Ports

Anvers : le port se projette dans la logistique de demain

Le port d’Anvers a voulu rassurer ses clients le 3 avril en réalisant une visio-conférence sur l’état du trafic. Il se projette déjà dans le futur.

Il est difficile de prévoir l’impact économique réel de cette crise sanitaire, a commencé par expliquer Luc Arnouts, vice-président du port d’Anvers en charge des relations internationales. « Il s’agit d’un événement imprévu avec un fort impact comme l’ont été les attaques du World Trade Center à New York le 11 septembre ou la crise de 2008. À cette crise sanitaire mondiale est venue s’ajouter la baisse importante du prix du baril. » Citant les différents experts et consultants, la crise du Covid 19 pourrait faire baisser la croissance chinoise de 6% à 2%, l’Europe passerait d’une décroissance de 2,4% et les États-Unis plongeraient de -2,5% à -5%.
En Belgique, le confinement de la population et les besoins en produits pharmaceutiques et de premières nécessités ont mis le port au cœur de l’économie. « Les ports et la logistique ont été reconnus comme un élément essentiel pour la survie en Europe », continue le vice-président du port belge. Si l’impact économique de cette crise sanitaire n’est pas encore clairement visible en terme de trafics, il pourrait se manifester dès le second trimestre de cette année.

37 annulations d’escale

Les trafics conteneurisés ont continué leur flux. Ils permettent l’approvisionnement en produits de premières nécessités et pharmaceutiques. Cette crise a vu le nombre de conteneurs pour le e-commerce croître. Cependant, la roue tourne et les prévisions ne sont guère optimistes. « Nous constatons en Europe l’arrêt de nombreuses productions. Les armements annoncent tous les jours des escales annulées. Sur le seul mois de mars, ce sont 37 escales de services maritimes en provenance d’Asie qui ont été annulées. Un nombre important aussi des liaisons avec l’Amérique du nord ».
Les flux de marchandises conventionnelles sont aussi touchés. Anvers s’est fait une spécialité des trafics d’acier. La baisse de vente de voitures neuves et donc de la production automobile a eu pour effet de voir ces trafics de marchandises diverses s’effondrer. « Seuls les trafics de voitures d’occasion se maintiennent », souligne Luc Arnouts. Quant aux trafics de vracs liquides, ils suivent la même tendance. Anvers est devenu au fil des années le second pôle chimique mondial derrière Houston. La baisse de la demande en produits chimiques et produits pétroliers pèsent sur les trafics.

Plus de sillons ferroviaires

Des premiers effets de cette crise émergent des avantages pour le vice-président du port d’Anvers en charge des relations internationales. La baisse de la production de toute part a libéré de l’espace dans les entrepôts. « Nous ne subissons aucune saturation dans nos espaces logistiques. De plus, nous disposons de nombreux dépôts intérieurs qui peuvent apporter un complément ». Quant aux dessertes terrestres, elles demeurent actives pendant la crise. « La baisse de la demande de trains pour les passagers a libéré des sillons pour le fret ». Le fluvial reste aussi opérationnel. Les barges fluviales doivent faire une déclaration de santé de l’équipage à leur arrivée dans le port. La même procédure est valable pour les navires. Quant aux transporteurs routiers, ils maintiennent une activité importante. « Des craintes de manque de chauffeurs routiers qui pourraient être infectés par le Covid 19 se font jour. Nous vous rappelons qu’avec le fluvial et le ferroviaire, vous disposez d’une alternative intéressante à la route », a rappelé Luc Arnouts.

Accompagner les transformations logistiques

Aujourd’hui personne ne peut donner avec certitude la date de sortie du confinement. À Anvers, le port se prépare à ce que sera demain. « La logistique portuaire ne sera plus jamais la même », a indiqué Luc Arnouts. La soudaineté de la crise sanitaire n’a épargné personne. Aucune structure n’était préparée à une telle situation. Le patron des relations internationales d’Anvers constate déjà les premiers changements auprès des directeurs logistiques. La production pourrait être relocalisée localement avec un changement de paradigme important pour les ports. L’environnement économique logistique va se complexifier avec des chaînes plus diversifiées de ce qu’elles étaient auparavant. En maintenant sa présence aux côtés des opérateurs, Anvers veut aussi se projeter dans l’avenir en accompagnant ces transformations logistiques.