Corridors et logistique

Céréales : à neuf mois de campagne, la France accuse toujours un retard

Sur les neuf premiers mois de la campagne céréalière, de juillet à mars, le bilan des exportations des céréales françaises reste faible en comparaison avec la précédente.

FranceAgriMer a tenu son conseil spécialisé sur les grandes cultures le 15 avril. L’occasion pour les professionnels de la branche céréalière de faire un bilan sur les neuf premiers mois de la campagne céréalière, qui débute le 1er juillet. En France, les flux céréaliers accusent toujours un retard.

Baisse du disponible à l’export

Sur la période de juillet à mars, la France a exporté 6,2 Mt de blé tendre vers les pays tiers. Un chiffre en baisse de 33% par rapport à l’année précédente. La baisse de la production et donc du disponible à l’exportation explique cette diminution. La première destination de ces produits demeure la Chine avec 1,7 Mt. À date, l’Empire du milieu a doublé ses importations de blé tendre en provenance de la France. La seconde destination revient aux pays d’Afrique sub saharienne avec 1,48 Mt. Ils voient leur flux se réduire de 22%. Enfin, l’Algérie, avec 1,47 Mt complète le tiercé de tête. Alger a ralenti ses approvisionnements de blé en provenance de la France de 62% depuis le début de la campagne.

Diminution des flux vers l’UE

Les expéditions de céréales vers les pays de l’Union européenne ont aussi vu leurs flux se réduire. La concurrence des produits en provenance d’Europe du nord a pris le pas sur les origines françaises. Sur la campagne actuelle, FranceAgriMer prévoit des exportations de blé tendre à destination des pays de l’UE à hauteur de 5,6 Mt.

Orge: en mars 571 000 t exportées

Les orges françaises ont suivi la même tendance que le blé tendre mais avec une baisse moindre de 3% à 2,8 Mt. Il aura fallu attendre le mois de mars pour voir des exportations d’orges conséquent sur cette campagne. En effet, au cours du dernier mois du premier trimestre, la France a chargé 571 000 t d’orges à destination des pays tiers. Ce produit est principalement destiné au marché chinois. Sur les neufs premiers mois de campagne, la Chine a acheté 2,49 Mt. Un chiffre qui a doublé par rapport à la même période de l’an passé.

Maïs: hausse sur les pays tiers

Les flux de maïs n’évoluent guère d’un mois sur l’autre. FranceAgriMer prévoit un volume exporté sur la campagne de 4,48 Mt. Le chiffre reste en hausse de 7% par rapport à la campagne précédente. Les pays tiers devraient bénéficier le plus de ces flux avec une hausse de 34% à 540 000 t. Les volumes exportés vers l’Union européenne sont estimés s’établir à 3,8 Mt sur la campagne, en hausse de 4%.

Un volume disponible en retrait de 18%

Quant au blé dur, la campagne céréalière devrait se terminer sur une note pessimiste. Avec 870 000 t prévues sur l’ensemble de l’exercice, les exportations de blé dur français sont estimés en recul de 40%. Deux raisons expliquent cette conjoncture. En premier lieu, le volume disponible à l’export de blé dur français est limité en raison d’une production en retrait de 18%.

Concurrence du blé dur canadien aux ports de la France

Ensuite, la concurrence du blé dur canadien se fait ressentir jusqu’aux frontières françaises. En effet, l’Italie a importé du blé dur canadien ces dernières semaines. Le marché italien a toujours été la principale destination européenne pour les produits français. Sur les huit premiers mois de la campagne, les exportations françaises sur l’Italie ont perdu 74% à environ 95 000 t. Dans le même temps, le Canada a exporté 1,2 Mt sur l’Italie, soit une progression de 89%. Au global, sur la campagne, la France devrait exporter 680 000 t de blé dur vers l’Union européenne, soit 38% de moins que la précédente campagne.

Russie: en attendant la taxe du 1er juin

Les blés, les orges et le maïs français entrent toujours en concurrence avec ceux de mer Noire. La baisse des prix générale allège sur les capacités d’export. En Russie, les orges et le blé sont en progression. Le maïs est en baisse sur les premiers mois de campagne. L’intégration d’une taxe à compter du 1er juin pour éviter une hausse trop brutale des prix intérieurs amène les négociants russes à exporter jusqu’à cette date.

Ukraine: des objectifs réalisés à plus de 70%

En Ukraine, les expéditions de blés, orges et maïs sont en recul. Avec 14,3 Mt exportées à fin mars, l’Ukraine a réalisé 82% de ses objectifs. Un chiffre ne retrait de 17,4% par rapport à la campagne précédente. Les orges ont atteint 93% du potentiel avec une baisse de 8,5% par rapport à l’exercice précédent. Enfin, le maïs perd 28% et voit son objectif réalisé à 68%. Les syndicats agricoles et le gouvernement ukrainien ont arrêté une baisse des volumes exportables à 24 Mt pour cette campagne.

La France en retard sur l’Égypte

Ces origines de mer Noire trouvent en l’Égypte un marché de prédilection. Sur la campagne, la Russie demeure en pole position avec 3,7 Mt expédiées. Un chiffre en progression de 20%. L’Ukraine perd 30% mais demeure en deuxième place avec 705 000 t. Vient ensuite la Roumanie avec 240 000 t envoyées, soit une baisse de 76%. La France, avec 240 000 t voit ses flux vers l’Égypte se réduire de 73%.

Blés australiens: la Chine est le deuxième client

Enfin, sur ces trois premiers trimestres de la campagne, les tensions diplomatiques entre l’Australie et la Chine ne semblent pas avoir pesé comme elles ont pu le faire sur d’autres matières premières (voir notre article sur le charbon). En effet, l’Australie a vendu 1,2 Mt de blé à l’Empire du milieu. Un chiffre qui a plus que doublé puisque les flux entre les deux pays s’est évalué à 500 000 t sur la dernière campagne. Ainsi, la Chine est devenue le deuxième client de l’Asutralie derrière l’Indonésie. Pour l’orge, Pékin a préféré s’attacher à d’autres origines.