Corridors et logistique

La CFT développe une unité fluviale fonctionnant à l’hydrogène

Dans le cadre du projet d’innovation européen Flagships, le groupe Sogestran va faire construire un bateau fluvial naviguant à l’hydrogène. Il sera dédié à la navigation en Seine.

Le fluvial n’est pas en reste dans ses innovations. La CFT va faire construire une unité fluviale navigant à l’hydrogène. La mise en chantier de cette unité est l’aboutissement de recherches et de développements menés dans le cadre du programme européen Flagships.

Un programme de recherche pluridisciplinaire

Le projet Flagships réunit un groupe de partenaires industriels de premier plan, dont des armateurs, un équipementier maritime, une société de conception de systèmes d’alimentation électrique, un fournisseur de piles à combustible. Soutenu par l’Union européenne, il est doté de fonds pour aider à développer de nouveaux concepts. Le projet est accompagné d’un financement par le FCH JU (Fuel Cells and Hydrogen Joint Undertaking).

Un bateau pour la Seine

Dans ce cadre, la CFT, filiale du groupe Sogestran, a entrepris la construction d’un bateau fluvial qui fonctionnera à l’hydrogène. »Il s’agit de la première unité fluvial fonctionnant à l’hydrogène dans le monde », nous a précisé Victor Laravoire, responsable du service construction neuve et refonte de Sogestran. Cette unité sera en service sur la Seine et notamment à Paris. « La demande pour intégrer des technologies durables dans le transport fluvial ne cesse de grandir. Nous voulons montrer la voie pour réduire les émissions et démontrer l’intérêt de l’hydrogène dans le fret », indique Matthieu Blanc, directeur de la CFT.

Transporter des palettes et des conteneurs

L’unité fluviale déployée sur la Seine sera destinée à transporter des palettes et des conteneurs le long du fleuve à Paris. En effet, à l’origine du projet, il a été question de créer un bateau pour le Rhône. Or, précise le Fuel Cells and Hydrogen Joint Undertaking (FCH JU), avec le potentiel de l’hydrogène pour le transport de demain, le projet de pousseur fluvial pour le Rhône a été transformé en bateau pour la Seine.

Un automoteur de 50 m

Le projet développé par le groupe Sogestran repose sur la mise en chantier d’un automoteur de 50 m disposant de ses propres moyens de déchargement. « Tout a été pensé pour permettre d’acheminer au plus proche des consommateurs des marchandises avec un mode de transport propre. Le fluvial réduit fortement les émissions à la tonne transportée. L’hydrogène réduira encore plus ces émissions », continue le responsable de la division construction neuve. Pour le groupe, cet automoteur devrait pouvoir acheminer directement à Paris des produits comme ceux issus du e-commerce ou des expressistes, voire des biens consommés en région francilienne.

L’hydrogène gagne du terrain

Tant dans les cercles de l’Union européenne que dans les milieux maritimes et fluviaux, l’hydrogène semble prendre le pas sur les autres innovations technologiques pour devenir le soutage de demain. Le projet Flagships, doté d’une enveloppe de 5M€, a prévu la construction de deux navires. L’un sera affecté à des rotations sur la Seine. L’autre navire sera construit dans les chantiers de Stavanger, en Norvège. Il sera dédié au transport de passagers.

Reprendre le design des bateaux de type Zulu

L’automoteur à hydrogène du groupe Sogestran sera géré par sa filiale belge, Blue Line Logistics. Cette société dispose déjà de quatre unités de type Zulu qui naviguent sur les canaux belges. Ces quatre bateaux sont propulsés par une motorisation diesel. Deux nouvelles unités sont actuellement en construction dans des chantiers européens. L’une de ces deux unités se verra équipée de la propulsion à l’hydrogène. « La motorisation sera installée en France par nos sous-traitants sans que nous ayons besoin de retourner dans un chantier », explique Victor Laravoire.

Maintien en place de groupes électrogènes

L’installation d’une propulsion à l’hydrogène sera faite tout en conservant deux groupes électrogènes dans le bateau. « Nous voulons pouvoir intervenir avec nos groupes si nous rencontrons des soucis avec l’hydrogène ». Comparativement à une unité motorisée en diesel, l’hydrogène ne va pas trop réduire les capacités d’emport du bateau. « La conception de ce type de navire est particulière », indique le responsable du groupe Sogestran. Et, sur un plus long terme, Sogestran imagine pouvoir se défaire de la présence des groupes électrogènes.

Un conteneur comme réservoir

L’approvisionnement du moteur en hydrogène se fera par un conteneur de stockage du produit. Le bateau chargera ce conteneur et pourra alimenter le moteur. L’espace pris par cet équipement ne devrait pas être plus grand qu’un conteneur maritime du type vingt pieds. Le conteneur sera régulièrement rempli depuis une station à terre. « Il n’existe pas en bord de Seine d’équipements pour faire le plein d’hydrogène. Nous avons donc dû trouver une solution. »

La formation des mariniers

L’hydrogène comme mode de propulsion dans le transport fluvial est nouveau. « Nous allons former nos mariniers pour comprendre les réactions du bateau avec cette nouvelle motorisation. Il faudra aussi que toutes les équipes apprennent à utiliser au mieux cette nouvelle motorisation », continue Victor Laravoire.