Conteneurs: le port de Yantian donne le double effet du canal de Suez
Dans un contexte de reprise économique, le blocage du port de Yantian pour des raisons sanitaires étire les effets du blocage du canal de Suez.
À croire que la reprise économique tant attendue après la crise sanitaire va devoir se faire en relevant des défis inattendus. Et pourtant, selon la Banque mondiale, l’économie s’affiche en croissance.
Une croissance de 5,6%
Dans sa dernière analyse, la Banque Mondiale estime que la croissance mondiale devrait atteindre 5,6%. Une croissance tirée par les économies américaine et chinoise. La progression des économies doit néanmoins prendre en compte l’état actuel de la crise sanitaire. Des poches de contamination continuent dans certaines parties du monde, explique la Banque mondiale.
Chine: une augmentation de 8,5%
Selon l’institution financière internationale, la Chine devrait voir son économie augmenter de 8,5% en 2021. Un chiffre élevé puisqu’en 2020, la Chine a ralenti sa progression mais n’est pas entrée, comme les autres pays, dans une phase de récession. Du côté des pays émergents, la Banque mondiale évalue aux environs de 6% la croissance économique, « aidée en cela par la hausse des prix des matières premières et une demande accrue « .
Des conditions de réalisation
Dans son analyse, la banque mondiale pose une condition à la réalisation de ce scénario. La vaccination doit suivre son cours, d’une part. Ensuite, les poches de résurgence de contamination commencent à se faire jour. En effet, dans le sud de la Chine, à Yantian, le terminal à conteneurs a vu une partie de ses salariés touchés par la Covid 19. Des mesures sanitaires strictes ont été prises par les autorités locales pour éviter de retrouver une pandémie.
Des conséquences plus lourdes que Suez
Or, cette « nouvelle vague » de la crise sanitaire produit de nouveaux effets sur le monde conteneurisé. Dans sa newsletter du 9 juin, Ovrsea estime que le blocage partiel du terminal à conteneurs de Yantian n’a pas fini de produire des effets. « Le cabinet de conseil Vespucci Maritime a calculé qu’il aurait des conséquences plus lourdes que le blocage du canal de Suez en mars. YICT assure l’expédition d’un tiers du commerce extérieur du Guangdong et d’un quart du commerce de la Chine vers les États-Unis. Or, sa productivité est tombée à 30 % de son niveau habituel. L’arriéré de conteneurs en attente a même été jugé « astronomique » par des observateurs », indique Ovrsea.
Report de trafic compliqué
Le report de trafic sur d’autres terminaux paraît difficile. La croissance économique a déjà créé un afflux massif de marchandises sur les autres ports. Ajouter du trafic supplémentaire en raison du ralentissement de Yantian pourrait reporter une partie de la congestion d’un port à l’autre. « L’aggravation du problème de congestion des ports de la Chine du Sud est en passe de devenir le dernier perturbateur majeur et un nouveau goulot d’étranglement pour le secteur du transport maritime de conteneurs », estime un expert de chez Jefferies, à Hong Kong.
Asie-Europe: concurrence avec le ferroviaire
Ce nouveau caillou dans la chaussure de la croissance économique se reporte inévitablement sur les taux de fret. Selon Ovrsea, un conteneur 40’ de Chine en Europe se négocie aujourd’hui aux environs de 12 000$. Or dans le même temps, les Nouvelles Routes de la Soie continuent de croître. Jusqu’à présent le choix entre le maritime et le ferroviaire sur l’Europe se faisait pour des considérations de prix. Un choix qui prend un peu de poids en faveur du ferroviaire. Autre élément important. Avec un temps de transport de 11 jours entre le centre de la Chine, Xian, et Paris, le ferroviaire ne pourrait-il pas devenir un choix pour les marchandises de valeur?
Repenser l’économie du liner
Pour de nombreux observateurs, le maritime pourrait devenir le transporteur des marchandises à faible valeur, laissant au ferroviaire le fret plus cher. Si la bascule en ce sens devait survenir, c’est une nouvelle façon de repenser l’économie du liner qu’il faudra envisager dans un terme plus ou moins court.