Upply : l’année 2022 sera celle des compagnies maritimes

Upply a publié son analyse du marché de la conteneurisation en 2022. Selon l’expert maritime, cette année va se calquer sur la précédente et laisser une place de choix aux compagnies maritimes.

Dans son analyse pour 2022, l’expert maritime de Upply, Jérôme de Ricqlès, ne prend pas de détours pour envisager les douze mois à venir. « Les compagnies maritimes veulent et semblent avoir tous les atouts en main pour faire encore mieux en 2022 ». La stratégie mise en place en 2021 va continuer.

Les trois piliers de la stratégie armatoriale

Jérôme de Ricqlès analyse la stratégie des armateurs comme reposant sur trois piliers : tirer les taux de fret moyens vers le haut, favoriser le marché spot et conquérir des marchés périphériques en se positionnant sur des activités comme la logistique. Ces trois éléments ont porté les finances des compagnies maritimes pendant l’année passée.

Premier scénario: la part belle aux compagnies maritimes

Alors, en prenant en considération les éléments favorables et défavorables aux compagnies maritimes, il dresse trois scénarios possibles. Le premier donne la part belle aux compagnies maritimes qui vont continuer à mener la danse. Dans cette hypothèse, elles vont jouer une partition à trois portées. La première visera les chargeurs directs en leur imposant des contrats plus longs mais à des taux de fret bas par rapport au marché. La seconde concernera les commissionnaires de grande et moyenne taille. Ils se verront contraints d’accepter des taux de fret au niveau du spot. Enfin, les petits clients vont payer le prix fort. « Cette stratégie, si elle fonctionne, devrait permettre aux compagnies de doubler voire tripler leurs recettes 2022 par rapport à 2021, principalement en grignotant sur les marges des grands commissionnaires », indique l’expert maritime de Upply.

Le second scénario: le grippage de la machine

Le second scénario s’articule autour d’un élément, le grippage de la machine mondiale. Pour l’expert maritime, le « risque d’une pagaille généralisée en 2022 est élevé ». Il explique cela en prenant en compte la congestion portuaire dans les ports de l’ouest américain. Or, si ce phénomène prend de l’ampleur il pourrait bloquer le système. Viennent s’ajouter à ces congestions, les risques de rupture de la chaîne de production en raison des variants de la Covid et les tensions fortes en Mer de Chine entre l’Empire du milieu et les États-Unis sur la question de Taïwan.

Un scénério en faveur des opérateurs de niche

Aux côtés de ces deux scénarios, la dernière hypothèse de l’expert maritime repose sur « la conquête de parts de marché portée par les secondes lignes ». Elle se base sur le délaissement par les grandes compagnies maritimes des liaisons de niche. « Ainsi, un opérateur comme Arkas Line tire actuellement très bien son épingle du jeu en Méditerranée, alors qu’il se trouvait dans une position plus délicate sur ce marché avant la pandémie. La nature a horreur du vide ! », explique Jérôme de Ricqlès.

Attention aux ambitions sino coréennes

Et pour aller plus loin, l’expert maritime de Upply imagine que des grands noms du maritime, comme Evergreen, Yang Ming ou encore Hyundai pourraient venir jouer les trouble-fêtes en tentant de reconquérir des parts de marché sur les armements du top 4. Dans ce cas, les ambitions des quatre premières compagnies maritimes de redessiner le paysage pourraient tomber à l’eau.

Et si les trois scénarios survenaient?

De ces trois scénarios, le premier a les faveurs de l’expert de Upply. Les commissionnaires vont pâtir si jamais, il devait se réaliser, sans pour autant « se laisser tondre sans réagir », précise Jérôme de Ricqlès. Cependant, ces trois scénarios sont réalistes. Les ruptures de production en Chine liées à la pandémie ainsi que les tensions diplomatiques autour de Taïwan pourraient jouer. Il est probable que cette année, ces trois scénarios se succèdent dans le temps.