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Logistique automobile : au port de Sète, le roulier devient un atout de développement

Le 16 novembre, le groupe de travail port et maritime du European Car Group s’est retrouvé à Sète. Une réunion qui a dressé un panorama des mesures en faveur de la décarbonation du transport maritime. Le port de Sète a présenté ses activités sur le marché automobile.

La réunion du groupe de travail ports & maritime a démarré avec une présentation de George Kriezis, directeur technique de Neptune Lines. Il est revenu sur les différents outils de mesure de la décarbonation dans le transport maritime. Ces outils se déclinent entre l’EEXI (Energy Efficiency Index for Ships In Service) et le CII (Carbon Intensity Indicator).

Mesurer l’efficacité énergétique des navires

L’EEXI mesure l’efficacité énergétique de tous les navires en service dans une flotte. Le principe de cet indice vise à calculer les émissions de CO2 par tonne transportée. Pour le directeur technique de Neptune Lines, l’objectif de cet indice peut être atteint au travers de plusieurs éléments. Le premier concerne la vitesse du navire. Les émissions de CO2 sont proportionnelles au carré de la vitesse. Alors, une vitesse réduite permet de réduire proportionnellement les émissions de CO2.

Parmi les autres éléments pour être en conformité avec cet index, George Kriezis a aussi cité les peintures, l’installation de réducteur d’émissions sur les cheminées ou d’utiliser la propulsion vélique, d’utiliser des soutes moins polluantes à l’image du GNL et de l’ammoniaque.

Évaluer les émissions de carbone

Le CII est un indicateur d’émissions de carbone. Chaque année, le navire sera évalué de ses émissions de carbone. Il sera classé de A à E chaque année en fonction de sa vitesse, de sa consommation et des éléments liés aux émissions de carbone. Cet indice, a souligné George Kriezis, présente l’inconvénient d’être pénalisant pour les navires opérant en short sea. « Plus le navire utilise des vitesses rapides, plus l’indice sera élevé. Or, le modèle économique du short sea repose sur la rapidité entre deux escales ».

Sète mise sur le roulier

Organisée à Sète, cette réunion a permis au port de présenter les développements réalisés au cours des dernières années. Alors qu’il y a cinq ans le port de Sète Sud de France réalisait la majorité de ses trafics sur les vracs liquides, cette filière entre aujourd’hui en troisième position derrière les vracs solides et les marchandises générales. Cette dernière pèse aujourd’hui environ 2,1 Mt, contre 700 000 t environ en 2015. Une progression que le port doit notamment aux aménagements du port et l’arrivée de lignes sur la Méditerranée.

Développement du roulier

Avec 46% du trafic, les marchandises diverses ont pris le pas au port de Sète Sud de France. Voitures neuves et d’occasion, remorques, éoliennes et conteneurs ont fait le succès du port. « Nos prévisions pour 2021 tablent sur une croissance de 9% à 4,6 Mt », nous a confié Arnaud Rieutort, directeur commercial du port. Et ce succès tient notamment au développement du trafic roulier dans le port.

Six armateurs escalent à Sète

Aujourd’hui, le port compte six armateurs opérant sur le roulier. Sur l’est de la Méditerranée, DFDS et Neptune Lines desservent les ports de Yalova, en Turquie, et Constanta en Roumanie. Sur l’ouest, GNV, Intershipping et Balearia relient le port de Sète avec ceux de Tanger Med et Nador, au Maroc. Enfin, Grimaldi assure une escale mensuelle pour le transport de matériel roulant vers l’Afrique de l’Ouest (Dakar, Abidjan, Lomé, Cotonou, Lagos, Douala et Tema) ainsi que Casablanca.

Cinq rampes Ro-Ro

Parce que c’est la diversité des escales qui enrichie le trafic, le port de Sète Sud de France créé les conditions pour recevoir ces navires et assurer les pré et post acheminements. Au total, ce sont 1245 m linéaires de quai équipés de cinq rampes Ro-Ro avec un tirant d’eau allant de 10,2 m à 13,5 m. En termes de stockage, le port offre actuellement une capacité de 8 000 voitures entre les espaces derrière les quais.

La CAT a fait le choix de Sète

Principal opérateur logistique automobile sur le port, la CAT a traité en 2021 environ 65 600 véhicules. Le principal constructeur automobile présent sur le port au travers de la CAT est Ford qui a traité 36 396 véhicules. Viennent ensuite Dacia avec 25 700 unités et Renault avec 3 507 unités. Des chiffres qui sont en retrait en 2021 en raison de la crise que connaît la construction automobile depuis le début de l’année.

L’ajout de 18 hectares d’espaces

La CAT a remporté l’appel d’offres sur la zone de la Jifmar. L’opérateur logistique se verra attribuer une zone de 18 hectares supplémentaires pour y réceptionner des véhicules. Un espace qui sera doté de panneaux solaires pour alimenter en électricité les véhicules qui stationneront dans le port. Au global, ce nouvel espace représente un investissement de 16 M€, dont 6 M€ ont été pris en charge par le port et 10 M€ par la CAT. Les travaux d’aménagement ont commencé. Ils sont prévus de s’achever en 2023. Au total, le port disposera d’une capacité de stockage des voitures allant jusqu’à 16 000 places, dont 7500 couverts, en 2023.

Un nouveau terminal ferroviaire

De plus, le port a investi dans un nouveau terminal ferroviaire. Le port traite déjà des trafics de remorques en provenance de Turquie. Les remorques sont traitées dans l’actuel terminal roulier pour y être chargées directement sur des wagons. Un nouveau terminal ferroviaire a été construit. Livré en octobre, ce terminal sera concédé à un opérateur pour y réaliser le chargement des remorques.

Une quatrième escale de DFDS en avril

Ce nouveau terminal ferroviaire assurera au port de Sète la consolidation de ses trafics ferroviaires vers Calais et Bettembourg. « Nous travaillons aujourd’hui pour développer aussi les trafics avec la plate-forme de Gennevilliers », nous a confié Arnaud Rieutort. En effet, en avril 2022, DFDS prévoit d’ajouter une quatrième escale dans son service en provenance de Turquie.

En devenant une plate-forme entre l’est méditerranéen et le Maroc, le port de Sète sud de France souhaite jouer la carte du hub roulier dans la région.