Politique

États insulaires et maritime : tirer les leçons de la Covid 19

La desserte maritime des États insulaires en voie de développement est devenue une préoccupation majeure pour la Cnuced après la première vague de la Covid 19. Dans une note publiée au premier semestre, la Cnuced propose des solutions pour maintenir un approvisionnement par voie maritime de ces îles.

Le paradis n’est pas toujours là où on l’attend. Dans une note publiée en mai 2021, la Cnuced met en avant les inconvénients de ces États insulaires parfois éloignés des grandes routes maritimes. Dans son analyse de la situation des États insulaires en voie de développement (EIVD), les auteurs du rapport de la Cnuced indiquent que « le manque de connexion maritime directe peut faire baisser la valeur d’exportation d’une marchandise entre 42% et 55% ».

37 pays insulaires dans les 50 derniers pays les moins connectés

Et l’état actuel de la connectivité maritime positionne 37 États insulaires parmi les 50 pays les moins connectés du monde. Seules les îles de Maurice, la Jamaïque et les Bahamas disposent d’un taux de connectivité élevé. Dans le bas du tableau se retrouvent des îles comme la Micronésie, Sao Tomé et Principe et encore Antigua et les Barbades.

L’impact d’une escale annulée

La pandémie de la Covid 19 a aggravé la situation. En réduisant la capacité des navires et en annulant des escales (blank sailings), indique le rapport de la Cnuced, ces îles ont été les plus touchées. « Une escale enlevée peut avoir des impacts importants sur l’économie de l’île et sur les communautés locales. Ces dernières dépendent en grande partie des importations maritimes pour les biens de consommation courants », continue le rapport.

Une baisse de 20% des escales

Ainsi, du 18 mai au 15 juin 2020, les États insulaires ont vu leur nombre d’escales se réduire de 20%. Par ailleurs, les gouvernements locaux ont imposé des restrictions sur les escales (fermeture du port, restrictions dans les déplacements inter-îles et période de quarantaine pour les navires selon leur origine et leur temps entre deux escales). Des éléments qui ont amené des armateurs à annuler leurs escales dans ces ports.

Se tourner vers l’autosuffisance

Pour les EIVD, la crise sanitaire a eu pour effet de faire monter les taux de fret par des surcharges pour desservir ces pays. Mais, les blanks sailings des armateurs a parfois eu des conséquences importantes. Ainsi, des îles de Kiribati ont souffert d’un manque de produits frais et de produits pharmaceutiques en raison des annulations d’escale. « Pour contrer ces effets plusieurs États du Pacifique ont augmenté leur autosuffisance alimentaire en réinitialisant un système de troc. Un nouvel ordre économique qui a montré l’importance de développer les échanges locaux et régionaux ainsi qu’une connexion maritime entre les États pour faciliter le commerce », continue le rapport.

Les effets du changement climatique

De plus, ces États sont aussi en première ligne des victimes du changement climatique. Après la publication de l’édition de la Revue sur les transports maritimes, le représentant de la Barbade aux Nations Unies a rappelé que sur les cinq dernières années, de nombreux pays dans les Caraïbes ont connu des cyclones de catégorie 4 et 5. Dans une telle situation, la survenance d’un cyclone peut amener des interruptions de services en raison des dégâts causés par ces événements. Nous constatons le véritable impact du changement climatique sur nos économies. »

L’intervention des pouvoirs politiques

Pour la Cnuced, les différents corps politiques peuvent intervenir pour éviter des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement de ces îles. La Cnuced propose quatre points sur lesquels le pouvoir politique peut intervenir. En premier lieu, elle propose de favoriser la promotion d’un système maritime inter-régional. Ensuite, elle recommande l’organisation d’un service de transport par un partage des données, la constitution d’un « pool » pour le fret local et d’une coopération transnationale auprès des services maritimes. Encore, la digitalisation, la simplification et la rationalisation des échanges doit pouvoir participer à la réduction des coûts de transport pour ces États. Enfin, la Cnuced propose que ces gouvernements adoptent et investissent dans des nouvelles technologies pour leurs ports, le transit et les administrations douanières.

Développer l’économie bleue

Outre ces aspects économiques sur la desserte et la connectivité de ces îles, la Cnuced propose plusieurs mesures pour développer l’économie bleue locale, source d’emplois et de meilleure gestion des ressources. Parce que ces États sont en première ligne du changement climatique, ils doivent mener une politique forte vers la décarbonation du transport maritime, selon la Cnuced. Cela signifie des investissements dans des infrastructures de transports décarbonées, mettre en place la promotion d’un transport maritime plus durable et accélérer la mise en place des nouvelles technologies, notamment pour les navires inscrits au pavillon de ces îles.