Prospectives

Emmanuel Dupuy, président de l’IPSE : « On parle d’une extension possible de l’opération maritime européenne EUNavfor »

Après l’attaque dans la ville portuaire de Palma, au Mozambique, la situation semble se tendre dans la région. Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), revient sur la situation sécuritaire et les conséquences politiques et économiques.

Ports et Corridors : L’attaque du groupe armé dans la ville de Palma, au Mozambique, est intervenue alors que d’autres événements sont survenus plus tôt dans l’année. Pensez-vous que la menace est récente ?

Emmanuel Dupuy, président de l’IPSE (Institut Prospective et Sécurité en Europe). © DR

Emmanuel Dupuy : La conquête par le mouvement Al-Shabab (« les jeunes » en arabe) du port de Palma, au nord-est du Mozambique, dans la région de Cabo Delgado, semble avoir pris la communauté internationale par surprise.

Pourtant, depuis octobre 2017, ce groupe armé terroriste (GAT) d’inspiration djihadiste, était devenu un sujet de préoccupation grandissant. L’ONG américaine, Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled) a estimé, en mars, que de 2 000 à 2 500 personnes (dont 1 300 civils) sont mortes dans le cadre d’attaques incessantes menées dans cette région depuis 2017. L’Acled précise que sur près de 600 attaques recensées depuis 2017, 90% sont attribuables aux Shababs.

Plus de 535 000 personnes déplacées

Pour revenir plus précisément sur l’attaque de Palma, elle aurait ainsi avoir causé la mort de 57 personnes, dont 7 ressortissants étrangers, et provoqué le déplacement de près de 13 000 personnes vers les localités de Nangade, Pemba, Quitunda, Mueda ou la Tanzanie voisine.

Ceux-ci viennent rejoindre les 535 000 à 670 000 mozambicains ayant fui précédemment la région, selon plusieurs sources, dont l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), le Bureau onusien de la coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) ou encore le Programme Alimentaire Mondial (PAM).

P&C : Le Mozambique est une ancienne colonie portugaise. La France a des intérêts stratégiques dans cette partie du monde ?

E.D : Bien que le Mozambique, indépendant depuis seulement 1975, soit une ancienne colonie portugaise depuis 1498, la France n’est pas pour autant désintéressée. C’est en effet, dans le Canal du Mozambique que Paris entend rester ferme et déterminée à protéger la souveraineté de ses cinq Îles Éparses (archipel des Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India et Tromelin) et de l’immense Zone Economique Exclusive (ZEE) et plateau continental attenant (640 000 Km2) soit deux fois celui de la France hexagonale.

Opportunisme ou stratégie délibérée visant les intérêts étrangers ?

C’est, également dans cette prometteuse partie australe de l’Océan Indien que la France possède de solides arguments militaires, grâce à ses deux départements de Mayotte et de La Réunion et les quelque  2000 forces de souveraineté qui s’y déploient par le truchement de ses Forces Armées de la Zone Sud de l’Océan Indien (FAZSOI), ses cinq navires (notamment ses deux frégates et deux patrouilleurs), ses deux avions de transport et deux hélicoptères.

P&C : La présence territoriale française est indéniable dans la partie australe de l’Océan indien. Outre cette présence militaire et politique, la France regarde aussi avec attention le potentiel gazier des champs du canal du Mozambique. Est-ce une raison de l’effet produit à Paris par l’attaque de Palma ?

E.D : En effet, de nombreuses spéculations sont apparues quant au rôle que Paris devrait y jouer, notamment eu égard au fait que c’est dans cette riche région gazière du Nord-Est du pays, troisième réserve gazière africaine après le Nigéria et l’Algérie, plus précisément au large de ses côtes et celles de Tanzanie, sur le bassin gazier de Rovuma, que s’y déploient de nombreuses compagnies pétrolières, dont l’américaine Exxon associée à l’italienne ENI sur les blocs 4 (Coral South project, dont rien que la production pourrait avoisiner les 3,5M m 3 par an) ainsi que la française Total, sur le bloc 1. Cependant, Exxon et ENI semblent avoir pris plus prudemment la décision de reporter leur investissement, tandis que Total escomptait ouvrir ses activités, quelques jours après l’attaque contre Palma.

P&C : Quelles sont les projets de Total dans la région ?
E.D : Le groupe pétrolier et gazier français entend y développer ses deux mégas usines de gaz naturel liquéfié (GNL) et ses deux trains de liquéfactions dans la péninsule d’Afungi, précisément, à 25 km de la ville de Palma, passée aux mains des Shababs mozambicains, puis désormais libérée par les forces armées mozambicaines.

Projet de terminal LNG de Total au Mozambique dans la région de Palma. © Total

D’un montant de 23 Md$, pour une production annuelle de 13,12 Mt GNL, prévue d’ici 2024, il s’agit, là, du plus important investissement étranger dans le pays et du plus gros projet de Total dans le monde. L’on y estime les réserves off-shore à 5000 Md de m3 de gaz.

Le 4è exportateur de GNL au monde

Le pays sera, avec la découverte de 160 000 M de pieds cubes, un des principaux producteurs de GNL, d’ici une vingtaine d’années. En développant cette gigantesque manne gazière, le Mozambique deviendrait ainsi le 4eme exportateur de GNL (après les USA, le Qatar, l’Australie), avec une production qui devrait atteindre les 2/3 de celle du Qatar, en 2030. Avec des recettes fiscales annuelles équivalentes à 3 Md $ par an, le Mozambique verrait ainsi son budget être multiplié par deux. On évoque ainsi le montant de 100 Md $ sur 25 ans !

Dans le même temps, le produit national brut (PNB) par habitant du Mozambique y est le plus faible du continent africain, où 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (1,9 $ soit environ 1,7 € par jour).

P&C : Total et le gouvernement ont pris des mesures après l’attaque de Palma ?

E.D : Après l’attaque de Palma et de sa libération qui a suivie quelques jours plus tard par les forces armées mozambicaines, Total a décidé de fermer son site et de rapatrier tous ses employés vers Mayotte et Maputo.
Nul étonnement, dès lors, que le Président de la République, Emmanuel Macron, ait, à travers un récent tweet, rappelé à la suite d’une précédente attaque que « le terrorisme islamiste est une menace internationale, qui appelle une réponse internationale ». L’Union africaine a appelé, quant à elle, à « une action régionale et internationale urgente ».

Une internationalisation inévitable, en écho à une faible mobilisation régionale

P&C : Avec l’événement de Palma se profile une déstabilisation sécuritaire de la région. Comment réagissent les gouvernements des pays voisins ?

E.D : La prise de conscience de la dangerosité de l’ancrage de ce nouveau foyer terroriste en Afrique orientale et australe reste néanmoins balbutiante. L’Afrique du Sud, qui craint une extension de la menace, et le Portugal, ont récemment confirmé collaborer ensemble, en vue d’une éventuelle mobilisation de la Communauté de développement de l’Afrique australe (Southern African Development Community – SADC).

Un Sommet des 16 chefs d’état qui la compose est prévue, à cet effet, le 29 avril prochain. Sans attendre, cette réunion, le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, a d’ores et déjà indiqué que la Force d’intervention de la SADC devrait être prochainement déployée. Il n’en fallait pas plus pour que les très mauvais souvenirs de la précédente intervention des troupes zimbabwéennes au Mozambique dans les années 1985-1990, ressurgissent.

Tensions politiques régionales

Le président mozambicain se montre ainsi peu enclin de confirmer, au vu et au su de ses voisins, le sous-équipement criant de ses forces armées, par rapport à celles, nettement plus opérationnelles du Botswana. Gaborone, la capitale du Botswana, ne manquerait pas de revendiquer le leadership opérationnel d’une telle éventuelle opération militaire de la SADC. Les autorités mozambicaines se sont ainsi montrées peu enclines à favoriser la présence d’observateurs internationaux dans la région du nord-est du pays. Cela fait ainsi quatre mois que l’ONU se voit systématiquement refuser l’obtention de visas pour plusieurs de ses personnels.

Par ailleurs, la relation est particulièrement tendue entre les différents présidents tanzaniens et mozambicains, depuis une vingtaine d’années. La franche hostilité entre le tanzanien, Jakaya Kikwete (président de Tanzanie de 2005-2015) et son homologue mozambicain Armando Guebuza (président du Mozambique de 2005-2015), s’est poursuivie avec leurs successeurs, John Magufuli et Felipe Nyusi. Il faudra porter attention à l’attitude de la nouvelle présidente Samia Suluhu Hassan, présidente élue de Tanzanie depuis le 19 mars, prompte à s’offusquer d’une exploitation gazière sur le bassin de Rivuma, mitoyen des deux ZEE, qui occulte, pourtant les demandes d’exploitation off-shore partagées.

P&C : La situation paraît bloquée ?

E.D : Pour pallier ce blocage régional, le Portugal a ainsi décidé l’envoi, en urgence, de 50 à 60 militaires pour aider le Mozambique. Le pays semble incapable de faire face seule aux djihadistes. Tout juste, convient-il de constater que les Forças Armadas de Defesa de Moçambique, très vite débordées, ont pu bénéficier de l’apport en « sous-traitance », des sociétés militaires privées russe, Wagner et sud-africaine, Dyck Advisory Group (DAG). Ce sont, du reste, les trois hélicoptères légers de combat de DAG qui ont permis de chasser les Shabab de Palma. Les rares ONG autorisées sur la zone n’hésitent cependant pas à pointer du doigt les exactions dont les mercenaires sud-africains seraient responsables.

L’urgence d’une mobilisation internationale

Les récentes attaques qui ont endeuillées les populations autour des localités de Palma et précédemment, de Pemba, d’Aldeia da Paz et de Mocimboa de Praia, tendent à démontrer l’urgence d’une mobilisation internationale pour faire face à cette nouvelle résurgence australe de Daesh.

Il y a, en effet urgence, comme ne cesse de le rappeler les membres de la Communauté de Sant’Egidio, qui précisent que les terroristes du mouvement Ansar Al-Sunna, sont des islamistes kenyans venus s’installer en Tanzanie en 2015 puis chassés en 2017. Ceux-ci sévissent désormais, plus au sud, dans la région septentrionale du Mozambique. Ceux-ci sont désormais appelés l’État Islamique de la « province d’Afrique centrale » (ISCAP, Islamic State Central Africa Province) et entendent maintenant instaurer la Charia dans l’ensemble du pays.

Combattre Daesh sur le continent africain

P&C : Vous parlez des relations des Européens avec les États de la région. Le djihadisme est-il le seul vecteur de l’insurrection ?

E.D : La nouvelle administration Biden vient de classer, le 10 mars dernier, du reste, l’ISCAP, Ansar Al-Sunna et le mouvement d’origine ougandaise des Forces Démocratiques Alliées (ADF), parfois appelées Madina at Tauheed Wau Mujahedeen, agissant à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) dans le Nord-Kivu et l’Ituri, comme des organisations terroristes affiliées à Daesh. L’ISCAP, par la voix de son chef, Abu Yasir Hassan, avait, du reste, déclaré son allégeance à l’Etat Islamique, en avril 2019. C’est en août de la même année, que l’EI reconnaissait cette affiliation.

L’envoyé spécial de la Coalition mondiale contre Daesh, John T. Godfrey a enfoncé le clou, en déclarant qu’il « s’agissait désormais de combattre Daesh sur le continent africain ».

Beaucoup spéculent, néanmoins, sur l’opportunité d’une telle décision. Certains y voient une précipitation intéressée de Washington. En effet, la qualification des Shababs mozambicains en organisation terroriste liée à Daesh ferme la porte à toute négociation avec ces groupes armés. Ce processus ressemble, d’ailleurs, à ce qui s’était passé, à partir des années 2004-2005, au Nigéria, dans la région du Delta du fleuve Niger, là où Shell, Total, les sociétés italiennes ENI et AGIP, opéraient également, face à une insurrection armée.

Cette décision américaine arrange, du reste, Maputo. De nombreuses zones d’ombres sont apparues, récemment, quant à une possible collusion entre services de renseignement mozambicain et les Shabab (ISCAP), à l’aune d’un hiatus de plus en évident entre l’État-major des Forças Armadas de Defesa de Moçambique et la Présidence.

Inimité religieuse entre candidats à l’élection présidentielle de 2019

L’inimitié notoire entre le président Felipe Nyusi, chrétien issu de l’ethnie Makone, originaire du Cabo Delgado, et l’ancien ministre de la Défense, Alberto Chipande, lui-même aussi originaire du Cabo Delgado, conforte un agenda politique des forces armées qui remonte aux premières heures de l’indépendance. Le fait que le président Felipe Nyusi, issu du Frelimo, soit chrétien et que son adversaire du Renamo, lors de la dernière élection présidentielle de 2019, Ossufo Momade ait été musulman, n’est pas un fait anodin, non plus.

Il convient, en effet, de se rappeler que la création du Front de Libération du Mozambique (Frelimo) en 1962, advient aussi dans le contexte du prosélytisme marxiste, qui aboutit à la Révolution portugaise des Œillets, qui chassa du pouvoir, le 25 avril 1974, Antonio de Oliveira Salazar et porta au pouvoir des militaires hostiles à la colonisation lusophone. Ce sont ces derniers qui ont « porté » le Frelimo, arrivé au pouvoir après une guerre civile qui provoqua, entre 1977 et 1992, le décès de 900 000 personnes.

Le Mozambique est faiblement doté en matériel

Il faut aussi se souvenir que, contrairement à l’Angola, le Mozambique et le Zimbabwe étaient davantage dans la sphère d’influence de la Chine maoïste que de celle de l’URSS marxiste. Depuis la fin de la guerre civile, le Frelimo, encore au pouvoir, estime que le pays lui appartient littéralement !

Or, les forces armées mozambicaines sont faiblement dotées en matériel lui permettant de mener des opérations de contre-insurrection (COIN) face à l’ISCAP, faiblement armé, mais agile et mobile. Les Forças Armadas de Defesa de Moçambique ne peuvent ainsi bénéficier que de deux hélicoptères de combat Mi-24 !

Pourtant, malgré une mobilisation sans faille du Pape, qui s’est rendu, au Mozambique, en septembre 2019, l’appel à l’aide régionale et internationale du président Felipe Nyusi, n’a pourtant guère été entendue.

P&C : Dans ce contexte, quel rôle vont jouer l’Union européenne, le Portugal, voire la France ?

E.D : Réélu, dès le premier tour, en octobre 2019, le président mozambicain a encore renouvelé son incantation en faveur d’une plus forte coopération sécuritaire, à l’aune de la présidence semestrielle de l’UE, assumée, depuis le 1er janvier dernier, par son ancienne puissance colonisatrice, le Portugal. Si le président mozambicain craint et fait tout pour repousser une intervention régionale émanant de la SADC, il pourrait nettement bénéficier d’une mobilisation européenne, en faveur de la formation de ses forces armées.

Présence de militaires portugais

Le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa et le premier ministre, Antonio Costa, ont proposé l’aide sécuritaire du Portugal, en décidant d’envoyer 50 à 60 militaires chargés de former les forces spéciales mozambicaines. Les fusiliers-marins mozambicains sont déjà formés, depuis le 15 mars dernier, par la douzaine de Rangers et bérets-verts américains envoyés par Donald Trump et confirmés par la nouvelle administration Biden.

Cette présence « symbolique » des militaires portugais pourrait préfigurer, du reste, une action plus structurée de l’Union européenne. La réunion des 27 ambassadeurs du Comité politique et de sécurité (COPS) du Conseil de l’UE, le 31 mars dernier, semble ainsi ouvrir la voie à une nouvelle mission de formation et d’entrainement (EUTM) sur le modèle de celles existantes au Mali et en République Centrafricaine.

France, Suède et Espagne enverraient des hommes

On évoque déjà l’accord de la France, de la Suède, de l’Espagne pour l’envoi de 120 à 150 hommes, en vue de la formation de 5 000 à 6 000 militaires parmi les 12 000 qui composent les forces armées mozambicaines. On parle, également, d’une extension de l’opération maritime européenne EUNAVFOR Atalanta, des côtes de la Somalie, jusqu’à celles de la Tanzanie et du Mozambique.

P&C : Sans vouloir aller trop loin, la situation au Mozambique ressemble étrangement à celle qui se déroule au Sahel. Imaginez-vous que la région puisse aller vers une sahélisation de ce conflit ?

E.D : La dernière réunion des ministres de la Défense des 30 membres de l’OTAN, a également permis à la ministre de la Défense française, Florence Parly et à son homologue portugais, Joao Gomes Gravinho d’évoquer quelques pistes d’actions communes pour tenter d’éviter une « sahélisation » de l’ISCAP et d’aider le Mozambique à lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent. L’ancien Secrétaire général de la SADC, le mozambicain, Tomaz Augusta Salomao est venu prévenir, dimanche 11 avril dernier, de ce risque de « sahélisation », via les ondes de la Telivisao de Moçambique.

Retour d’ascenceur de la France au Portugal

Les similitudes peuvent paraître spécieuses entre les deux théâtres d’action des mouvements djihadistes qui s’y déploient. Les Portugais étant très actifs au Sahel, aux côtés des éléments français et autres partenaires européens (au sein de la montée en puissance de la Task Force Takuba, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali – Minusma), de l’European Union Training Mission – EUTM-Mali), il ne serait pas illogique que Lisbonne trouve légitime que la France puisse accompagner, en retour, l’agenda de stabilisation que le Portugal pourrait être amené à mener au Mozambique.

Pourtant, l’absence paradoxale d’État dans une région éloignée de 2 000 km de la capitale Maputo, et pourtant potentiellement poumon futur du développement économique du pays; de possibles collusions entre groupes armés et éléments des forces armées sur fond d’économie parallèle ; l’insuffisante montée en puissance des forces africaines en attente au niveau régional ; l’externalisation de la sécurité à des acteurs étrangers ; la porosité des frontières bénéficiant aux djihadistes ; ainsi que la dimension transfrontalière du rayonnement des actions de l’ISCAP, de part et d’autre de la frontière entre la Tanzanie et le Mozambique, offre nombres de similitudes avec le modèle de l’enkystement des GAT dans la région des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso) ou encore dans la région du Lac Tchad et de la Forêt de Sambisa (Nord-est du Nigéria), de la région camerounaise de l’Extrême Nord, et de Diffa, au Sud-est du Niger.

Il faut agir vite

La dynamique complexe qui semble caractériser dorénavant l’ancrage durable des organisations terroristes dans les périphéries des États fragiles du continent va aussi de pair avec l’endogénéisation d’opportunité de ses combattants. Au Cabo Delgado, la plupart d’entre eux sont issus de la communauté Mwani, à dominante musulmane, se sentant marginalisée, favorise, de facto, une forte radicalisation de cette jeunesse désœuvrée, dans un pays où 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Pour éviter qu’une telle contagion se reproduise qui risque de contaminer l’Afrique australe, comme auparavant les parties septentrionales de la rive orientale du continent (Somalie, Kenya), il faut agir vite, avant qu’il ne soit trop tard et qu’un nouveau front anti-terroriste ne doive mobiliser la communauté internationale, huit ans après avoir dû le faire dans la bande sahélo-saharienne.