénéficié d’un retour de la demande de véhicules neufs par le marché britannique.