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Port de Rotterdam : une année sous le signe de la transition

Les trafics du port de Rotterdam affichent une baisse de 6,1% en 2023 à 438,8 Mt. Pour la direction du port, cette année s’inscrit sous le signe de la transition vers un port plus durable.

Quand les trafics baissent, les autorités portuaires mettent en avant la bonne gestion financière de leur établissement. L’année 2023, avec son lot de diminutions de trafic n’échappe pas à la règle. Et cela est d’autant plus criant pour le port de Rotterdam. Premier port européen en tonnage et en conteneurs, le port néerlandais accuse le coup en 2023 avec une baisse de 6,1% de son trafic à 438,8 Mt. Une baisse tirée par les trafics de charbon et de conteneurs quand les vracs agroalimentaires, les minerais et le GNL progressent.

La baisse des importations de charbon

Alors, du côté des vracs secs, le port de Rotterdam affiche une baisse de 11,8% à 70,6 Mt. Une diminution qui tient principalement à la baisse des importations de charbon. En effet, ce trafic perd 20,3% à 23,1 Mt. Le port subi les effets d’une demande moindre en Europe de charbon pour la production électrique par rapport à 2022. Les autres vracs ont aussi subi des baisses. En effet, la baisse des importations de matières premières continue en raison d’une production européenne dépendante de l’inflation.

La reconstitution des stocks de minerais

Du côté des hausses de trafic des vracs secs, il s’agit principalement des minerais. Effectivement, en 2022, la production industrielle européenne a augmenté. Alors, en 2023, les industriels ont reconstitué leurs stocks. Pour leur part, les vracs agro-alimentaires enregistrent une progression de 49,4%. Une hausse importante en raison d’une correction entre les chiffres de 2022 et ceux de 2023. La progression réelle de ce trafic est de 3%.

Le recul du pétrole brut

Les vracs liquides connaissent la même situation que les vracs secs. Avec 205,6 Mt, ils se replient de 3,4% en 2023. Une baisse qui se décline sur les importations de pétrole brut. L’autorité portuaire note que la fin de transbordement entre navires pèse sur ce courant. Elles se réduisent de 1,4% à 102,4 Mt. De leur côté, les produits pétroliers perdent 6,5% à 55 Mt. Ils subissent la moindre demande en fioul et en naphta. Seul le GNL connaît une progression. Le port de Rotterdam a traité 11,9 Mt, soit une progression de 3,7%. Le port profite de la fin des importations gazières par pipe-line depuis la Russie. Ces trafics se réalisent désormais par navire.

Conteneurs : l’inflation et le conflit en Ukraine impactent les flux

Quant aux marchandises conventionnelles, elles se replient de 7,2% à 32,3 Mt. Une catégorie qui dépend en grande partie, à Rotterdam, des conteneurs. Or, avec une baisse de 6,8% en tonnes à 130,1 Mt et de 7% en nombre à 13,4 MEVP, les diverses dégringolent. Rotterdam, à l’image des autres ports du range nord, a fait les frais d’une baisse de la consommation et de la production en Europe. De plus, le port néerlandais, auparavant hub pour les trafics avec la Russie, est en première ligne face aux sanctions européennes.

Le roulier pâti d’une économie britannique ralentie

Les conventionnelles intègrent aussi le trafic roulier. Un courant qui perd 5% à 25,9 Mt. Pour l’autorité portuaire, le ralentissement économique au Royaume-Uni et la baisse de la consommation expliquent ce recul. Par ailleurs, avec la baisse des taux de fret conteneurs en 2023, une partie du fret conventionnel se traite par les navires cellularisés. Après la pandémie, les taux de fret exorbitants des conteneurs ont incité les opérateurs à reporter les flux des diverses vers les navires conventionnels. Or, en 2023, la baisse des taux de fret conteneurisés incite à un retour de ces trafics vers le marché de la conteneurisation. Enfin, avec la baisse de la demande, les stocks des terminaux conventionnels sont pleins. Les opérateurs attendent de voir la consommation repartir.

Une hausse des revenus financiers

Après une année de baisse des trafics, l’autorité portuaire regarde avec attention l’état financier de l’établissement. Ainsi, le bilan financier du port de Rotterdam progresse en 2023 de 1,9% à 841,5 M€. Une hausse tirée par les revenus domaniaux et les droits de port. Une augmentation tarifaire en 2023 permet une augmentation des revenus domaniaux. Les droits de port, pour leur part, perdent en raison d’un niveau de trafic plus faible.

Une extension des terminaux d’APMT et du RWG

Cette année est alors perçue par le port néerlandais comme celle de la transition. Parmi les travaux démarrés en 2023 entrent l’extension du terminal à conteneurs d’APMT et du Rotterdam World Gateway sur le terminal Princess Amaliahaven. APMT travaille sur une extension de son terminal à conteneurs avec un linéaire de quai d’un kilomètre supplémentaire pour une capacité additionnelle de 2MEVP. Quant au RWG, les travaux consistent en un quai de 920 m et une capacité supplémentaire de 2,8 MEVP. Des travaux qui seront livrés dans le courant de l’année.

Une route dédiée entre les terminaux

De plus, en fin d’année, le port a ouvert une route dédiée entre les terminaux de RWG, ECT, les dépôts de conteneurs de QTerminals et les services d’inspection. Cette route de 17 km permet de relier les terminaux dans des conditions de sécurité optimales. Par ailleurs, les travaux sur l’approfondissement et l’aménagement du canal Yangtsé ont démarré. Cette voie d’eau permet d’accéder aux terminaux de la Maasvlakte. Ces ouvrages sont destinés à permettre aux navires plus importants de relier les terminaux. Ils prévoient, en outre, des installations pour les services portuaires de pilotage et de remorquage.

Porthos : la logistique du CO2 capturé

Le port de Rotterdam s’engage dans la transition écologique. En 2023, l’autorité portuaire a accepté l’investissement du projet Porthos. Il s’agit d’un pipe-line qui transporte le CO2 capté directement à un compresseur installé sur la Maasvlakte. Il prévoit des connections avec une dizaine d’entreprises pour diriger leur CO2 directement dans ce pipe-line. Un autre projet s’inscrit dans cette même stratégie : la création d’un réseau national d’hydrogène. Il prendra sa source dans le port de Rotterdam pour être dirigé vers cinq clusters industriels du pays. Finalement, ce réseau s’étendra sur 1200 km. La première des quatre centrales d’hydrogène est actuellement en construction.

Anticiper les besoins en foncier

Néanmoins, en inscrivant la transition énergétique à son programme, le port de Rotterdam a besoin d’espaces fonciers. Or, ces espaces se font rares. Alors, pour anticiper les besoins de demain, l’autorité portuaire de Rotterdam créé, autour du terminal Princess Alexia, de terrains destinés à accueillir de nouveaux clients. Le port achemine environ 10 M m3 de sable pour gagner 85 hectares. Les travaux démarrés à l’été 2023 sont prévus de s’achever dans le courant de cette année.